Au Français, Laurent Delvert badine avec Musset

© Brigitte Enguérand, coll. Comédie-Française

Au Studio de la Comédie-Française, Laurent Delvert signe une mise en scène légère et efficace de la courte pièce de Musset Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée, un dialogue amoureux retord entre un prétendant et une marquise qui ne se laisse pas facilement courtiser.

L’intrigue est mince et se joue dans un espace du même acabit : l’entrebâillement d’une porte où passe insidieusement un vent coulis qui frigorifie l’atmosphère. Lorsqu’on découvre la marquise de Musset dans son appartement chic et clair s’adonner au malaxage d’une terre d’argile pour sculpter, on pense à la scène torride du film Ghost où Demi Moore et Patrick Swayze se livrent avec sensualité à la poterie sur la sirupeuse Unchained Melody des Righteous Brothers. Sans s’égarer, le couple de la pièce se réunira dans une valse lente beaucoup plus sage et moins charnelle.

On peine à trouver séduisant le Don Juan fragile et sur le retour qu’est Christian Gonon, plat enjôleur, en costume sombre, les mains dans les poches. En revanche, Jennifer Decker est une jeune femme moderne, toute pimpante, pas farouche. Elle possède la beauté, l’esprit, l’insolence du personnage qui, pieds nus, en tee-shirt et en jean, ne manifeste aucun signe de sa noblesse. Un peu facétieuse, vaniteuse, elle ironise, raille à loisir, se montre rétive à se faire complimenter, elle méprise l’amour qu’on lui porte pour finalement se laisser conquérir.

Dans une forme simple et contemporaine, le dialogue se joue à bâton rompu. La volubilité du langage traduit la persistance des sentiments qui fait rendre les armes aux protagonistes. La pièce invite à lever les barrières pour mieux succomber à l’amour plus fort que les résistances, les inhibitions, voire même la raison. Alors, on s’abandonne à aimer ce proverbe en un acte même si sa mise en scène n’est pas aussi déraisonnable.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée
d’Alfred de Musset
Mise en scène Laurent Delvert
Avec Christian Gonon
Jennifer Decker
Scénographie : Philippine Ordinaire
Costumes : Christian Lacroix
Lumières : Nathalie Perrier
Réalisation sonore : mme miniature
Durée : 50 mn

Nouvelle production
Studio Théâtre de la Comédie-Française
Du 23 mars 2017 au 7 mai 2017