Anne-Elodie Sorlin a fait partie de l’aventure des Chiens de Navarre, au début de sa création en 2005, elle est co-autrice et comédienne au sein du collectif jusqu’à la création des Armoires normandes. Elle crée avec Daniela Labbé Cabrera le collectif I am a bird now. En 2020, elle reforme un collectif en compagnie de Thomas Scimeca et Maxence Tual et crééent leur premier spectacle Jamais labour n’est trop profond. Elle est sur la scène de La Tempète dans Cœur Poumon de Daniela Labbé Cabrera.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Je n’appellerais pas ça du trac mais une très grande excitation à l’idée qu’enfin ce miracle de la rencontre se fasse avec le public, avec les partenaires. Souvent je me dis un peu ivre de joie, ça va, ça c’est bien passé, nous étions au rendez vous hein ? Mais je me rends vite compte à chaque fois, à la seconde ou même à la troisième que nous étions tous tendus à cette fameuse première et puis j’accepte. C’est parfois comme un petit état second qui, quoi qu’on fasse, est là c’est bien normal. C’est tellement vertigineux une première.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
J’aime allez courir en écoutant de la musique. Je suis un peu dans mon film. La temporalité de la journée est particulière. Je pense aux gens que j’aime, aux gens que j’ai perdus aussi, j’essaye de me convoquer au présent de la représentation, me rendre disponible et surtout de trouver la joie de jouer.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Non je n’aime pas les habitudes en revanche j‘ai des gris gris des objets offerts par mes amis, je les poses devant moi et je les embrasse ( oui je sais ) et j‘appelle l’homme que j’aime. J’aime bien fumer une cigarette aussi. J’essaye au maximum de ne pas couper avec la vie. La concentration me tétanise, j’essaye de créer un mouvement entre la vie et la scène, qu’il n’y ai pas de rupture. J’aime bien dire beaucoup de bêtises aussi avant de jouer.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ?
J’étais en fac de droit pour être expert d’art, ça a duré 2 mois, je me suis dit : « impossible de passer ma vie à regarder les oeuvres des autres ». Je vais imploser et j’avais 19 ans j’ai appelé mon grand frère qui est artiste. Je lui ai dit : « voilà je veux devenir comédienne », il m’a pris dans ses bras et m’a dit qu’il était fier de moi. J’ai tout de suite senti la vie un peu différente que ça impliquait et je n’en ai pas eu peur. Ca va de soi. Plus tard j’ai compris ce qu’était la vocation.
Premier bide ?
Je préférai dire dernier bide, j’aime les bides ça signifie qu’on se met en danger, j’espère encore avoir beaucoup de bides.
Première ovation ?
J’espère avec Coeur poumon La dernière c’était avec Jamais pour n’est trop profond avec mes amis Thomas Scimeca et Maxence Tual. On a fait un spectacle avec moins de 20 000 balles aux amandiers à Nanterre. On était fières comme tout que les gens reçoivent ce spectacle arte povera et de partager la joie de ne pas s’être séparé après les Chiens de Navarre.
Premier fou rire ?
Un Pinter horrible joué dans un tout petit théâtre on était tous en suffocation, j’étais encore élève. Tout d’un coup un homme avec une voix très grave et définitive a sorti juste pour lui mais ça a résonné dans toute la salle
« mais qu’est ce qu’on s’emmerde !!!! » Sinon en scène j’en ai eu trop pour m’en souvenir. Ah oui à l’Ecole du studio théâtre mon prof avant monté Bajazet je jouais une suivante , la scéno c’était de l’eau et ça glissait atrocement et on n’avait pas répété avec. Un jour forcément : un gros gadin dans l’eau d’un partenaire qui essaye ensuite de le cacher comme si de rien ne s’était passé, j’ai cru crever de rire sans pouvoir le montrer. Je ne pouvais plus regarder personne jusqu’a la fin de la pièce.
Premières larmes en tant que spectateur, spectatrice ?
Simon Abkarian dans Une bête sur la lune. Je ne comprenais pas comment il faisait pour me faire autant pleurer. J’y suis allé plusieurs fois, je n’ai jamais compris et la Clôture de l’Amour de Pascal Rambert, je pleurais tellement, j’avais honte je n’avais pas de mouchoir et je morvais comme un enfant.
Première mise à nue ?
Merci Vincent Rouche et Anne Cornu qui m’ont formé au clown. Il y a vraiment eu un avant et un après avec eux. Ils m’ont appris à désapprendre et à se sentir libre sur le plateau.
Première fois sur scène avec une idole ?
Grande chance mon premier rôle à 19 ans était avec Georges Wilson. Il était fabuleux, entre une forme de lyrisme vitezienne et puis tout a coup un hyper présent. Il créait des entailles, des crevasses dans son jeu c’était éberluant je le regardais tous les soirs assise dans les coulisses.
Première interview ?
Pour Le voyageur record que j’ai écrit et mis en scène avec Daniéla pour le magazine théâtral. On était heureuse, on a construit ce spectacle dans un garage pour finir sur la grande scène des Amandiers.
Premier coup de cœur ?
Comme beaucoup de comédiens de ma génération je dirai : Ariane Mouchkine. Quand même quoi ! Le théâtre du Soleil.
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