En 2021, comme en 2020, sceneweb n’a cessé de paraitre tous les jours, même lorsque les salles étaient fermées au public, pour continuer de vous informer sur la situation du spectacle vivant. Cette année 2021, l’équipe s’est enrichie de nouvelles plumes afin d’accroître notre surface éditoriale, une richesse supplémentaire pour continuer d’aiguiser la curiosité de notre journal. Voici le palmarès 2021 de l’équipe.
Le palmarès de Vincent Bouquet
2021 restera dans les annales comme l’année de tous les excès, du sevrage le plus dur jusqu’à la mi-mai à la déferlante hypertrophiée du dernier trimestre. Alors que d’aucuns anticipaient un changement des modes de fonctionnement, le monde du théâtre est finalement reparti comme en 40, avec son lot de retours en grâce et de belles surprises, de consécrations et de découvertes. A commencer par la troupe du Nouveau Théâtre Populaire qui, à l’occasion d’une nuit avignonnaise aussi longue qu’endiablée, a pris le public de court en faisant turbuler trois pièces de Molière (Le Tartuffe, Dom Juan, Psyché) pour créer Le Ciel, la Nuit et la Fête et s’imposer comme l’un des collectifs les plus prometteurs du moment. Quelques jours plus tôt, alors que Théo Mercier émerveillait les visiteurs de la Collection Lambert avec son exposition-performance Outremonde, Angélica Liddell avait, elle aussi, surpris son monde en signant, avec Liebestod, son spectacle le plus inspiré, et magistral, depuis La Casa de la fuerza. Autre consécration avignonnaise, celle de Nathalie Béasse qui, pour sa première fois au Festival, a enchanté les spectateurs avec Ceux-qui-vont-contre-le-vent, avant de partir en itinérance dans les petits villages alsaciens avec son remarquable Nous revivrons, inspiré par L’Homme des bois de Tchekhov. Du côté des comédien·ne·s, l’expérience l’a, comme toujours, disputé aux révélations. Tandis qu’au Théâtre de La Colline, André Marcon et Aïda Sabra se sont respectivement illustrés dans Anne-Marie la Beauté de Yasmina Reza et dans Mère de Wajdi Mouawad, Suzanne de Baecque et Cyril Metzger, tous deux anciens élèves de l’Ecole du Théâtre du Nord, ont, dans des styles très différents, fait rayonner Marivaux (La Seconde surprise de l’amour) et Lars Norén (Kliniken). Prouvant que les histoires et les récits ont, quoi qu’on en dise, toujours autant de pertinence, Marc Lainé s’est, quant à lui, distingué en tant qu’auteur avec ses deux belles pièces aux confins de l’intime et du politique, Nos paysages mineurs et Nosztalgia Express.
Meilleur spectacle de théâtre : Le Ciel, la Nuit et la Fête du Nouveau Théâtre Populaire (Festival d’Avignon)
Meilleur spectacle étranger : Liebestod d’Angélica Liddell (Festival d’Avignon)
Meilleur·e metteur·euse en scène : Nathalie Béasse pour Ceux-qui-vont-contre-le-vent (Festival d’Avignon) et Nous revivrons (Comédie de Colmar)
Meilleur comédien : André Marcon dans Anne-Marie la Beauté de Yasmina Reza (La Colline)
Meilleure comédienne : Aïda Sabra dans Mère de Wajdi Mouwad (La Colline)
Révélations : Suzanne de Baecque dans La Seconde surprise de l’amour de Marivaux, mise en scène Alain Françon (Théâtre du Nord) ; Cyril Metzger dans Kliniken de Lars Norén, mise en scène Julie Duclos (Théâtre National de Bretagne)
Meilleur auteur : Marc Lainé pour Nos paysages mineurs (Comédie de Valence) et Nosztalgia Express (Comédie de Béthune)
Mention spéciale pour Outremonde de Théo Mercier (Festival d’Avignon)
Le palmarès de Christophe Candoni
Fermés au public en raison du contexte pandémique, les théâtres ne restaient pas moins actifs dès le début de l’année 2021, moment où s’est aussitôt distinguée la création de Tropique de la violence dans une adaptation et une mise en scène d’Alexandre Zeff d’après le roman de Nathacha Appanah au TCI. Un écrin scénographique de toute beauté soutenait une interprétation intensément physique et organique du livre admirablement porté au plateau. D’autres bouleversants spectacles ont mis du temps à rencontrer leur public car également perturbés par la crise sanitaire. Très attendu, L’Étang de Gisèle Vienne a magnifiquement plongé les spectateurs du festival d’automne dans les eaux troubles de la violence intime et indicible de Robert Walser transcendée par Adèle Haenel, stupéfiante en adolescente androgyne. Aux antipodes des couleurs pop acidulées de cette proposition, c’est dans l’obscurité fauve et menaçante de la nuit koltésienne que Jean-Christophe Folly, mis en scène par Matthieu Cruciani, a incarné le verbe brut et dru, totalement