Originaire de Dijon, diplômée du Conservatoire national supérieur d’art dramatique en 2011, Mélodie Richard joue sous la direction de Christophe Honoré, Thomas Ostermeier ou Yann-Joël Collin. En 2018, elle incarne une lumineuse Bérénice dans une mise en scène de Célie Pauthe. En cette rentrée, elle retrouve Krystian Lupa qui l’a déjà dirigée dans Perturbation et Salle d’attente dans Les Emigrants de Krystian Lupa à l’Odéon, l’un des spectacles les plus attendus de cette rentrée.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Bien sûr. J’arrive plusieurs heures en avance dans ma loge (c’est boooon, il est tôt, donc je n’ai pas encore le trac) et je me prépare physiquement de manière obsessionnelle pour éviter de penser. L’heure approche et je ne suis toujours pas prête, mais j’ai encore le temps c’est boon. Et enfin malgré mon incrédulité totale l’heure de la représentation arrive, et là je détruis tout, particulièrement la coiffure. Je crois que mon trac est dans les cheveux.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Je réponds – en faisant attention à ne pas dire merci – aux messages qui disent merde. Je regarde des annonces immobilières dans des régions très éloignées. Je ramasse des pépites au hasard parmi mes dizaines de cahiers de répétitions de Lupa (même pour un spectacle d’un autre metteur en scène, pardon).
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Je pratique une espèce d’écriture automatique, une rêverie un peu magique qui me lance toujours sur une piste nouvelle pour la représentation du jour. Si je n’ai pas eu le temps d’écrire, à cause de la coiffure par exemple, j’ai très peur.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
Au spectacle de fin d’atelier juste avant le bac, à Dijon, je présentais un monologue de Phèdre de Garnier, et peut-être inspirée par Valérie Dréville dont je regardais la Phèdre en boucle sur VHS, je me suis mise à tourner sur moi-même en déclamant de plus en plus fort, et au plus haut de la transe j’ai renversé la seule lampe halogène du spectacle dans un bruit horrible. Rires du lycée et gros flottement. Et j’ai continué dans le noir, illuminée. J’ai senti la honte et la grâce au même moment. J’ai dit à mes parents juste après que je voulais essayer de faire ça comme métier.
Premier bide
Au théâtre de Boulevard avant le Conservatoire, j’avais 20 ans, je jouais encore une « cruche provinciale », sexy « mais moins que l’autre », qui était comme on me l’a dit dit plusieurs fois mon emploi, du fait peut-être de ma haute taille et de ma maladresse ? J’étais déprimée, je rêvais de jouer de grandes héroïnes tragiques qui meurent à la fin, et j’ai décidé un soir de ne pas faire rire. Effectivement c’était un silence abyssal dans la salle, un bide métaphysique qui m’a donné un gros vertige. Où suis-je ? Pourquoi tout le monde me regarde là, qu’est-ce qu’ils attendent ? Le producteur a débarqué en coulisses entre deux entrées et m’a ordonné d’être drôle immédiatement avant de me pousser sur scène.
Première ovation ?
Salle d’attente de Lupa à Vidy.
Premier fou rire ?
Jouer avec François Loriquet est parfois une épreuve. C’est indescriptible, c’est dans son regard, une espèce de lueur, de bascule, même dans les moments les plus pathétiques d’Ibsen, on ne peut pas lutter contre la vague de rire qui monte.
Premières larmes en tant que spectateur, spectatrice ?
Maintenant je suis une madeleine, le théâtre en soi me fait pleurer (quand le spectacle commence parfois ça passe vite bien sûr). Mais je crois que longtemps je n’ai pas pleuré, j’avais peur de rater quelque chose, quand c’était beau, j’étais plutôt sidérée et concentrée.
Première mise à nue ?
Dans mon 1er cours de théâtre en arrivant à Paris, il y avait une fois par an le redouté et/ou attendu « cours de scène de sexe », où le professeur nous encourageait dans une ambiance bon enfant mais studieuse à nous déshabiller par groupe de deux, au moins à ne garder que le haut ou le bas, selon notre degré de motivation à l’entraînement, parce que « de toute façon ça allait arriver pour ceux et surtout celles qui-feront-le-métier ». En effet.
Première fois sur scène avec une idole ?
Valérie Dréville.
Première interview ?
Je crois avec Patrick Sourd pour La Mouette d’Ostermeier qui m’a tout de suite demandé « alors pourquoi vous plutôt qu’une autre ? »
Premier coup de cœur ?
L’Enfer de Castellucci à la Cour d’honneur.
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