Après trois années passées au Conservatoire de Strasbourg où il a rencontré Christian Rist, Tristan Rothhut entre en 2009 à l’École du Théâtre National de Bretagne, où il étudie aux côtés de Stanislas Nordey, alors directeur pédagogique. Par la suite, il travaille notamment comme interprète pour Thomas Jolly, Renaud Herbin, Christophe Leblay et Ambre Kahan dans Ivres d’Ivan Viripaev. Il retrouve l’autrice et metteuse en scène pour Santa Park, créé au Théâtre des Célestins, dans lequel il joue et dont il assure la dramaturgie.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
J’ai toujours un peu le trac. Jusqu’à ce que le train se mette en marche. J’ai beaucoup plus le trac en dehors des planches. Quand on joue un spectacle, on a un sérieux avantage : avoir écrit et répété précisément tout ce qui doit se passer.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
J’erre comme je peux. J’essaie de ne pas trop penser au soir, tout en étant bien incapable de faire quoi que ce soit d’autre de ma journée. Après les répétitions, où on n’a pas arrêté de courir après le temps, j’ai soudain l’impression que tout ce qui se passe arrive au ralenti. Je fais tout plus lentement. Manger, me laver, m’habiller. Je fais plus attention à tout. J’étudie, comme pour les peindre, les gens dans la rue.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
J’aime bien arriver tôt au théâtre. Faire le tour des loges. Faire ma petite sieste dans le décor. M’asseoir un moment dans la salle, au premier et dernier rang. Aller voir ce que font les autres, les regarder un peu se préparer, sentir leur présence. Et mettre mon costume le plus tard possible. Me mettre exprès un peu en retard.
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
Jamais, je crois. Mon rêve à moi, c’était seulement de faire une école de théâtre.
Premier bide ?
Je suis du genre à proposer tout ce qui me passe par la tête au plateau lors des répétitions…
Première ovation ?
En CM1. Je jouais un chapeau…
Premier fou rire ?
Le premier et le dernier. À l’école, dans Lucrèce Borgia de Victor Hugo, avec Thomas Jolly. La scène de ménage centrale entre Don Alphonse et Lucrèce. Un souvenir inoubliable.
Premières larmes en tant que spectateur ?
La fin de Ricercar de François Tanguy et du Théâtre du Radeau. Le plateau est plongé dans la pénombre et le silence. Les acteurs et les actrices ont tous quitté la scène. Et là, un soleil entre par la fenêtre, et illumine lentement la salle. Le temps est réellement suspendu entre nous. Noir. Fin. Rien. Pas un applaudissement. Personne ne bouge. Personne ne dit un mot. Tout le monde reste assis là, un long moment, à contempler le noir final. Pendant une heure et demie, quelque chose a eu lieu devant nous. Qui saurait dire quoi ? Et moi, je pleure simplement d’être là.
Première mise à nu ?
Juste après ma sortie de l’école, dans un spectacle, j’entre sur scène presque nu et me fais siffler par toute une classe de collégiens ou de lycéens assis au premier rang. Je m’étais préparé à tout sauf à ça. Tout, sauf ce à quoi on pourrait s’attendre ; ce serait une bonne définition du spectacle vivant.
Première fois sur scène avec une idole ?
Avec Christian Rist, qui venait d’arriver au Conservatoire de Strasbourg, nous avons monté en première année tout le théâtre de Charles Duits. Cette rencontre, quand j’avais 17 ans, a changé ma vie.
Première interview ?
Celle-ci, peut-être.
Premier coup de cœur ?
À 16 ans. Le premier livre que j’ai acheté parce que j’ai eu envie de le lire. « Mon rêve, c’est un livre qu’on n’arrive pas à lâcher et, quand on l’a fini, on voudrait que l’auteur soit un copain, un super-copain, et on lui téléphonerait chaque fois qu’on en aurait envie. »





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