Les artistes ont patienté 7 mois pour retrouver le public, et n’ont pas arrêté de travailler, de répéter, de se préparer pour cette rentrée printanière 2021 avec leurs équipes. Voici nos 20 têtes d’affiche pour une rentrée particulière.
Tamara Al Saadi autrice et metteuse en scène de Brûlé.e.s dans le cadre du festival A vif au Préau CDN de Vire (du 25 au 29 mai).
Révélée par le Festival Impatience, dont sa première création Place est lauréate en 2018, l’auteure, comédienne et metteure en scène franco-irakienne Tamara Al Saadi questionne avec sa compagnie La Base les mécanismes d’intégration et d’assimilation.
Avec sa forme originale, Brûlé.e.s aborde l’âpreté de l’adolescence et de la violence sociale en nous immergeant dans l’énergie de ses échanges. Bachir, Marwan, Fatou, Reza et Tara se retrouvent enfermés dans leur collège après les cours. Si les quatre premiers font partie de la même bande, ce n’est pas le cas de Tara, traitée comme un bouc émissaire.
Nacera Belaza chorégraphie L’onde à la MC93 (du 20 au 22 mai).
Nacera Belaza aborde de manière frontale la question du rituel qui trouve sa source dans les danses traditionnelles et les pratiques millénaires, mais à sa manière, en plongeant les danseuses dans d’incessantes vibrations et un bain sonore mouvementé.
Comme dans les danses anciennes ritualisées qui la fascinent, où chacun.e engage tout son être, L’Onde unit les danseuses dans un état de communion quasi hypnotique, les enracine, révélant à notre regard une autre manière de percevoir les corps dansants. Une vibration se propage de corps en corps, un frémissement, un mouvement infini.
Naéma Boudoumi autrice et metteuse en scène de Daddy Papillon, la folie de l’exil à La Tempête (du 19 au 23 mai).
Dans Daddy Papillon, la folie de l’exil, Naéma Boudoumi fait appel au cirque, au théâtre et à la danse pour dessiner le monde intérieur d’un immigré.
Avouant être « la fille d’un père sujet à l’hallucination et à la bouffée délirante », l’artiste confirme ce qui n’est dans Daddy Papillon que sous-entendu : la dimension très personnelle de ce spectacle. Son rôle réparateur pour Naéma Boudoumi, qui éclaire sa difficulté à choisir entre un récit linéaire de l’exil et une évocation plus poétique. Entre une histoire ancrée dans le contexte franco-algérien, avec les tragédies et les non-dits que l’on connaît, et une histoire plus ouverte.
Chiara Bersani chorégraphie Seeking Unicorns aux RCI 93 (les 27 et 28 mai).
Chiara Bersani est une artiste italienne travaillant dans le domaine des arts de la scène. Son premier travail chorégraphique, Family Tree, a reçu plusieurs prix, dont le Perspective Dance Award 2011. Atteinte d’une forme modérée d’ostéogenèse imparfaite, elle s’intéresse à la signification politique d’un corps en interaction avec la société, notamment avec la série Political Bodies débutée en 2013.
Dans Seeking Unicorns, performance intense, l’artiste italienne réhabilite la licorne, créature imaginaire et fabuleuse, mais aussi symbole de fragilité et jouet de nos représentations. Chiara Bersani qui mesure 98 cm, fait partie des personnes qu’on appelait jadis les « nains ». C’est terminé : « Je prends la responsabilité de dessiner l’image que le monde aura de moi », affirme-t-elle, dédiant son solo à l’insaisissable figure de la licorne.
Rébecca Chaillon dans Dépressions avec Mélanie Martinez Llense – Les SUBS (du 20 au 22 mai).
Depuis une dizaine d’années, Rébecca Chaillon crée avec sa compagnie Dans Le Ventre des spectacles centrés sur les paroles et les corps féminins. Des performances engagées, féministes et décoloniales.
Pour la réouverture des Subs à Lyon, elle présente avec Mélanie Martinez Llense, Dépressions. Coupé par les vents violents des inégalités qui déferlent dans le monde actuel. Rugir, tonner, se déchaîner, mugir, gronder…Ces X-woMen comptent bien se défaire de l’étranglement dans lequel leur cou est serré. Avec l’audace et la transgression des codes – théâtraux et sociétaux – qui caractérisent leur travail, Rébecca Chaillon et Mélanie Martinez Llense se donnent toutes entières sur scène, n’hésitant pas à mettre leur corps à rude épreuve. Ouragan en prévision !
Céline Champinot met en scène Les Apôtres aux cœurs brisés dans le cadre du Festival Théâtre en Mai au Théâtre Dijon Bourgogne (du 22 au 25 mai).
