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« Zoé », le monde bipolaire de Julie Timmerman

Les critiques, Moyen, Nîmes, Paris, Poitiers, Théâtre, Vitry-sur-seine

photo Pascal Gely

Dans Zoé, Julie Timmerman fait fiction d’une histoire personnelle : celle qu’elle a vécue avec son père atteint de troubles bipolaires. Malgré une équipe de comédiens très engagée, elle peine à faire de la distance qu’elle prend avec l’intime le moteur d’un récit assez puissant et singulier pour porter son sujet.

Avec son Idiomecanic théâtre qu’elle fonde en 2008, Julie Timmerman creuse la question de la liberté dans les sociétés occidentales sous des formes contemporaines mais souvent nourries de pratiques théâtrales d’hier et d’histoires du passé. Après des adaptations, de La Sorcière de Jules Michelet et de 1984 de George Orwell, la metteure en scène et comédienne s’affirme aussi en tant qu’autrice avec Un démocrate (2016), qui marque également un tournant pour la vie de sa compagnie : c’est là qu’elle commence à développer un travail de troupe. Les comédiens Mathieu Desfemmes, Anne Cressent et Jean-Baptiste Verquin, ainsi qu’elle-même, sont de ce spectacle et seront des suivants, de même que la dramaturge Pauline Thimonnier. Aux lumières, à la musique, aux costumes, des fidélités s’affirment aussi ou se confirment. Elles se poursuivent pour la plupart dans la création suivante d’Idiomecanic, Bananas (and kings) (2020), puis avec Zoé qui ouvre l’année 2024 au Théâtre de Belleville. Avec son équipe et quelques nouveaux venus, Julie Timmerman fait ici un pas de côté par rapport à ses habituelles fictions largement nourries de faits historiques. L’intime, ici, prend toute la place. Nous voilà dans une histoire de famille, contée par une héroïne éponyme qui décide de se confronter à un passé familial qui a laissé des traces.

La famille de Zoé n’est pas comme les autres. Atteint de troubles bipolaires, son père (Mathieu Desfemmes) a longtemps placé le foyer sous le signe de l’imprévisible. Comédien de métier, il fut pour les siens un metteur en scène tantôt despotique tantôt démissionnaire, alternant sans cesse et sans raisons apparentes phases de joie créatrice et moments d’abattement et de ténèbres. En choisissant de confier la narration à une Zoé de 40 ans, qui décide d’utiliser les outils du théâtre qu’elle a fait siens pour se confronter à son passé, Julie Timmerman qui a le même âge laisse entrevoir la nature autobiographique de sa pièce. Rien toutefois dans la succession de scènes courtes, entrecoupées d’encore plus brefs instants d’obscurité qui composent celle-ci ne vient confirmer cette hypothèse. Incarnée par Alice Le Strat, et non par Julie Timmerman qui jusque-là était toujours au plateau, la protagoniste centrale qui de plus porte un prénom distinct de l’autrice et metteure en scène pourrait être une pure créature de fiction. C’est là la première manifestation d’une mise à distance d’un réel que Julie Timmerman assume pourtant dans le dossier du spectacle comme étant le sien.

Ancrer clairement le récit familial de Zoé dans le réel aurait pu permettre à Julie Timmerman de faire du père, de la mère (Anne Cressent), de la fille et de toutes les figures qui gravitent autour d’eux (Jean-Baptiste Verquin en assume tous les rôles) et souvent les ramène à leur « anormalité » des personnages complexes et singuliers. De même, un refus de tout réalisme, qu’il regarde du côté de Brecht comme Un démocrate ou du cabaret dans Bananas (and kings), aurait offert à Idiomecanic une base à partir de laquelle déployer un récit éloigné des nombreux clichés entourant la maladie mentale. En n’optant ni pour l’une ni pour l’autre de ces options situées aux deux extrêmes du large spectre théâtral sur lequel peut prospérer l’intime, Julie Timmerman se prive de bien des ressources, aussi bien en matière d’écriture que de mise en scène. La dimension métathéâtrale qu’elle donne à sa pièce, en donnant régulièrement à voir la Zoé quadragénaire en plein travail de reconstitution de sa vie de Zoé enfant jusqu’à Zoé jeune adulte, peine elle aussi à montrer l’histoire de famille sous un angle vraiment original. Matérialisé par des techniques et accessoires théâtraux simples à l’extrême, presque « pauvres » – des morceaux de tulle figurent bien des choses, quand un simple geste ne suffit pas –, ce théâtre dans le théâtre place les comédiens dans un adresse au public qui hésite sans cesse et promène l’attention du spectateur des objets trop nombreux pour en approcher un seul de près.

