Comédienne, traductrice, autrice et metteuse en scène franco-irlandaise, Kelly Rivière se forme au Conservatoire régional de Lyon, puis au Cours Florent. Comme actrice, elle travaille avec les metteur·euses en scène Philippe Baronnet, Pauline Bureau ou Émilie Rousset. En 2017, elle crée la compagnie Innisfree. An Irish Story, épopée intime et familiale en terres britanniques, françaises et irlandaises est un succès. Elle revient avec La vie rêvée, aux Plateaux Sauvages.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Toujours. Énormément.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
En état de stress. J’essaie de me calmer, mais je n’y arrive pas ! Je vais au théâtre, je m’échauffe, je répète mon texte, je vais aux toilettes, je m’allonge, je me relève, je vais aux toilettes, je mange, je fais n’importe quoi. Je me dis « Mais pourquoi je m’inflige ça ? Ô drame, ô désespoir ! », et je retourne aux toilettes. Je suis infréquentable avant la première.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Absolument pas. J’essaie de m’échauffer le corps et la voix – pour ne pas me faire mal –, mais je ne suis ni la reine du yoga ni la reine des rituels.
Première fois où je me suis dit « Je veux faire ce métier » ?
Après avoir interprété le personnage de Claire dans une scène de Quai Ouest de Koltès, lors d’un stage d’été au cours Florent. En lisant le texte, seule dans ma chambre, je n’avais rien compris ; mais soudain sur le plateau, dans cette petite salle surchauffée, en plein milieu de l’été, dans un Paris un peu désert, sous les directions du professeur, avec mon partenaire qui jouait Fak, tout s’est ouvert. Cette magie-là, celle du texte qui se révèle au plateau, à travers l’incarnation des comédien·nes, je n’en revenais pas. C’est pour cela que j’aime passer par le plateau pour écrire.
Premier bide ?
Je n’en ai pas encore eu. Ce soir, peut-être ?
Première ovation ?
Pour An Irish Story. Je me souviens notamment d’une représentation à Laval, lors du festival du Chaînon Manquant, devant une salle composée essentiellement de programmateurs et de programmatrices. Grosse pression, gros enjeu. À la fin, beaucoup se sont levés en criant « Bravo ! ». Là, je me suis dit : « Ah oui, quand même, des pros qui se lèvent… Il se passe quelque chose avec cette pièce ».
Premier fou rire ?
Sur scène ? Jamais. Je ne suis pas assez détendue pour ça.
Premières larmes en tant que spectatrice ?
Anéantis de Sarah Kane, mis en scène par Daniel Jeanneteau, au TGP à Saint-Denis. À la sortie, je suis allée voir le metteur en scène, ce qui ne m’arrive jamais. J’étais en larmes. Les mots ne sortaient pas. J’étais anéantie, littéralement. Daniel Jeanneteau m’a regardé pleurer, perplexe. Il ne savait pas quoi me dire.
Première mise à nu ?
Au sens littéral : dans Salomé d’Oscar Wilde, au théâtre de Nesle. On était une toute jeune troupe. À un moment donné, mon personnage, Salomé, montrait ses seins au roi Hérode. C’est par la réaction d’un ami – qui n’est pas comédien – que j’ai compris que ce n’était pas innocent de se dévoiler en partie nue sur scène. 20 ans plus tard, il m’en parle encore, gêné : « Ce moment où tu montrais tes seins quand même… ».
Première fois sur scène avec une idole ?
Une lecture au théâtre de la Tête noire avec Françoise Lebrun. Je savais qu’elle était connue pour son rôle dans La Maman et la Putain, mais je n’avais pas vu le film. Et heureusement. Car quelques jours plus tard, je l’ai vu. Et si je l’avais vu avant, j’aurais été trop impressionnée pour lire à ses côtés.
Première interview ?
Dans l’émission Foule continentale de Caroline Gillet, sur France Inter. Pendant une demi-heure, elle m’a interviewée dans une petite cabine calfeutrée à Radio France. Elle m’a fait parler de mon grand-père, de ma mère, de pourquoi j’avais écrit An Irish Story. Quand j’ai écouté le résultat final, j’ai vu le travail d’artiste : elle avait réussi à recréer tout un récit, à mélanger des musiques et un poème que je récitais… La beauté de la radio.
Premier coup de cœur ?
Italienne, scène et orchestre de Jean-François Sivadier, et la découverte de Nicolas Bouchaud sur scène. Boum, quand votre cœur fait boum.
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