Dans la continuité des deux premiers volets de sa trilogie, Vivipares (Posthume) et La Bible, vaste entreprise de colonisation d’une planète habitable, Céline Champinot, artiste associée au TDB depuis 2017, secoue les idées reçues et déconstruit les mythologies, avec le ton impertinent et joyeux qu’on lui connaît.
Avec finesse et folie, Les Apôtres aux cœurs brisés bouscule les codes du théâtre, floute les frontières entre les époques et les personnages aux obsessions mystiques. Un spectacle à l’univers pop et décalé porté par cinq prodigieuses comédiennes.
Sonia Chiambretto autrice et metteuse en scène de Paradis au Théâtre Ouvert (du 25 au 27 mai).
Une nouvelle vie débute pour Théâtre Ouvert, dans ses locaux de l’Avenue Gambetta. Jusqu’à la fin juin, la programmation est en accès libre (sur réservation). On pourra y découvrir la nouvelle création de Sonia Chiambretto, Paradis.
Tout a commencé en bas de chez moi. La ville où j’habite accueillait le temps d’un week-end la crème des romanciers à succès. Des micros avaient été installés sur chaque place pour des lectures publiques, ou des entretiens. En marchant, je suis tombée sur un garçon syrien qui voulait prendre la parole. Il ne parlait ni français, ni anglais. J’ai tout de même compris qu’il voulait parler dans un micro. Il préparait sur son ordinateur ce qu’il voulait dire. Il venait de Syrie et c’était un moment de grand chaos. Évidemment il n’a jamais eu le micro. Il ne comprenait pas pourquoi, et moi non plus. C’est le point de départ d’une amitié et d’une enquête rocambolesque : pendant deux ans je me suis acharnée à essayer de sauter par-dessus la barrière de la langue, pour enfin comprendre ce qu’il voulait nous dire ce jour-là.
Tünde Deak met en scène D’un lit l’autre aux Plateaux Sauvages (du 22 au 29 mai).
Tünde Deak a travaillé en résidence la saison passée pour explorer différents enjeux du spectacle avant sa création : aspects littéraires et travail préparatoire pour les créations sonores et vidéos. Une question commune se pose : comment Frida, empêchée, alitée, paralysée peut prendre de la place, sa place, alors même qu’elle ne peut pas bouger ?
Dans D’un lit l’autre, Céline Milliat-Baumgartner incarne une émouvante Frida. Hospitalisée, elle se souvient de sa vie, de ses créations, de chansons qu’elle invente. À ses côtés sur scène, la danseuse et acrobate argentine Victoria Belen lui répond.
Simon Falguières met en scène Le nid de cendres à La Tempête (du 19 au 23 mai).
« Le Nid de cendres est l’histoire d’une rencontre entre mon écriture et une famille de jeunes comédiens talentueux. Elle est écrite pour eux, pour leurs voix ». L’auteur à peine trentenaire s’attache à faire entendre dans sa fable l’écho de notre présent, mêlé aux histoires millénaires des contes. Et embarque le public à chaque représentation dans une fête théâtrale.
Une aventure commencée il y a quatre ans dans la classe libre du cours Florent que le metteur en scène Simon Falguières a intégré à 25 ans parce qu’en tant qu’auteur, il lui manquait de ne pas « jouer ». C’est l’acte théâtral rêvé de dix-sept jeunes artistes qui se retrouvent autour du poème dramatique d’un auteur contemporain et auquel ils travaillent depuis quatre ans.
Marie-Sophie Ferdane dans La 7e vie de Patti Smith au Théâtre 14 (du 1er au 5 juin).
1976. Claudine Galea. Patti Smith. L’une a seize ans, l’autre trente. L’une grandit dans la banlieue de Marseille, l’autre s’émancipe à New-York. L’une dévore la vie, l’autre la cherche. Et soudain une après-midi, sur la côte Bleue, la rencontre arrive immanquablement. La grâce d’une voix traverse le corps de l’autre et à partir de ce jour une histoire va relier ces deux femmes comme deux âmes sœurs.
2008. Pour le raconter, Claudine Galea invente une pièce radiophonique Les 7 vies de Patti Smith pour France Culture puis écrit un roman Le corps plein d’un rêve.
2016. Benoît Bradel et Aurore Lebossé s’emparent du roman de Claudine Galea et composent avec elle une partition textuelle et musicale incarnée par Marie-Sophie Ferdane.
Claudine Galea autrice à la une de Parages 09 – la revue du TNS, parution le 3 juin.
