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Yvonne, une incandescente adaptation de la Princesse de Bourgogne 

A voir, Avignon, Les critiques, Théâtre
La compagnie Brûler Détruire monte Yvonne d'après Gombrowicz au Festival Off d'Avignon 2023
La compagnie Brûler Détruire monte Yvonne d'après Gombrowicz au Festival Off d'Avignon 2023

Photo DR

Pour sa première création, présentée à La Factory, la compagnie Brûler Détruire s’attaque avec audace à Yvonne, princesse de Bourgogne. Derrière des airs de music-hall, se cache une lecture puissante et intelligemment menée du chef-d’oeuvre de Witold Gombrowicz, dans une réinterprétation sensible du personnage d’Yvonne, coupable expiatoire et innocente de la violence humaine.

« Brûler détruire », tout un programme pour un nom de compagnie. « Ce n’est pas une injonction à la violence, c’est un mantra, cela veut dire “lâcher prise” », tempère le jeune collectif, créé en 2021, dans sa note d’intention. Un nom annonciateur d’un groupe qui n’a pas froid aux yeux. Sa première création, Yvonne, a été saluée lors de la cérémonie des Jacques 2023 – qui récompense les travaux de fin d’études des élèves du cours Florent, où les membres de la compagnie se sont rencontrés – par le prix du meilleur spectacle, le prix des meilleurs actrice et acteur et le prix de la meilleure création lumière. C’est un geste audacieux que de se pencher sur un morceau tel qu’Yvonne, princesse de Bourgogne pour une première adaptation, tant la mise en scène de Jacques Vincey en 2014 fait référence. La pièce de l’écrivain polonais Witold Gombrowicz, publiée en 1938 et créée en 1957 à Varsovie, raconte l’histoire d’une jeune fille taciturne et apathique, que le fils du Roi prend pour fiancée et dont la passivité éveille les pulsions violentes autour d’elle.

Dans une cour shakespearienne, un prince s’ennuie. Par défi, par cruauté ou bien par goût du scandale, il demande la main d’Yvonne, jeune roturière, laide, muette et simple. « Guenon, grincheuse, funeste crapaud, limace, monstre, affreuse », peut-on entendre pour la qualifier. Yvonne est passive, Yvonne ne dit rien et une humiliation en entraînant une autre, la violence autour d’elle va monter crescendo. Elle devient un obstacle à vaincre, un barrage à faire céder, un mystère à percer, un mécanisme infernal, une coupable expiatoire et innocente.

Yvonne est le miroir qui confronte les personnages aux parts les plus sombres de leurs vices. Et la compagnie Brûler Détruire n’y va pas de main morte. Le Prince s’adonne à une séance de torture en bonne et due forme, « comme quand on tripote un ver de terre avec une brindille », face à une Yvonne (Mélissandre Archimbaud) poignante de mutisme. Le Roi, de son côté, tente d’abuser de la jeune femme. « Il nous vient des envies de profiter de vous », exulte-t-il. Yvonne devient alors la victime universelle de violences patriarcales débridées, où les hommes sans plus aucune limite voient fondre leur humanité pour sombrer dans la monstruosité. La Reine, elle, est confrontée à ses désirs refoulés et fini par se livrer à un strip-tease endiablé. La compagnie décide de pousser le vice jusqu’à réveiller des pulsions incestueuses chez les protagonistes.

Chez Yvonne à la sauce Brûler Détruire, le chambellan et le Roi mènent ouvertement une passion torride. Le personnage d’Isabelle – seul membre de la cour à défendre Yvonne – est supprimé et remplacé par une interaction avec une personne dans le public. C’est trash, certes, mais là où l’on s’inquiète de la tournure des événements, la compagnie Brûler Détruire sait entretenir un dialogue permanent avec le public, histoire de ne pas nous laisser sur le bas côté de cette funeste orgie. « C’est dégoûtant n’est-ce pas ? », nous demande-t-on à intervalles réguliers. Et il nous revient de décider d’en rire, ou non.

Au début, on s’inquiète vaguement des airs de music-hall dont la compagnie a drapé la pièce, avec claquettes, paillettes et queue de pie, mais on se laisse finalement emporter par une adaptation audacieuse et moderne, emmenée par une réelle énergie de troupe (Mélissandre Archimbaud, Chloé Bourhis, Clément Le Roux, Johann Poels, Léa Levy, Matthieu Gabanelle et Quentin Carpentier, en alternance avec Nathan Prieur) et soulignée par la création lumière ciselée de Thomas Ozeray. Cette Yvonne, tordue et bouleversante, nous cueille jusqu’à la dernière image, où sa bouche s’ouvre enfin dans un cri silencieux, avant le noir salle.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Yvonne
d’après Yvonne, princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz
Mise en scène Chloé Bourhis, Clément Le Roux
Avec Mélissandre Archimbaud, Clément Le Roux, Johann Poels, Léa Levy, Matthieu Gabanelle, Quentin Carpentier, Nathan Prieur

Production Compagnie Brûler Détruire

Durée : 1h15

Festival Off d’Avignon 2023
La Factory, Salle Tomasi
du 7 au 29 juillet, à 20h50 (relâche les 10, 17, 24)

24 juillet 2023/par Fanny Imbert
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