Ce flottement empêche l’intime qui se donne à voir dans Zoé de dire autre chose que lui-même, d’entrer en relation avec des réalités sociales ou politiques. C’était le cas dans les pièces précédentes de Julie Timmerman, notamment dans Un démocrate qui en faisant le portrait d’Edward L. Bernays (1891-1995) rappelait un pan méconnu et pourtant majeur du développement des démocraties libérales. S’il y a bien aussi comblement d’un vide dans Zoé, il ne révèle rien que l’on ne sache sur le fonctionnement d’une famille ou même sur la maladie mentale, qui est elle aussi regardée dans ses grandes lignes et non dans les détails qui auraient pu la rendre passionnante. Tous pleinement au service de la partition fragmentée de Zoé, riches d’une complicité ancienne qu’ils savent rendre sensible tout en portant une histoire qui ne les concerne pas personnellement, les comédiens du spectacle avaient de quoi entrer bien plus profondément dans les affres de la folie.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Zoé

Texte et mise en scène Julie Timmerman

Dramaturgie Pauline Thimonnier

Collaborateur artistique et conseiller musical Benjamin Laurent

Assistante à la mise en scène Véronique Bret

Avec Anne Cressent, Mathieu Desfemmes,

Alice Le Strat et Jean-Baptiste Verquin

et les voix de Nina Laurent et Alain Françon

Scénographie James Brandily assisté de Laure Catalan et Lisa Notarangelo

Lumières Philippe Sazerat · Costumes Dominique Rocher

Création sonore Xavier Jacquot assisté de Paul Guionie · Directeur technique Vincent Tudoce

Production & diffusion Anne-Charlotte Lesquibe • Presse Nicole Czarniak

Administration Isabelle Frank pour Gingko Biloba · Décors Benjamin Bertrand et Agnès Champain

Projet lauréat de la coproduction de la Fédération d’associations de théâtre populaire (FATP)

Production Idiomécanic Théâtre

Coproductions Fédération d’Associations de Théâtre Populaire (FATP) – Espace Jean Legendre,

Théâtre de Compiègne – Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Seine –Théâtre des 2 Rives, Charenton-le-Pont

Soutien Espace culturel Boris Vian, Les Ulis

Résidences de création Scène de Recherche de l’ENS Paris-Saclay – Théâtre

des 2 Rives, Charenton-le-Pont – Espace Jean Legendre, Théâtre de Compiègne

– Super Théâtre Collectif, Charenton-le-Pont

Subventions Drac IDF – Région Ile-de-France – Département de l’Essonne –

Conseil départemental du Val-de-Marne – Ville de Paris (en cours) – Adami – Spedidam

Mécénat MNA Taylor – Fondation Jan Michalski

Remerciements Odéon Théâtre de l’Europe/Ateliers Berthier – Chat Borgne Théâtre

Sélectionné par le réseau ACTIF

Spectacle créé au Théâtre de Belleville

Durée : 1h30

Du 5 janvier au 29 février 2024
Théâtre de Belleville – Paris

16 janvier
dans le cadre des ATP d’Epinal

23 janvier
Théâtre Auditorium de Poitiers dans le cadre des ATP de Poitiers

30 janvier
Théâtre Jean Vilar, Vitry-sur-Seine

2 mars
dans le cadre des ATP de l’Aude

6 mars
Espace culturel Boris Vian, Les Ulis

10-11 mars
Centre culturel Marcel Baschet St-Michel-sur-Orge

15 mars
Théâtre des 2 Rives, Charenton-le-Pont

26 mars
dans le cadre des ATP de Nîmes

28 mars
dans le cadre des ATP d’Uzès

11 avril
dans le cadre des ATP de Dax

16 avril
dans le cadre des ATP d’Avignon

18 avril
dans le cadre des ATP de Lunel

3 mai
dans le cadre des ATP de Roanne

25 mai
dans le cadre des ATP de Villefranche-de-Rouergue

28 mai
Espace Jean Legendre, Théâtres de Compiègne

13 janvier 2024/par Anaïs Heluin
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