Parages consacre son prochain numéro à l’écrivaine Claudine Galea pour qui la littérature, quels que soient la forme ou le genre, est la mise à jour de l’inavouable, de l’enfoui, un engagement écrit, troublant et fructueux, de ce que l’expérience a d’impossible à vivre et à raconter. Deux de ces pièces font l’actualité de la rentrée. La 7e vie de Patti Smith au Théâtre 14 (voir plus haut). Et Au bord au TNS
Elle se livre dans un entretien avec Frédéric Vossier pour dévoiler en profondeur le fait pur et simple de l’écriture. Nous publions une correspondance écrite qu’elle a menée durant l’été 2020 avec le « classique contemporain » Philippe Minyana. Dans un échange électronique, elle partage avec des auteur·rice·s pour la jeunesse, Philippe Dorin, Sylvain Levey et Nathalie Papin, une réflexion sans guide sur le sens d’écrire pour les petits, les moyens et les moins grands.
Des auteur·rice·s ont participé à ce numéro en vue d’expliquer pourquoi et comment cette œuvre était terriblement marquante : Philippe Malone, Christophe Pellet, Pauline Peyrade, Marina Skalova.
Isabelle Huppert dans La Ménagerie de Verre – Théâtre de l’Odéon (du 19 mai au 9 juin)
Avant de jouer cet été dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon dans La Cerisaie, dans la mise en scène de Tiago Rodriguez, Isabelle Huppert retrouve les planches dès le 19 mai pour la reprise de La Ménagerie de verre avec une jauge réduite à 35%.
Au parti-pris onirique souvent utilisé pour embarquer cette pièce où les souvenirs succèdent au souvenir, comme un enchevêtrement de rêves brisés, Ivo van Hove a répondu par un réalisme flottant qui, sans être totalement naturaliste, tire le quotidien de la famille Wingfield du côté du vécu. Dans un ersatz d’habitation souterraine, qui accentue encore l’impression de huis-clos, Amanda s’impose comme une southern belle tyrannique et étouffante.
Denis Lavant dans L’image à l’Athénée (du 26 mai au 5 juin)
On ne le disputera pas : mieux vaut une “foirade” de Beckett que la réussite de quelqu’un d’autre. En marge des romans et des grandes pièces, on trouve dans l’œuvre quelques menus trésors qui révèlent peu à peu un paysage mental.
Poursuivant leur compagnonnage au long cours avec Samuel Beckett entamé avec Cap au pire, Denis Lavant et Jacques Osinski feront entendre L’Image, et quelques magnifiques “foirades”. Un spectacle conçu “comme un impromptu, un moment musical où il s’agit de saisir une beauté fugace.”
Cécile Laloy chorégraphie IE – Famille à La Comédie de Saint-Etienne (du 26 au 28 mai)
Au sein d’une même famille, des événements incompréhensibles et parfois violents se répètent inlassablement. Mués par des émotions explosives, les corps semblent comme condamnés à extérioriser une souffrance qui refuse de dire son nom. À l’initiative d’une femme, qui ne s’exprime qu’avec ses mains, les secrets vont se mettre à transpirer et ce que l’on a pris soin de taire, peu à peu se dévoiler.
Pour mener cette enquête passionnante sur l’atavisme générationnel, la chorégraphe Cécile Laloy met en place un détonnant tableau familial composé de quatre danseur.euse.s (dont un enfant), d’un musicien multi-instrumentiste et d’une comédienne interprète en langues des signes.
Muriel Mayette-Holtz met en scène la Trilogie Goldoni au Théâtre National de Nice (du 20 au 29 mai)
Muriel Mayette-Holtz met en scène la trilogie Les Aventures de Zelinda et Lindoro, une comédie romanesque qui tricote et détricote les contradictions amoureuses.
Les deux protagonistes Zelinda et Lindoro s’aiment depuis toujours mais ils sont contraints de cacher leur liaison et se réfugient chez Don Roberto, pour travailler à son service. Construit comme un feuilleton, nous suivons les personnages à travers leur quotidien et les nombreuses épreuves qui les malmènent.
Stanislas Nordey met en scène Le soulier de satin à l’opéra Garnier (du 21 mai au 13 juin) et Au bord au TNS (du 21 au 29 juin) et joue dans Mithridate au TNS (du 31 mai au 8 juin)
L’infatigable directeur du Théâtre National de Strasbourg est sur tous les fronts. Sa mise en scène de la version opératique du Soulier de Satin d’après la pièce de Paul Claudel, sur la partition de Marc-André Dalbavie fait la réouverture de l’Opéra national de Paris. Ce nouvel opéra est la troisième des créations mondiales commandées par l’Opéra national de Paris composant le cycle sur la littérature française.
