Elles et ils feront (peut-être) l’actualité des premiers jours de l’année 2022 pour une rentrée qui s’annonce difficile dans un contexte sanitaire où beaucoup de spectacles risquent d’être annulés, en raison de la contamination des équipes artistiques. Déjà le ballet Roméo et Juliette de Benjamin Millepied ne sera pas créé à la Seine Musicale.
Astrid Bayiha dans Patinage à La Tempête
Astrid Bayiha va incarner le rôle de Glorya dans la pièce de Damien Dutrait, mise en scène par Nelson-Rafaell Madel.
Patinage met en scène à la fois ceux qui passent à la télévision et ceux qui la regardent. C’est cette cohabitation entre l’intime et le public, le grand et le petit qui a marqué le metteur en scène Nelson-Rafaell Madel.
Astrid Bayiha est comédienne, autrice, metteuse en scène et chanteuse. Elle a incarné Angela Davis en 2021 dans une pièce de Faustine Noguès.
Léna Bréban met en scène Comme il vous plaira de Shakespeare à La Pépinière
Au cœur de la pandémie de la Covid en 2020, Léna Bréban a sillonné a présenté dans les collèges de Saône-et-Loire, Renversante de Florence Hinckel sur l’égalité femmes-hommes avec Antoine Prud’homme de la Boussinière.
Pour Noël, elle a présenté une adaptation de Sans famille, le roman d’Hector Malot au Vieux-Colombier, dans une version qui rend hommage aux artifices du théâtre.
Place à Shakespeare pour cette rentrée avec Comme il vous plaira à la Pépinière avec Barbara Schultz dans le rôle de Rosalinde et une nouvelle traduction.
Moanda Daddy Kamono dans Profil à la MC93
Dans Profil Moanda Daddy Kamono porte la plume dans la plaie pour dénoncer les discriminations dans le monde du théâtre. Une adresse directe et poétique qui profite du savoir-faire de Magali Tosato et de la dextérité musicale de Rodriguez Vangama.
Couronne gonflable vissée sur la tête, veste à mi-chemin entre le manteau d’hermine royal et le peignoir de boxeur sur les épaules, le comédien transforme cette prise de parole directe en uppercut.
Amala Dianor – Siguifin à Suresnes Cités Danse puis WO-Man et Point Zéro au Théâtre des Abbesses
C’est un festival Amala Dianor pour cette rentrée. Le chorégraphe présentera tout d’abord Siguifin à Suresnes Cités Danse. Siguifin signifie « monstre magique » en bambara. C’est une promesse placée sous le signe de l’Afrique. La nouvelle création d’Amala Dianor rassemble une constellation de talents. Ensemble, ils célèbrent la vitalité d’une danse à l’image du bouillonnement artistique qui anime le continent africain.
Puis Wo-Man et Point Zéro au Théâtre des Abbesses. Dans Point Zéro, création en trio, Dianor croise le fer avec Johanna Faye et Mathias Rassin. Ici c’est la veine contemporaine qui contamine les danses urbaines dans ce travail du bassin –comme déplié sans cesse- ou des lignes.
Adama Diop dans La Cerisaie à l’Odéon
Depuis 2066 de Julien Gosselin en 2016, le parcours déjà bien riche du comédien Adama Diop fait un bond supplémentaire cet été avec son rôle de dans la mise en scène de Tiago Rodrogues dans la Cour d’honneur du Festival d’Avignon.
S’il refuse qu’elle le définisse en tant qu’interprète, sa double culture le structure en tant qu’individu. Inspiré par Léopold Sédar Senghor, et plus encore par les contemporains Achille Mbembe et Felwine Sarr, il voit dans l’acteur comme dans l’intellectuel « un veilleur, un témoin de son époque ».
Johanna Faye – Inner au Festival Suresnes Cités Danse
« Inspirations plurielles » pourrait être le sous-titre de cette création. C’est en effet le fil conducteur du spectacle de Johanna Faye. Sa grammaire chorégraphique mixe l’importance du rapport au sol, extraite de sa pratique de b-girl (breakdance), et la verticalité de la danse contemporaine.
