Au TNP de Villeurbanne, avec la création de Dunsinane, Baptiste Guiton poursuit son travail à travers l’œuvre de David Greig. L’auteur écossais, prolifique depuis le début des années 1990, est un auteur contemporain important dans le paysage théâtral anglo-saxon.
David Greig est natif d’Édimbourg, après un long passage au Nigéria pendant son enfance, il est de nouveau installé en Écosse aujourd’hui. Son théâtre a une composante universelle importante puisqu’il est joué sur toutes les scènes anglo-saxonnes, du Royaume-Uni à l’Australie en passant par les États-Unis.
Greig est une figure importante de la vague d’auteurs écossais qui ont émergé dans les années 1990, l’universitaire Dan Rebellato le rapproche de David Harrower, Stephen Greenhorn ou encore Chris Hanna. Tous ces dramaturges qui offrent au monde une vision de l’Écosse contemporaine, un pays à l’orée entre passif historique et interrogations sur le futur.
La carrière de David Greig débute en 1990 avec Savage Reminiscence, qui n’est pas sans nous rappeler Dunsinane sur le principe puisque l’auteur imagine la vie de Caliban après les événements de La Tempête de Shakespeare. Par la suite, il devient le dramaturge de la troupe Suspect Culture, jusqu’en 2009, où le metteur en scène est Graham Eatough. Pour elle, il compose de nombreuses pièces tout en poursuivant son parcours d’auteur indépendant.
Toujours selon Rebellato, peu importe où se situent les actions des pièces de Grieg, c’est finalement toujours la situation en Écosse qui apparaît en filigrane. Dans Europe, le point de départ est le génocide des Bosniaques dans l’ex-Yougoslavie, mais Grieg emploie cette catastrophe pour souligner l’absurdité du sentiment nationaliste. L’Écosse n’est qu’une partie d’un grand tout : l’Angleterre, l’Europe, l’Ouest et finalement l’hémisphère Nord. Ainsi, l’empreinte de la globalisation du monde est très profonde dans son travail. On y retrouve les interrogations sur l’expansion économique mais aussi l’expansion des consciences.
Le théâtre de Grieg est celui d’un univers en mouvement, où il est de plus en plus difficile de se sentir chez soi quelque part. Il réagit à l’incertitude du politique, au mouvement des frontières et aux troubles du monde.
De par son expérience personnelle de déracinement, Greig se sent pleinement citoyen du monde. Clare Wallace affirme qu’il est pris dans la dualité d’être à la fois en Écosse et à la fois nulle-part. Le monde est plein de lieux de transition, des « non-places ». Des endroits qui se retrouvent dans toutes les créations de Grieg, de la salle d’attente dans Europe aux bretelles d’autoroutes de L’Architecte.
Les spectateurs qui vont découvrir Dunsinane au TNP verront comment Greig a imaginé une suite au Macbeth de Shakespeare. On y parle de toutes les ingérences d’un pays sur l’autre, de la souveraineté, d’un pays à reconstruire après une catastrophe. En somme, un exemple frappant du théâtre de Greig.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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