Formé à l’École de Chaillot et au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris, Claude Duparfait a joué sous la direction de Jacques Nichet, François Rancillac, Bernard Sobel, Anne-Laure Liégeois, Michael Thalheimer, Richard Brunel, Célie Pauthe, et surtout Stéphane Braunschweig, duquel il est un comédien parmi les plus fidèles. Après Berlin mon garçon et Le Voyage dans l’Est, il retrouve Stanislas Nordey dans L’Hôtel du Libre-Échange de Feydeau, créé à la MC2: Grenoble.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Oui, jusqu’à la déraison. J’ai compris au fil du temps que je ne pouvais pas lutter contre. Que, même si la peur n’était pas mon alliée, j’allais devoir l’apprivoiser, composer avec elle, lui faire pour toujours une place en moi. Ce soir-là, comme tous les autres d’ailleurs. Il y a comme un passage mystérieux les soirs de première. C’est une forme de naissance, ou de renaissance à quelque chose. Une porte qui s’ouvre.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
En tâchant de me dire que cela va vraiment avoir lieu alors que rien ne semble possible. Je pense à l’enfance, à tout ce qui me rattache à ce mot : jouer.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Des huiles essentielles. Une photo. Le reste, c’est un secret.
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
À 15 ans, un spectacle de Robert Hossein, avec mon école. Nous étions partis de la Picardie pour nous rendre à Paris, en bus. Il y a eu en moi un émerveillement parce que je n’avais jamais été au théâtre. J’aimais la musique, follement. La poésie, tout aussi intensément. Mais je n’avais jamais eu accès au théâtre avant ce jour-là. Ce moment où la salle s’éteint et où l’on entre dans une autre dimension… Avant ce moment précis, je ne savais pas.
Premier bide ?
Une très méchante critique de Brigitte Salino me concernant, qui pointait « un déficit d’interprétation » sur un spectacle qu’elle avait au demeurant beaucoup aimé alors que j’étais quasiment toujours en scène : Le Canard Sauvage. Que l’on aime se faire du mal parfois…
Première ovation ?
Ovation, ce mot fait presque peur. Succès et bonheur, oui : Le Tartuffe, mis en scène par mon grand compagnon de théâtre, Stéphane Braunschweig.
Premier fou rire ?
Pas de premier, il y en a toujours eu. Je combats mon anxiété en scène par le rire. Caché, ou pas. Il arrive toujours à un moment des plus inattendus, avec élégance, et je partage ce pur plaisir avec mes camarades de scène.
Premières larmes en tant que spectateur ?
Gena Rowlands dans Gloria de Cassavetes.
Première mise à nu ?
La Fonction Ravel, créée en collaboration avec Célie Pauthe. J’y raconte mon origine, ma passion pour ce compositeur et sa musique qui m’ont comme sauvé. Tout le possible que l’art m’a offert. Et le partage de cet amour.
Première fois sur scène avec une idole ?
Avec Maria Casarès, dans Lear. Elle est mon étoile, pour la vie. Elle est toujours là. Dans ma maison, ma loge et mon cœur. Merci à Bernard Sobel de m’avoir un jour offert ce cadeau de la rencontrer, d’être auprès d’elle durant presque trois années. J’étais fou et passionné en la regardant, et en l’observant travailler. Et puis sont nées entre nous une complicité et une tendresse infinies, au-delà de tout. Elle vit en moi comme une force.
Première interview ?
Avec René Solis, pour Des arbres à abattre. J’avais été très touché par son appel, un jour de juin. Il voulait me faire parler de Bernhard, cet auteur qui est pour moi comme un frère.
Premier coup de cœur ?
Marcel Proust, La Recherche. Pour toujours.
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