Caroline Arrouas a grandi en Autriche où elle travaille tout d’abord comme chanteuse au Burgtheater. En France, elle intègre l’école du Théâtre National de Strasbourg, et joue sous la direction de Maëlle Poesy, Caroline Guiéla Nguyen et Guillermo Pisani. La saison dernière avec Marie Rémond, dans Delphine et Carole, elles ont adapté sur scène un documentaire sur Carole Roussopoulos et Delphine Seyrig. Elle retrouve l’auteur Guillermo Pisani, dans Super, un héros presque parfait au Monfort.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Ça se passe plutôt à pasteriori. Je réalise souvent l’immensité de mon trac, quand la première est tout juste passée et que je retourne en loge me changer. J’ai survécu. Et à partir de là, tout peut continuer.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Je traine. De façon générale j’essaie de vider le plus possible cette journée pour n’avoir aucune contrainte, et je finis par tourner en rond.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
C’est toujours lié au spectacle. Souvent des musiques spécifiques que j’écoute en me préparant. Lorsqu’au cours des répétitions se dessine ce qui sera mon entrée dans le spectacle, je m’habitue à attendre toujours au même endroit. Je répète l’avant-spectacle… on peut dire que ça finit par se transformer en superstition.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ?
Cela remonte à mon enfance, aux spectacles qu’on s’amusait à créer petites, avec ma soeur jumelle. Sans comprendre tout à fait que cela pouvait être un métier. Je ne mesurais pas vraiment si c’était réalisable, mais j’en rêvais.
Premier bide ?
Celui dont je me souviens a eu lieu en cours de clown avec notre intervenant, Michel Cerda. J’avais improvisé avec un objet qui s’était brisé alors que je le manipulais. Ça m’a vraiment surprise, et ça aurait pu être super drôle, mais c’était tout l’inverse, un immense blanc avait suivi. Il m’avait dit après : ce bide, tu aurais pu jouer avec.
Première ovation ?
Disons qu’il y a des moments de connexion avec le public, même très furtifs, dont je me souviendrai toujours. Dans Se souvenir de Violetta, un spectacle de Caroline Guiéla Nguyen, il y avait des passages qui restaient improvisés. Cela donnait parfois des flottements, des loupés. Mais certaines fois, on sentait que les spectateurs étaient tellement avec nous, et le fait d’improviser nous connectait encore plus. Comme si on avançait ensemble. Il y avait cette scène où mon personnage est présenté aux parents de son amoureux et n’arrête pas de faire des maladresses et ça finit assez tristement parce qu’elle se retrouve quasiment mise à la porte. Un soir j’ai dit comme ça, comme un compliment, au personnage de la mère : vous êtes assortie au carrelage ! Je me souviens qu’il y a eu une vague de rire incroyable dans le public, et ce n’était pas tant parce que c’était si drôle, c’était parce que tout le monde m’avait vu le découvrir au moment où je le disais, et que c’était tellement vrai ! Le public était absolument, magiquement avec moi. Et ce genre d’instants complètement ensembles, et en même temps complètement libres… ce sont des sensations d’une puissance folle.
Premier fou rire ?
J’ai le fou rire assez facile. Et rien ne me fait plus rire que quelqu’un qui a un fou rire et qui essaye de se reprendre. Un des premiers serait sans doute ce moment où le lit s’était cassé alors qu’on était assis dessus dans Promenades de Noelle Renaude, mis en scène par Marie Rémond. On avait contaminé jusqu’au public, tout le monde riait, je ne sais même pas comment on a réussi à continuer.
Premières larmes en tant que spectatrice ?
Les premières… disons que lorsque j’étais petite, je pleurais souvent à la fin des spectacles, quand le rideau se fermait et que revenaient les conversations quotidiennes « n’oublie pas ton bonnet »…Ça avait été si fort et la sortie me semblait très brutale. Ça m’arrive encore. Dernièrement j’ai fondu en larmes aux moments des saluts de « Misericordia, » par Emma Dante. C’était un mélange de peine d’être arrachée à leur monde, mais aussi de joie devant tant d’humour et de sensibilité.
Première mise à nue ?
J’ai joué un spectacle qui s’appelait C’est bien au moins de savoir ce qui nous détermine à contribuer à notre propre malheur. C’était un seul en scène autour de la pensée de Pierre Bourdieu créé par Guillermo Pisani. Il y avait des passages du texte où je racontais également ma trajectoire à moi, mon départ d’Autriche, mon concours d’entrée au TNS. Ajouté à cela le fait que pour la première fois je jouais seule. Ça été un moment très marquant pour moi. Il a fallu que je franchisse beaucoup de petites étapes intérieures. C’est certainement le spectacle où mon trac à été le plus immense. Mais j’ai survécu !
Première fois sur scène avec une idole ?
J’ai grandi en Autriche, à Vienne. J’allais énormément au théâtre adolescente. Juste après mon bac, j’ai travaillé en tant que chanteuse au Burgtheater, le théâtre national de Vienne. Je me suis retrouvée à partager la scène avec tous ces acteurs et ces actrices que j’adorais depuis des années. Je les ai vu travailler. Je les ai vu aussi regarder un match de foot entre deux scènes en buvant une biere. Je me suis ah ok, c’est aussi ca le théatre! C’était une expérience assez incroyable.
Première interview ?
Au TNS, à l’occasion de notre spectacle de sortie, par France 3 Alsace. Je me souviens, les questions tournaient majoritairement autour de comment j’envisageais mon avenir de comédienne. Ce serait drôle de revoir cette séquence maintenant, des années après.
Premier coup de cœur ?
Enfant, pour la comedie musicale CATS. Aux saluts, tout les chats étaient descendus dans le public pour faire danser les spectateurs.
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