Des inspirations plurielles qui se retrouvent également dans sa complicité avec les deux musiciens Yom et Léo Jassef. Si le clarinettiste est connu pour ses influences klezmer, sa collaboration avec le pianiste Léo Jassef s’épanouit dans le jazz ou les musiques électroniques.
Elsa Granat – King Lear Syndrome ou les Mal élevés au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis
Elsa Granat a écrit cette pièce d’après Le Roi Lear de Shakespeare.
Le soir du mariage de sa fille, Lear fait un AVC. À son réveil, il délire, parle de son « royaume » et somme ses trois filles de lui dire combien elles l’aiment. Diagnostic sans appel : il est atteint du KLS, le King Lear Syndrome, une affection de toute puissance qui touche les personnes âgées. Ses filles le placent alors en Ehpad.
Hanane Hajj Ali dans Jogging à la Comédie de Reims dans le cadre du FARAWAY FESTIVAL
L’actrice libanaise Hanane Hajj Ali a partagé cet automne la scène avec sa compatriote Randa Asmar dans Augures de Chrystèle Khodr. Le spectacle sera présenté à la Comédie de Reims dans le cadre du FARAWAY FESTIVAL.
Hanane Hajj Ali y présentera aussi Jogging. Tous les jours pour éviter l’ostéoporose, l’obésité et la dépression Hanane Hajj Ali fait du jogging. Son parcours l’emmène à travers ses espaces personnels de Beyrouth, revisitant les personnages, les aspirations et les déceptions en cours de route.
Thomas Jolly met en scène Le dragon au Quai à Angers
A la tête du CDN Le Quai à Angers, Thomas Jolly présente sa première grande création, Le dragon de Evgueni Schwartz, cette fable russe. Le Dragon rappelle qu’abattre un tyran n’est pas abattre une tyrannie. Que l’asservissement d’une société toute entière n’est possible qu’avec son consentement actif, résigné ou inconscient.
Evgueni Schwartz évoque ici, en 1943, les totalitarismes nazis comme staliniens. Le Dragon sera d’ailleurs interdit par les autorités soviétiques dès le lendemain de sa première représentation. Depuis ce jour, la pièce garde sa pertinence partout où l’autoritarisme gagne, menace ou s’impose.
Jisca Kalvanda – dans Tabataba dans le cadre de la comédie itinérante de la Comédie de Valence
Révélée dans le film Max et Lenny en 2014, pour lequel elle remporte le prix d’interprétation féminine du Festival international des jeunes réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz, elle joue dans Divines en 2016 et intègre le groupe 45 de l’école du Théâtre National de Strasbourg en 2017.
Stanislas Nordey l’a mise en scène cet été dans Tabataba de Bernard-Marie Koltès que le directeur du TNS avait déjà montée il y trente ans en 1992 au Théâtre Gérard-Philipe de Saint-Denis. Avec Émile-Samory Fofana, Jisca Kalvanda va emmener ce spectacle sur les routes de la Comédie itinérante dans la Drôme et en Ardèche.
Catherine Marnas met en scène Herculine Barbin : Archéologie d’une révolution au Théâtre National de Bordeaux Aquitaine
En 1978, Michel Foucault publie Herculine Barbin dite Alexina B, le récit autobiographique d’un hermaphrodite au XIXème siècle. Herculine Barbin se suicide quelques années après avoir recouvré son identité masculine.
Pour la première fois dans l’histoire, un hermaphrodite n’est plus objet mais sujet. Il-elle prend la parole pour nous raconter sa douleur, son désarroi devant ce qui lui arrive. Un choc incompréhensible pour il-elle. Une histoire croustillante pour le commun des mortels, un objet d’analyses brutales pour la science de l’époque.
Yuming Hey interprétera le rôle d’Herculine Barbin.