exalté et sans compromis de La Nuit juste avant les forêts à Colmar puis Paris. Autre parole puissante et engagée : celle de Léonora Miano s’est fait entendre grâce à Stanislas Nordey et une jeune distribution Afropéenne dans Ce qu’il faut dire au TNS. Avec l’exigence et l’intransigeance qu’on lui connaît, Sylvain Creuzevault a clôturé son exploration sisyphéenne de l’œuvre de Dostoïevski avec une magistrale version des Frères Karamazov à l’Odéon. Le metteur en scène et sa fidèle troupe d’acteurs de très haute volée ont dynamité les déchirements intérieurs des personnages. A Avignon, le réalisateur Kornel Mundruczo a confirmé l’importance de son geste théâtral à l’hyperréalisme cinématographique et la minutie de sa direction d’acteurs acérée en exacerbant la force et la fragilité de sa comédienne Justyna Wasilewska en état de grâce dans Une Femme en pièces. Côté danse, Lia Rodrigues a signé un mémorable et virtuose carnaval joyeusement sensuel et transgressif avec Encantado. Sur la scène musicale, Gustavo Dudamel, nouveau directeur musical de l’Opéra de Paris est forcément la personnalité de l’année. Il a ouvert son mandat en faisant rayonner son orchestre dans les effusions sonores de Turandot de Puccini avant de s’attaquer à Mozart fin janvier. La compositrice finlandaise Kaija Saariaho a présenté son cinquième opéra mis en scène par Simon Stone, Innocence, dont l’intensité musicale et théâtrale a produit un véritable choc au festival d’Aix-en-Provence. L’année s’est terminée en suée et en beauté à l’Opéra Comique où Pene Pati et Perrine Madoeuf ont remplacé au pied levé les solistes titulaires des deux rôles titres dans Roméo et Juliette de Gounod et ont embrasé la salle conquise. Avec Aria da capo, Séverine Chavrier a révélé un quatuor de très jeunes adolescents hyper attachants célébrant avec humour et impertinence leur désir d’art et de vie.
Meilleur spectacle de théâtre : Les Frères Karamazov de Sylvain Creuzevault
Meilleur spectacle de danse : Encantado de Lia Rodrigues
Meilleur spectacle d’opéra : Innocence de Kaija Saariaho
Meilleur spectacle étranger : Une femme en pièces de Kornel Mundruczo
Meilleur metteur en scène et scénographie : Alexandre Zeff et Benjamin Gabrié pour Tropique de la violence
Meilleur comédien : Jean-Christophe Folly dans La Nuit juste avant les forêts
Meilleure comédienne : Adèle Haenel dans L’Étang
Révélations : Guilain Desenclos, Victor Gadin, Adèle Joulin, Areski Moreira dans Aria da Capo de Séverine Chavrier
Meilleur autrice : Léonora Miano pour Ce qu’il faut dire
Le palmarès d’Eric Demey
En 2021, Covid au programme, dans les corps, les esprits, les médias et comme lunettes à travers lesquelles on regarde le monde. Grille de lecture aussi de ce coup d’œil dans le rétro. De ce point de vue, palme d’or à Virus de Yan Duyvendak qui, de mèche avec l’OMS, avait anticipé – à la différence notable de notre gouvernement – l’inévitable survenue d’une pandémie du genre Covid et en avait fait un spectacle sous forme de jeu interactif consistant à prendre les meilleures décisions afin de la contrecarrer. Performance incontestablement visionnaire. Autre artiste que l’on sent dotée d’un sacré sens de l’anticipation, Marion Siéfert avait elle organisé son génial Jeanne Dark en duplex sur Instagram bien avant qu’artistes et théâtres se mettent à paniquer pour trouver de nouveaux moyens de diffusion, fermeture des salles oblige. Un dispositif passionnant qui faisait bouillonner le cerveau autour de la nature du théâtre et de son devenir dans notre futur numérique. Écran toujours, parce qu’il vaut la meilleure des comédies dramatiques américaines du genre feel good, Féminines de Pauline Bureau a ravi bien des spectateurs (dont nous avons fait partie) via la scène ou la captation. Retour à l’âpre réel, quand le jour d’après pointa son nez, à défaut du monde d’après, on découvrit que François Hien faisait brillamment résonner La Faute avec le procès des attentats de novembre 2015 et La Honte avec les interrogations les plus complexes sur la zone grise du consentement. Écriture des complexités de l’âme humaine et des structures sociales pour un monde qui se contente trop souvent de réfléchir en vitesse. Le théâtre peut éclairer puissamment le présent, que ce soit en traitant l’aujourd’hui ou l’éternel tragique. Gwenaël Morin nous a, de ce côté, une fois de plus démontré avec son Andromaque à l’infini que la tragédie de Racine pouvait être déboulonnée, contemporaine et magnifiée en même temps.
