Dans Nosztalgia Express je souhaite mélanger les genres, les registres et les émotions, pouvoir passer du drame à la comédie, m’amuser à citer des récits d’espionnage ou des comédies musicales, mais aussi des faits historiques avérés… Je veux que la pièce se transforme en permanence, avec une liberté totale, en assumant une certaine loufoquerie.
Nosztalgia Express sera donc une histoire pleine de rebondissements et de péripéties, une sorte de cavalcade fictionnelle.
Il faut que le spectateur soit en permanence tenu en haleine, que mon histoire ne lui laisse jamais le temps de souffler pour qu’il puisse, comme Danny, croire au récit invraisemblable qu’invente Monsieur Victor. Et si Danny accepte d’y croire et nous avec lui, c’est précisément parce qu’il est invraisemblable: il fallait que cette histoire soit extraordinaire pour pouvoir, en quelque sorte, donner un sens au malheur de cet enfant abandonné.
Au fond, ce qui motive d’abord l’écriture de cette pièce, c’est l’affirmation que la fabrication de la fiction peut combler les gouffres insupportables que l’existence creuse en nous. Inventer des histoires, comme l’enfant le fait pour comprendre le chaos du monde et se le réapproprier en le chargeant de sens, c’est un acte
de survie. Il est parfois indispensable de s’inventer des histoires pour garder espoir.
Le choix des contextes géographiques et historiques de la pièce n’est évidemment pas anodin.
Durant les années qui précédèrent l’insurrection hongroise, les intellectuels français durent faire face à un certain nombre de crises au sein du bloc soviétique qui commencèrent à fissurer
leurs certitudes. La majorité des communistes pourtant accepta sans problème les interprétations qu’en donnait leur direction. Mais la répression de l’insurrection hongroise, qui était la promesse de l’avènement d’un socialisme véritablement démocratique, déclencha une vague de protestations d’intellectuels communistes qui refusèrent d’adopter les positions prises par la direction du Parti Communiste Français, totalement calquées sur celle du Kremlin.
Certains quittèrent alors le Parti, d’autres furent exclus. Et ceux qui firent le choix de rester durent taire leurs critiques.
Ces événements marquèrent la fin des illusions et des aveuglements, volontaires ou non, de toute une part des penseurs et des artistes affiliés au PCF (Sartre, Montand et Signoret, etc).
Le 4 novembre 1956, toute une partie du peuple de gauche devient orphelin de ses idéaux au moment-même où, dans mon histoire, le petit Daniel est abandonné par sa mère.
Ce choix permet donc bien évidemment de faire résonner la grande Histoire avec la fiction intime. C’est surtout une manière de rappeler que nous avons désespérément besoin de récits invraisemblables, d’utopies donc, et que, comme l’histoire inventée par Monsieur Victor, ces utopies peuvent parfois croiser la réalité.
Marc Lainé
Nosztalgia Express
Texte, mise en scène & scénographie:
Marc Lainé
Avec:
Alain Eloy – L’inconnu du train qui roule les «r» et qui se révèlera être Zoltán Kondor
Émilie Franco – Daphné Monrose
Thomas Gonzalez – Hervé Marconi
Léopoldine Hummel – Simone Valentin
François Praud Daniel – «Danny» Valentin (à 10, 21 et 43 ans)
François Sauveur – János Pátkai et quelques autres Hongrois plus ou moins louches
Olivier Werner – Victor Zellinger, dit «Monsieur Victor» (à 45 et 65 ans)
Musique: Emile Sornin (Forever Pavot)
Collaboration artistique: Tünde Deak
Assistanat à la mise en scène: Jean Massé
Collaboration à la scénographie:
Stephan Zimmerli
Assistanat à la scénographie: Anouk Maugein
Costumes: Benjamin Moreau
Lumière: Kevin Briard
Son: Morgan Conan-Guez
Plateau: Farid LaroussiTexte édité chez Actes Sud Papiers
Production: La Boutique Obscure, La Comédie de Valence – Centre dramatique national Drôme-Ardèche
Coproduction: Théâtre de Liège – Centre
scénique de la Fédération WallonieBruxelles; Théâtre de la Ville – Paris, Centre Dramatique National de NormandieRouen; Comédie de Béthune – Centre dramatique National Hauts-de-France; Théâtre National de Bretagne; Les Célestins– Théâtre de Lyon; La Passerelle – scène nationale des Alpes du Sud; La Filature Scène nationale Mulhouse; Comédie – Centre dramatique national de Reims
Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National
Avec le soutien du Carreau du Temple– Accueil studio
Avec le soutien de la DRAC Normandie, ministère de la Culture, de la Région Normandie et du Conseil départemental de l’Orne
Remerciements: Les Indépendances – Clémence Huckel, Colin Pitrat et Florence BourgeonCréation du 19 au 21 janvier 2021
au Centre Dramatique National de Normandie-RouenTournée 20-21
• 27.01 — 29.01.21
La Comédie de Béthune
• 10.02 — 13.02.21
Théâtre National de Bretagne, Rennes
• 16.02 — 19.02.21
Le Grand T, Nantes
• 02.03 — 03.03.21
Théâtre Molière, Sète
• 23.03 — 27.03.21
Célestins, Théâtre de Lyon
• 31.03 — 01.04.21
La Comédie, CDN de Reims
• 08.04 — 17.04.21
Théâtre de la Ville, Paris
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