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Une Cérémonie, la bamba triste du Raoul Collectif

À la une, Festival d'Avignon, Les critiques, Moyen

Photo Christophe Raynaud de Lage

Ultime spectacle de la Semaine d’art en Avignon, la dernière création des doux-dingues belges s’impose comme le symbole d’une époque, entre soif de théâtre et incertitude ambiante.

Qu’elle fut étrange cette Semaine d’art en Avignon. Version ramassée d’un Festival 2020 avorté en raison de la crise du Covid-19, elle a cru, un temps, pouvoir se jouer du lourd contexte sanitaire, avant de se faire irrémédiablement rattraper. Après avoir été réorganisée, en urgence, pour se conformer aux contraintes du couvre-feu, elle a vu l’un de ses spectacles, Moby Dick, annulé à cause d’un cas positif au sein de l’équipe artistique. Pis, au fil des jours, dans des rues avignonnaises marquées par la torpeur automnale, loin, très loin, de l’ambiance de fête qui préside au temps estival, l’embryon de légèreté porté par quelques belles créations – Le Jeu des Ombres, Andromaque à l’infini, Le Tambour de soie, Mellizo Doble – a été malmené par la menace, de plus en plus lourde et pressante, d’un nouveau confinement. Une soif de théâtre rongée par l’incertitude ambiante dont le dernier spectacle du Raoul Collectif, Une Cérémonie, présenté en guise de conclusion, est, à son corps presque défendant, le symbole troublant.

Au vu de la belle scénographie de Juul Dekker, où les pianos droits émergent d’une forêt de chaises de jardin vert bouteille, où un ptérodactyle survole un comptoir de bar bien garni, on pouvait croire, l’espace d’un moment, que la troupe de doux-dingues belges allait offrir un dernier tour de piste léger et musical, un baroud d’honneur guilleret en forme de pied de nez. Il n’en est rien. Comme engluée dans le climat actuel, leur Cérémonie se heurte au mur de la réalité et explore l’impasse dans laquelle l’ensemble de la société se trouve. Alors que les toasts se succèdent, qu’un shot n’attend pas l’autre, le cœur, visiblement, n’y est pas vraiment. Les discours poético-politiques prononcés, tout comme le jazz des temps rebelles, ne semblent plus avoir d’effets. Le constat d’un corps social sous cloche, d’une démocratie appauvrie, du règne de l’argent-roi est là, et bien là, mais Le Raoul Collectif, malgré ses tentatives, acte son impuissance pour trouver une porte de sortie. Comme si la révolte théâtrale, auxquels beaucoup ont cru, avait vécu, leurs numéros successifs achoppent à mesure qu’ils se construisent et se brisent en plein élan.

Nourrie par le rébellion d’Antigone ou par un magnifique poème de Gonzalo Arango, par des figures mythiques ou des personnages ancestraux, leur composition se fait ambivalente, à la fois inquiète et absurde, ancrée dans le présent et curieusement irrationnelle. Loin d’être neurasthénique, elle profite du jeu et de la complicité d’une troupe qui ne manque ni d’âme, ni d’audace – à l’image de l’épisode drolatique du centaure –, mais leur écriture collective peine à tenir un cap clair et à dégager des lignes de force concrètes. Dépassée par un réel qui ne passe plus, mais dont il est impossible de trouver la clé, elle parait naviguer à vue et enchaîner les partitions individuelles, qui manquent, dans un premier temps, de cohérence collective. Il faut attendre la seconde partie, et l’incursion dans l’histoire d’Antigone mise en parallèle avec notre temps, pour voir affleurer un surplus d’émotion et de densité, et le puzzle se reconstituer. Le Raoul Collectif se faisant, alors, le porte-voix d’une époque où les problèmes se multiplient aussi vite que les solutions se raréfient.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Une Cérémonie
Conception, écriture et mise en scène Le Raoul Collectif (Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret, Jean-Baptiste Szézot)
Avec Romain David, Jérôme de Falloise, David Murgia, Benoît Piret, Jean-Baptiste Szézot, Philippe Orivel, Julien Courroye, Clément Demaria, Anne-Marie Loop
Assistante à la mise en scène Yaël Steinmann
Seconde assistante à la mise en scène Rita Belova
Direction technique et arrangements musicaux Philippe Orivel
Coaching musical Laurent Blondiau
Création sonore Julien Courroye
Scénographie Juul Dekker
Costumes Natacha Belova, assistée par Camille Burckel de Tell
Regard et présence artistique Anne-Marie Loop

Production Le Raoul Collectif asbl.
Coproduction Théâtre National Wallonie-Bruxelles, Théâtre de Namur, Mars – Mons Arts de la Scène, Théâtre Jean Vilar (Vitry-sur-Seine), Maison de la Culture de Tournai/Maison de Création, Théâtre Sorano, Théâtre de la Bastille, Centre dramatique national d’Orléans / Centre-Val-de-Loire et La Coop asbl / Shelter Prod.
Avec l’aide du Conseil départemental du Val-de-Marne, de taxshelter.be, ING & tax-shelter du Gouvernement fédéral belge, de la Fédération Wallonie-Bruxelles Service du Théâtre (CAPT)
Avec le soutien du Festival de Liège et de Wirikuta asbl.

Durée : 1h30

Semaine d’art en Avignon, Théâtre Benoît XII
du 28 au 31 octobre 2020, à 13h

Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Seine
du 13 au 15 novembre

La Maison de la Culture, Tournai
les 17 et 18 novembre

Théâtre de la Bastille, Paris
du 26 novembre au 19 décembre

Nebia, Bienne
le 4 mars 2021

Théâtre Le Rayon Vert, Saint-Valéry-en-Caux
le 9 mars

Théâtre de Châtillon
les 18 et 19 mars

Théâtre de Namur
du 24 au 27 mars

Théâtre de la Croix-Rousse, Lyon
du 30 mars au 2 avril

Le Manège, Maubeuge
le 8 avril

Centre dramatique national d’Orléans
du 14 au 16 avril

Mars – Mons Arts de la Scène
du 4 au 6 mai

29 octobre 2020/par Vincent Bouquet
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1 réponse
  1. Vander-Heym Rémi
    Vander-Heym Rémi dit :
    23 décembre 2019 à 14 h 13 min

    Super, le travail de cette équipe est à la fois exigeant, drôle, politique et très inventif. Hâte de les retrouver ! La salle en Avignon est-elle connue ?
    Rémi Vdh.

    Répondre

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