Spectacle prophétique : Virus de Yan Duyvendak
Spectacle anticipateur : Jeanne Dark de Marion Siéfert
Spectacle réparateur : Féminines de Pauline Bureau
Auteur qui éclaire le présent : François Hien (La Honte et La Faute)
Metteur en scène qui t’étonnera toujours : Gwenaël Morin (Andromaque à l’infini)
Le palmarès d’Igor Hansen-Love
Notre sensibilité fut tiraillée cette année, à l’extrême ! Entre ce grand classique qu’est le Bourgeois Gentilhomme revisité par Christian Hecq – un sommet d’inventivité, de finesse et de drôlerie – et cette Carte noire nommée Désir, ultra-contemporaine, signée Rébecca Chaillon, – un coup de poing féministe et punk, à l’actualité vibrante et au courage revigorant -. Un monde sépare ces spectacles : on aima les deux, chacun à sa façon. Ballotté, aussi, entre l’écriture sociale et jamais surplombante de l’Anglais Alexander Zeldin et son Faith Hote and Charity, mais aussi pour les compositions acrobatiques de Phia Ménard avec La Trilogie des contes immoraux ; poésie textuelle contre poésie visuelle… L’endroit et l’envers des planches… Et enfin, partagé entre le talent de la jeune Franco-suisse Maryse Estier qui nous fit découvrir L’Aiglon, pièce oubliée d’Edmond Rostand, et le Guinéen Hakim Bah révélant son théâtre sur l’exil avec A bout de sueurs. Ici, là-bas. Hier, aujourd’hui. Difficile de faire un choix, et nous assumons. Et enfin, une déception : Le Passé de Julien Gosselin, tant attendue. Malgré une mise en scène virtuose et une débauche d’effets, le jeune artiste peine à susciter les émotions qui nous firent tant vibrer dans ses premiers spectacles.
Meilleure(s) pièce(s) de théâtre : Le Bourgeois gentilhomme, par Christian Hecq (Comédie-Française) ex aequo avec Carte noire nommée Désir, par Rébecca Chaillon (Manufacture de Nancy)
Meilleure performance : La Trilogie des contes immoraux (pour Europe), par Phia Ménard (Festival d’Avignon)
Meilleure pièce étrangère : Faith Hote and Charity, par Alexander Zeldin (Odéon-Théâtre de l’Europe)
Meilleure(s) découverte(s) : A bout de sueurs, par Hakim Bah et Diane Chevalet (Théâtre Lucernaire) ex aequo avec L’Aiglon, par Maryse Estier (Théâtre Montansier Versailles, Manufacture de Nancy, Poc ! d’Alforville)
Meilleure comédienne : Véronique Vella dans Sept Minutes, par Maëlle Poésy (Comédie-Française)
Meilleur comédien : Vladislav Galard dans Nos Paysages mineurs, par Marc Lainé (Comédie de Valence)
Le palmarès de Philippe Noisette
Les femmes chorégraphes sont partout dans notre classement de l’année. Il faut dire que, de Marlene Monteiro Freitas à Lia Rodrigues, de Alice Ripoll à Dalila Belaza, il y avait matière à se réjouir cette saison. Surtout, elles ont montré que créer pour des effectifs de 10 danseurs ou plus ne leur faisait pas peur. Néanmoins, elles manquent encore au programme de certaines compagnies d’envergure. Peut mieux faire donc. Cette année en pointillé, covid oblige, a révélé la force du collectif en scène, comme dans Encantado (Lia Rodrigues) ou Lavagem (Alice Ripoll), top (Régine Chopinot), Structure Souffle (Myriam Gourfink) ou Static Shot (Maud le Pladec). Des talents neufs émergent, la canadienne Emma Portner, Mellina Boubetra ou Dalila Belaza. Enfin, Marlene Monteiro Freitas aura (une fois de plus) griffé de son talent 2021 avec Mal, Embriaguez Divina. Bonne nouvelle, le Festival d’automne devrait lui consacrer un portrait en 2022.
