Lundi matin, Dominique Alduy (Présidente du conseil d’administration du Théâtre de la Ville), Bruno Julliard (Premier adjoint au maire de Paris, chargé de la culture) et Emmanuel Demarcy-Mota (directeur de l’institution) ont présenté la saison 2016-2017 qui se déroulera, comme cela a été annoncé depuis plusieurs mois, en majeure partie hors du bâtiment historique. Celui-ci fermera ses portes le 9 octobre 2016 pour deux années de rénovation.
Bruno Julliard a confirmé que les travaux qui allaient être engagés sont l’une des priorités de la politique culturelle de la ville et constituent une part importante des 500 millions d’euros annuels que la mairie de Paris alloue à ce poste.
Outre une importante mise aux normes du théâtre, les espaces d’accueils vont être repensés, par les architectes Marie-Agnès Blond et Stéphane Roux, dans le but d’être plus confortables. Le hall pourra recevoir des propositions artistiques grâce à un espace central libéré par le déplacement des deux escaliers actuels. Le Café des Oeillets au sous-sol ou la Coupole seront repensés dans la même optique. La mezzanine de l’entresol sera surélevée afin d’offrir à ceux qui s’y rendent une vue plongeante sur la place du Châtelet, jusque-là obstruée par une lame de béton. Une place qui sera à son tour rénovée en profondeur lorsque les travaux des deux théâtres qui l’occupent seront achevés, à partir de 2019 donc. À l’intérieur de la salle, des aménagements seront effectués pour accueillir plus favorablement les artistes et le public : le système de ventilation sera rénové et les sièges seront remplacés et repositionnés pour plus de confort. Les gradins de 1968, identitaires du Théâtre de la Ville, seront conservés et resteront visibles du hall. Notons également qu’un travail sera réalisé pour réduire la consommation énergétique du bâtiment en améliorant l’isolation et la toiture. L’ensemble du théâtre sera accessible au public handicapé.
Le cœur névralgique du théâtre, les équipes administratives et certains artistes, occuperont les deux saisons à venir l’Espace Pierre-Cardin. Celui-ci est actuellement en cours de restauration et sera prêt à accueillir ses nouveaux occupants au mois d’octobre. Un riche week-end d’ouverture est programmé du 25 au 27 novembre, Fabrice Melquiot y présentera sa nouvelle création, « Suzette« , mêlant musiciens et comédiens. Plus loin dans la saison, Bob Wilson proposera une mise en scène en décembre et janvier avec Mikhail Baryshnikov autour des cahiers de Ninjinksi (que l’on pourra voir en juin aux Nuits de Fourvière à Lyon) et Emmanuel Demarcy-Mota va créer « L’État de siège » d’Albert Camus du 1er mars au 1er avril.
Il s’agit de la huitième saison d’Emmanuel Demarcy-Mota à la tête du Théâtre de la Ville. Le directeur a affirmé de nouveau certains aspects de sa politique qui lui semblent fondamentaux. Il a notamment précisé que depuis qu’il a pris la tête de l’institution, la proportion du public de moins de 30 ans est passée de moins de 10% à plus de 30% pour la saison 2015-2016. Une saison qui a accueilli 260 000 spectateurs, toutes manifestations confondues.
Durant la fermeture, l’un des enjeux du Théâtre de la Ville demeure la création. Emmanuel Demarcy-Mota ne veut pas voir la fermeture du bâtiment historique comme un obstacle, mais plutôt comme un tremplin qui invite le Théâtre de la Ville à de nombreux échanges avec les structures existantes. Une vingtaine d’entre elles, parmi lesquelles le Théâtre de Chaillot, le Rond-Point, les Bouffes du Nord ou encore le Louvre, ont répondu présent et se sont activement impliqués dans le projet des deux saisons à venir. Le directeur du Théâtre de la Ville assure : « on ne loue pas les salles !« . On pourra voir notamment des créations de Jeanne Candel, Jean-Pierre Vincent, Christine Letailleur ou encore James Thiérrée accueillies par d’autres dans le cadre de la saison.
Parmi les 123 programmes proposés en 2016-2017 (théâtre, danse et musique confondus), quelques temps forts sont soulignés par Demarcy-Mota. Huit nouveaux chorégraphes (tels Kaori Ito ou encore Christiana Morganti) et sept metteurs en scène sont programmés pour la première fois (notamment Olivier Coulon-Jablonka et Mohamed El Khatib). Trente nationalités sont invitées, comme l’Iran à la Philharmonie de Paris ou encore les États-Unis avec un axe fort entre Paris, qui accueillera Nora Chipaumire et Steve Cosson/The Civilians et New-York qui invitera en retour Yoann Bourgeois et Wang Ramirez à se produire outre-atlantique. À noter également quelques « prises de risques », selon les mots de Demarcy-Mota, comme par exemple le cabaret expressionniste Canadien « Crystal Pite » accueilli par le Théâtre de La Colline. Enfin, on retrouvera aussi quelques artistes fidèles au Théâtre de la Ville, telle Maguy Marin au Rond-Point ou Anne Teresa de Keersmaeker au Centquatre.
Hadrien VOLLE – www.sceneweb.fr
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