Puis il sera sur la scène de son théâtre, au TNS, le 31 mai pour incarner le rôle-titre de Mithridate de Racine. Le metteur en scène Éric Vigner voit dans cette œuvre crépusculaire le dernier sursaut d’un homme hanté par sa disparition et celle du monde hellénistique, dont il est le dernier rempart. À l’heure de notre mort, quel regard porte-t-on sur notre vie, qu’avons-nous transmis ?
Robyn Orlin avec Camille Biennale en ouverture des Nuits de Fourvière (1er et 2 juin) puis à Chaillot pour sa nouvelle création (17 et 18 juin)
La chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin retrouve la chanteuse Camille dans sa nouvelle création. Un concert performance saisissant d’émotions. Elle confronte son univers à celui de Camille, chanteuse virtuose et inclassable flirtant volontiers avec le folk, le R’n’B, les percussions corporelles façon Bobby McFerrin et même la danse – qu’elle pratique pieds nus.
Puis inspirée par l’univers chamarré et politique des rickshaws zoulous, Robyn Orlin sera à Chaillot avec sa nouvelle création pour huit jeunes danseurs de la Moving into Dance, qui fut l’une des premières compagnies de danse non raciale de Johannesbourg, elle met en scène derrière les parures des rickshaws la « sale histoire » de leurs conditions de vie d’alors. La souffrance, l’ironie, la beauté et la dignité traversent cette œuvre forte, monument dédié à ces travailleurs noirs.
Thomas Quillardet – met en scène deux spectacles adaptés d’après des scénarios d’Éric Rohmer à La Tempête (du 1er au 20 juin) et Ton Père au Monfort d’après le roman de Christophe Honoré (du 17 au 28 juin)
Comment traduire la douce mélancolie rohmérienne sur un plateau de théâtre ? Un vers de Rimbaud Où les cœurs s’éprennent donne son titre au premier diptyque réuni par Thomas Quillardet Le Rayon vert et Les Nuits de la pleine lune. Pour La Tempête, un autre scénario de Rohmer sera également présenté, L’Arbre, le maire et la médiathèque joué par les mêmes acteurs. Une création hors cadre spectacle joué en extérieur au parc Floral.
Grâce à un dispositif en quadrifrontal, recouvert d’une moquette verte, le metteur en scène cherche, avant toute chose, à capter et à cultiver l’attention de ses spectateurs, au long d’un geste artistique d’une sobriété renversante. Tel un chef d’orchestre, le narrateur – quasiment dépersonnalisé pour tendre vers une forme d’universalité – chemine dans l’espace autant que dans sa vie, et invoque les personnages rencontrés au gré des glissements de son récit.
Leyla-Claire Rabih met en scène Traverses au Théâtre Dijon Bourgogne dans le cadre du Festival Théâtre en mai (du 21 au 23 mai)
TRAVERSES est un projet documentaire et intimiste autour des migrations syriennes et de la diaspora. Il naît d’interviews menées par l’équipe à travers l’Europe (Liban, Grèce, France …). Lors de ces rencontres, seules les mains ont été filmées, rendant à la fois plus intimes et universels les témoignages collectés. Entre théâtre, performance, et projections, l’équipe raconte autant qu’elle se raconte, dans un dispositif en archipel qui se décline en fonction des lieux.
La Syrie est secouée depuis 2011 par des événements tragiques dont les ondes de chocs dépassent très largement ses frontières. D’origine syrienne, je suis traversée intimement par ces événements et ils se sont imposés dans mon travail artistique.
Depuis 2017, plusieurs volets de recherche dans différents pays traversés par la vague de migrants de l’été 2015 (ateliers de pratiques théâtrales auprès de demandeurs d’asile, de réfugiés, interviews) ont permis de construire un corpus de témoignages, de parcours, de narrations, de documents sonores et visuels.
Fanny Soriano chorégraphie Fractales au Théâtre de la Cité Internationale (du 19 au 24 mai)
Au sein d’un univers en constante mutation, constellation faite d’éléments sortant de terre, suspendus ou pendulaires, rayonnent cinq individus. Par le langage du cirque et du mouvement dansé, mettant en exergue le potentiel physique décuplé offert par un corps acrobate, ils accompagnent la lente métamorphose de l’environnement dont ils font partie intégrante.
Après Hêtre (2015) et Phasmes (2017), Fractales décline un nouveau volet du travail de recherches de la compagnie Libertivore, autour de la place de l’homme au sein de la Nature en le confrontant cette fois à l’inconstance d’un paysage en transformation.
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