Soir de Première avec Anne Loiret
Formée au Conservatoire national d’art dramatique, Anne Loiret débute sur les planches dans Harold et Maude au côté de Denise Grey. Elle est nommée trois fois pour un Molière de la comédienne dans un second rôle, le dernier en 2017 pour Avant de s’envoler de Florian Zeller dans mise en scène Ladislas Chollat au Théâtre de l’Œuvre. Cette semaine, elle sera sur la scène du Théâtre national de Nice aux Franciscains pour la création de La Loi du corps noir de Félicien Juttner.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Je n’aime pas beaucoup les 1ères. Je n’y vais d’ailleurs pas comme spectatrice. Je n’en aime pas le public qui en général est là plus pour les autres dans la salle que pour le spectacle lui-même. Et ce n’est jamais la meilleure représentation d’un spectacle. Je le vis comme un passage obligé où j’ai le sentiment de passer l’examen de chaque scène (ça c’est fait… ça c’est fait…) et je commence à être libre à la 2ème. Contrairement à une légende qui dit que les 2èmes sont rarement de bonnes représentations moi je les adore !
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
En général je fais mes « mots de 1ère » qui accompagneront « les cadeaux de 1ère » pour chacun de mes camarades de spectacle. Et rien d’autre !
Je me dis en boucle ce que m’avait dit Denise Grey lors de ma première 1ère ! : « Ne t’en fais pas : Si tu as bien travaillé pendant les répétitions, tu n’as pas de raison d’avoir le trac, si toi tu n’es pas là, ton travail sera là ! On est pas des robots ! » Pas une 1ère depuis sans cette pensée devenue mantra…
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Pas vraiment. J’arrive au théâtre le plus tard possible. J’aime me dire qu’entrer en scène est un acte comme un autre dans ma journée. C’est mon métier. Je l’aime et j’ai la chance de le faire. Rien de sacré là-dedans mais je ne supporterais pas non plus qu’on galvaude une représentation.
La joie de retrouver mes partenaires, le théâtre, le rituel et de raconter des conneries est ma meilleure concentration.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
Lors d’un voyage scolaire à Paris dans lequel était inclus une soirée au théâtre. J’étais au lycée en 1ère et je commençais les cours de théâtre au Conservatoire de Nantes. Pendant le salut de Harold et Maude avec Madeleine Renaud, mise en scène de Jean-Louis Barrault au théâtre d’Orsay, je me suis dit ça…
Mon premier engagement sera dans… Harold et Maude avec Denise Grey. 6 ans plus tard…
Premier bide ?
J’ai la réputation de ne faire que des succès ! Ah ah ah c’est faux ! Mais bide n’est pas le mot…
Première ovation ?
Je ne crois pas en avoir eue !
Premier fou rire ?
J’en ai eu beaucoup, tellement, avec Pierre Cassignard… Quand nous nous sommes rencontrés au Conservatoire, pour ma scène de sortie qui était une scène d’On purge bébé je crois que nous n’avons jamais réussi à faire la scène jusqu’au bout en cours, ce qui agaçait beaucoup notre professeur, si ce n’était pas l’un qui craquait c’était l’autre, on est jamais arrivé au bout SAUF le jour des « journées » !
Premières larmes en tant que spectateur, spectatrice ?
À cette représentation d’Harold et Maude avec Madeleine Renaud que j’ai déjà citée. Je me suis retrouvée entraînée par une copine dans les coulisses. J’avais déjà beaucoup pleuré à la fin du spectacle, quand je me suis retrouvée devant Madeleine Renaud sortant de sa loge, je me suis à nouveau effondrée en larmes au point qu’elle m’a fait asseoir et a demandé à un monsieur d’apporter un verre d’eau pour cette petite… Le monsieur qui m’a tendu le verre était… Jean-Louis Barrault…! J’avais 15 ans, je ne savais pas qui c’était…
Première mise à nue ?
Soit jamais soit tout le temps…
Première fois sur scène avec une idole ?
Une idole non mais des partenaires pour lesquels j’avais une immense admiration oui. Je citerai Michel Aumont qui a été mon premier « père » de théâtre et qui l’a été 2 fois (sur « La preuve » et sur « Puzzle ») j’y tiens beaucoup !
Première interview ?
Je ne sais pas si c’était la 1ère mais celle là je m’en rappelle : Je voulais citer Jean-Pierre Cassel qui venait de mourir, avec qui j’avais joué dans Qui a peur de Virginia Woolf et avec qui je devais rejouer dans Puzzle mais il est décédé juste avant que nous ne commencions les répétitions. J’ai parlé longtemps de lui, et… des caisses de champagne que je me remémorais le voir apporter au théâtre pour toute la troupe… La journaliste n’a jamais cité Jean-Pierre dans l’article mais celui-ci s’est intitulé : « Anne Loiret, une coupe de champagne avant chaque représentation » 🤷♀️ !!!
Premier coup de cœur ?
Italienne avec Orchestre de Jean-François Sivadier. (Je l’ai vu 4 fois) mais aussi Cendrillon de Joël Pommerat
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