Benjamin Millepied devait créer Roméo et Juliette à la Seine Musicale. (spectacle reporté à cause du Covid-19)
Benjamin Millepied devait revenir en France avec une création mondiale inédite. Accompagné du L.A. Dance Project, le chorégraphe revisite le ballet mythique Roméo et Juliette de Prokofiev. Les protagonistes sont de jeunes adultes du monde urbain actuel, confrontés à des normes sociales rendant leur union impossible.
Sur scène et grâce à un dispositif de projection unique, les amants maudits évoluent dans un Los Angeles contemporain. Certains tableaux sont projetés en direct depuis des lieux inattendus de la salle ou des coulisses et font transiter les danseurs de la scène à l’écran, filmés en direct. Les équipes de la Seine Musicale travaillent pour définir les modalités de reports ou d’annulations.
Mathilde Monnier à Chaillot présente Records et le premier week-end de l’année lui est consacré
Le Théâtre National de Chaillot ouvre sa saison avec Mathilde Monnier qui présente deux spectacles, et le premier week-end de janvier lui est consacré. Territoire, donne à voir et à entendre la danse, qui l’accompagne depuis 30 ans. Le temps d’un week-end foisonnant, plongez dans l’univers singulier et éclectique de la chorégraphe avec un des ateliers de pratique et l’après-midi du samedi 8 janvier conçue comme une plongée dans le répertoire de la chorégraphe de 1993 à aujourd’hui.
Records est une pièce entre trois murs. Des danseuses y vivent en s’appuyant, plus ou moins intensément, à ces murs plantés sur la scène et qui créent un espace dans l’espace, un sas entre l’ouvert et le fermé. Elles se collent au mur, s’y appuient du dos, des mains, des pieds. S’assoient, se relâchent, s’allongent. Le repoussent. Se penchent obliquement vers lui. Rebondissent dessus. Se posent dans les coins. Le mur est une figure d’appui – une façon de figurer ce qui nous tient et nous retient.
Christophe Montenez sera Tartuffe dans la mise en scène d’Ivo van Hove à la Comédie-Française
Ivo van Hove met en scène la version originelle de Tartuffe ou l’Hypocrite jamais jouée par la troupe de la Comédie-Française avec Christophe Montenez dans le rôle-titre.
Elle a été reconstituée grâce au travail de « génétique théâtrale » mené par l’historien Georges Forestier qui précise que ce Tartuffe s’est trouvé censuré par Louis XIV, qui ne pouvait d’un côté se faire le héraut de l’orthodoxie catholique et de l’autre permettre à son comédien-auteur préféré de représenter sur son théâtre parisien une telle satire des dévots. La pièce que nous connaissons depuis, Le Tartuffe ou l’Imposteur, est une version modifiée en 1669, assouplie et étendue à cinq actes quand la première ne comprenait que trois actes.
Guy Régis Jr met en scène Les cinq fois où j’ai vu mon père Théâtre Ouvert
Dans Les cinq fois où j’ai vu mon père, l’auteur haïtien Guy Régis Jr souhaite « faire une radiographie de la famille, de ces familles qui ne jurent que par leur départ du pays pour des destinations multiples, vers là où ça va mieux : Etats-Unis, Canada, France, etc. Tout au long de ma vie, et aujourd’hui encore, j’ai vu passer une vraie flopée de familles misant tout dans la partance. Et c’est cela que je questionne ici. Des gens qui s’effacent d’une vie dans l’espoir de revivre une autre, laissant tout derrière eux. Sans se rendre compte de l’absence que cela génère.
Aujourd’hui, loin des thèmes que j’ai déjà traversés, la migration par exemple dans la pièce « Le Père », à travers ce texte c’est le mutisme que je choisis de traiter. Le mutisme qui existe dans toute société régie par des principes de vie inaliénables » .
Vimala Pons créée Le périmètre de Denver au CDN d’Orléans
Lorsque Vimala Pons créée GRANDE en duo complice avec Tsirihaka Harrivel, c’est un énorme succès qui vient bousculer l’héritage du cirque.