Meilleure création : Mal Embriaguez Divina
Meilleure compagnie : Lia Rodrigues Companhia de Danças
Meilleur Ballet : Ballet de Lorraine CCN
Meilleure création pour l’écran : The Barre Project William Forsythe
Révélation : Emma Portner, Mellina Boubetra
Meilleur DVD : May B de David Mambouch
Solistes de l’année : Dorothée Gilbert, Dimitris Papaioannou, Rocio Molina
Reprise de l’année : Vortex, Phia Ménard
Déception de l’année : FC Bergman The Sheep Song
Le palmarès d’Anaïs Heluin
Comment partager encore des récits ? Lesquels, et avec qui ? Faut-il le faire sous des formes déjà connues, éprouvées, ou en inventer de nouvelles ? En cette période marquée par la crise sanitaire, ces questions se posent au théâtre avec d’autant plus d’urgence que les modes de production et de diffusion traditionnels sont remis en cause. De formes et propos très divers, les créations qui nous ont passionnées cette saison sont souvent celles qui sont construites autour de ces interrogations. Et celles qui nous ouvrent de nouvelles perspectives, de nouveaux regards sur le monde à un moment où la possibilité de rencontre reste limitée, problématique.
La liberté et ce qui la met à mal sont au cœur de plusieurs pièces des plus stimulantes, qui pour aborder leurs sujets décortiquent voire déconstruisent les mécanismes théâtraux. Dans Laboratoire Poison par exemple, Adeline Rosenstein poursuit ses recherches à la croisée du théâtre documentaire et des sciences sociales pour regarder de près la fabrique de la trahison. Rébecca Chaillon, elle, mêle dans Carte Noire Nommée Désir les langages de la performance, du théâtre, de la musique pour bousculer les regards blancs portés sur les corps noirs. Dans Les Imprudents, Isabelle Lafon livre un portrait toujours en mouvement d’une Marguerite Duras méconnue.
C’est pour le meilleur, et pour le pire, que l’on retrouve Nicolas Bouchaud dans Un vivant qui passe d’après le film éponyme de Claude Lanzmann, où il questionne la notion de regard en portant la parole du délégué de la Croix-Rouge chargé de visiter les camps pendant la Seconde Guerre Mondiale. On y admire une fois de plus sa capacité à créer une qualité de temps particulière, dont il parle dans son livre Sauver le moment, qui nous a permis de renouer avec le mystère du jeu en plein confinement.
Plusieurs artistes venus d’ailleurs plus ou moins lointains nous ont offert ce précieux élargissement de nos horizons intellectuels et esthétiques dont nous parlions plus tôt. Le collectif Fix&Foxy dirigé par le Danois Tue Biering, venu en France pour la première fois avec le spectacle Dark noon, y parvient en détournant le western pour raconter l’Histoire des États-Unis du côté des perdants. Avec Trewa, le Kimvn Teatro dirigé par Paula Gonzalez Seguel témoignait de la lutte de la communauté mapuche au Chili. Tandis que Chrystèle Khodr, dans Augures, portait subtilement à notre connaissance un moment de l’histoire théâtrale de son pays, le Liban. Les luttes d’ailleurs et celles d’hier ont largement fait écho à celles d’ici et d’aujourd’hui.
Meilleurs spectacles de théâtre : Laboratoire Poison d’Adeline Rosenstein (Théâtre Dijon-Bourgogne – CDN) et Carte Noire Nommée Désir de Rébecca Chaillon (La Manufacture – CDN Nancy-Lorraine)
Meilleur spectacle de cirque : L’Enquête de Sébastien Le Guen (Festival Villeneuve-en-scène)
Meilleurs spectacles de marionnettes et d’objets : Le Nécessaire déséquilibre des choses des Anges au Plafond (Festival Mondial des Théâtres de Marionnette) et Natchav des Ombres portées
Meilleures découvertes : Dark noon du collectif Fix&Foxy (Théâtre des Amandiers) et Trewa du Kimvn Teatro
Meilleur·e·s comédien·ne·s : Nicolas Bouchaud dans Un vivant qui passe (Théâtre de la Bastille) et Marie-Sohna Condé et Valérie Bauchaud dans Privés de feuilles, les arbres ne bruissent pas mis en scène par Pascale Henry (Théâtre de Grenoble)
Meilleur·e·s metteur·euse·s en scène : Isabelle Lafon avec Les Imprudents (Printemps des Comédiens) et Chrystèle Khodr avec Augures
Meilleur livre : Sauver le moment de Nicolas Bouchaud (Actes Sud)
Le palmarès de Marie Plantin
Ce fut une année trouée et brinquebalante où le spectacle vivant s’est pris de sacrées trempes, essuyant règles sanitaires contraignantes et fermetures à répétition. Ebranlé dans son ADN même, il a continué à s’inventer en marge des plateaux, dans la fabrique du théâtre. Pour être prêt. A répondre présent au bon moment, à dégainer son panache et sa créativité, à honorer les retrouvailles intensément. Entre temps, des solutions ont été trouvées, des captations partagées, des représentations autorisées aux professionnels du secteur. Et puis le jour est arrivé, où le public, le seul, le vrai, le patient, le fidèle, a pu enfin fouler les gradins. Dans quelques jours, 2021, ce sera l’année dernière. Game over. On n’aura jamais autant compris qu’il n’y a de théâtre que dans la mesure où il est vu, reçu, absorbé, bu, par une assemblée de personnes qu’on nomme spectateurs et que ce rôle n’est pas secondaire, il est nécessaire.
David Bobée, accompagné de la plume de Ronan Chéneau et de trois interprètes galvanisants a défendu avec entrain un spectacle arc-en-ciel, vif et plein d’humour, Ma Couleur préférée, tandis qu’Estelle Meyer poétesse accomplie et chanteuse aguerrie, dans un feu de joie, a livré avec Sous ma robe mon cœur, un spectacle terrien et solaire à la fois. Tout récemment, Un Sacre de Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix dans la mise en scène de Lorraine de Sagazan a fait du plateau un champ de réparation pour âmes blessées. On a découvert cette année, des interprètes éclatants : Yuming Hey, Mowgli léger et virevoltant chez Bob Wilson, Talent Adami chez Pascal Rambert et May Hilaire, son corps souple et longiligne dans le Buster Keaton d’Elise Vigier et Marcial di Fonzo Bo. Mais aussi deux comédiennes transcendées par leur rôle de mère, Aïda Sabra dans Mère de Wajdi Mouawad et Lula Hugot dans Istiqlal de Tamara Al Saadi.
Spectacle coup de cœur intersidéral : Un Sacre de Lorraine de Sagazan et Guillaume Poix, mis en scène par Lorraine de Sagazan
Spectacle musical chamanique : Sous ma robe mon cœur d’Estelle Meyer.
Spectacle jeune public roboratif : Ma Couleur préférée de David Bobée.
Révélation masculine/féminine et vice versa : le délicieux Yuming Hey et la délicieuse May Hilaire
Deux bombes de comédiennes qui jouent des mères mémorables : Aïda Sabra dans Mère de Wajdi Mouawad et Lula dans “Istiqlal” de Tamara Al Saadi.
L’auteur bouleversement : Davide Enia traduit de l’italien par Olivier Favier, pour Abysses, mis en scène avec finesse par Alexandra Tobelaim.
L’ovni ou l’alliance de deux complices d’exception : Crash de Florian Pautasso & Grégoire Schaller, interprété par Stéphanie Aflalo en duo avec une voiture.
La pépite magique : Sur le Carreau d’Yves-Noël Genod parce qu’il est un chef d’orchestre inspiré et inspirant.
La captation opératique qui tue : Actéon mis en scène par Benjamin Lazar avec les sublimes musiciens et chanteurs des Cris de Paris ainsi que la divine Judith Chemla sans oublier Geoffroy Jourdain à la direction musicale.
Mention spéciale à deux spectacles réjouissants et passionnant qui invitent le réel dans leur matrice, drôles et profonds à la fois : Gardien Party de Mohamed El Khatib et Que faut-il dire aux hommes ? de Didier Ruiz
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