Avec Le Périmètre de Denver, sa dernière création en solo, cette performeuse hors pair fabrique un nouvel ovni, un spectacle improbable et dadaïste qui cultive de nouveau un artisanat du collage et du montage comme elle en a le secret, égrène une succession de portraits pittoresques à partir d’un dispositif répétitif de superposition.
Michel Raskine met en scène Ce que j’appelle oubli de Laurent Mauvignier au Théâtre des Célestins
En une seule phrase qui court, Ce que j’appelle oubli s’approprie le destin d’un jeune homme mort avant d’avoir pu vivre. Michel Raskine met en scène l’implacable cruauté d’une barbarie qui s’ignore.
Le fait divers a eu lieu à Lyon, en décembre 2009. Un garçon entre dans un supermarché. Il se dirige vers le rayon des bières, ouvre une canette et la boit. « À quoi a-t-il pensé en étanchant sa soif, à qui, je ne le sais pas », se demande le narrateur de Ce que j’appelle oubli, court roman de Laurent Mauvignier librement inspiré de ce drame. « Ce dont je suis certain, en revanche, c’est qu’entre le moment de son arrivée et celui où les vigiles l’ont arrêté, personne n’aurait imaginé qu’il n’en sortirait pas. » Interpellation, pluie de coups silencieux dans une arrière-salle déserte, décès par asphyxie d’un jeune homme de 25 ans.
Carole Thibaut met en scène Un siècle au Théâtre des Ilets – CDN de Montluçon région – Auvergne-Rhône-Alpes
Trois générations d’ami·e·s, de parents et d’enfants se retrouvent autour de Galia Libertad, pour lui faire leurs adieux. Au fil de ces retrouvailles vont resurgir des histoires et figures anciennes, le passé se mêlant au présent, les fantômes aux vivants, l’histoire intime au récit collectif.
Une dizaine d’acteur·trice·s, complices artistiques de Carole Thibaut, portent ces personnages aux destins singuliers traversés par l’histoire politique et sociale des 100 dernières années. Mêlant de façon vertigineuse le réel et la fiction, Un Siècle oscille entre récit épique et comédie humaine.
Alice Vannier met en scène En réalités au Théâtre des Célestins
Avec énergie et conviction, Alice Vannier adapte La Misère du monde, ouvrage dans lequel une équipe de sociologues, sous la direction de Pierre Bourdieu, sillonne la France pour donner à entendre des paroles inaudibles.
En réalités prend garde à mettre en perspective les entretiens. Ces derniers alternent avec des séquences où les sociologues sont au travail, les dialogues se fondant dans ce cas-là avec les textes contextualisant les enquêtes. Cela permet à l’équipe d’ajouter du jeu, et de dessiner par petites touches les personnalités des sociologues, entre le doctorant terminant sa thèse et le chercheur toujours en retard dans ses rendus d’articles.
Louise Vignaud met en scène Rebibbia au Théâtre de La Tempête
Adapter L’Université de Rebibbia de Goliarda Sapienza pour un plateau de théâtre, c’est porter et partager la parole de cette femme qui vient bouleverser les idées reçues. Lui donner la parole, c’est traquer un désir. Un désir de théâtre, bien sûr, car sur scène la parole s’émancipe et résonne. Un désir de vie aussi, ou une nécessité d’être attentif à autrui, d’aimer, de penser, de questionner, de rendre l’inquiétude et le doute possibles.
Le témoignage de Goliarda Sapienza donne des corps et des voix à la société secrète de cette prison de femmes. Il y a déjà dans son roman un rapport physique et présent au monde, urgent, théâtral, qui ne demande qu’à s’emparer de la scène.
« Songe à la douceur « spectacle musical au théâtre Paris Villette
Mise en scène Justine Heynemann
Prix Sacd
Nominations Molière
2 eme collaboration avec la même autrice après Les Petites Reines