Après leur triomphe avec Vingt Mille Lieues sous les mers au Vieux-Colombier en 2017, Valérie Lesort et Christian Hecq reviennent avec leur nouvelle création aux Bouffes du Nord, et ça fait mouche !
Quand on pense à La Mouche, on pense inévitablement au film de David Cronenberg. Valérie Lesort et Christian Hecq sont surtout partis de la nouvelle de Georges Langelaan et de leur passion pour la série télévisée Strip tease et de l’un de ses épisodes, La soucoupe et le perroquet qui racontait l’histoire d’un vieux garçon paysan charentais inventeur d’une soucoupe soi-disant volante et de sa mère, Suzanne. Ici Robert et Odette vivent dans un terrain vague, ils y ont installé leur caravane. Robert même ses expériences de téléportation dans son garage. La scénographie champêtre magnifique imaginée par Audrey Vuong colle parfaitement à l’univers décalé de l’écriture de la pièce.
Dès sa première apparition sur scène, Christian Hecq déclenche les rires. On retrouve tout ce que l’on aime chez cet acteur au pouvoir comique inégalé et dont on ne se lasse pas : cette attitude et ces mimiques qui font de lui l’une des stars de la troupe de la Comédie-Française. Impossible d’utiliser les comparatifs pour décrire son jeu, car il est unique. Dans vingt, trente ans, on dira d’autres acteurs qu’ils font du Christian Hecq, comme d’autres font aujourd’hui du Tati. Il a imposé en France une signature personnelle.
Le comique visuel et la farce sont au centre de cette comédie qui petit à petit glisse dans le polar et le fantastique avec une maitrise scénique incroyable. Le travail plastique de Valérie Lesort et de Carole Allemand est prodigieux.
Robert, apprenti scientifique, se livre dans son garage à des expériences de téléportation dans des télépodes. La voisine Marie-Pierre en sera l’une des victimes malheureuses, comme la pauvre chienne Charlie.
Valérie Lesort et Christian Hecq se sont entourés de deux grands comédiens qui se plient à tous les délires. Odette, la mère, est incarnée par la tornade Christine Murillo, toujours aussi pétillante. L’inspecteur Langelaan (du nom de l’auteur de la nouvelle) tout droit sorti de l’univers d’Audiard est campé par le virtuose Stephan Wotjowicz (le rôle est repris par Jan Hammenecker). Quant à Valérie Lesort, elle se glisse avec naturel dans le corps de Marie-Pierre avec son regard triste et évanescent.
De cette histoire de Mouche, on connait l’issue, on sait ce qui va arriver. Malgré cela Valérie Lesort et Christian Hecq arrivent à nous surprendre, à nous faire rire, et aussi à littéralement nous scotcher devant tant d’inventivité pour ce qui reste néanmoins de l’artisanat théâtral. Ils n’ont pas sombré dans les effets spéciaux grandiloquents. La transformation progressive du corps de Christian Hecq en insecte est incroyable. Les prothèses le défigurent, et avec son art de se mouvoir dans l’espace, il devient vraiment une mouche. Du grand art.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La Mouche
D’après la nouvelle
de George Langelaan
Adaptation et mise en scène
Valérie Lesort
Christian Hecq
Scénographie
Laurent Peduzzi
Lumières
Pascal Laajili
Plasticiennes
Carole Allemand
Valérie Lesort
Création sonore et musique
Dominique Bataille
Avec
Christian Hecq
Valérie Lesort
Christine Murillo
Jan Hammenecker
Production C.I.C.T. – Théâtre des Bouffes du Nord ; Compagnie Point Fixe
Coproduction Théâtre Royal de Namur ; Les Célestins, Théâtre de Lyon ; Espace Legendre – Théâtre de Compiègne, Le Grand R – Scène nationale de la Roche sur Yon.Durée: 1h40
Bouffes du Nord
Du 7 au 25 février 2024
Du mardi 7 au samedi 17 à 20h
Du mardi 20 au samedi 24 à 21h
Matinées les dimanches à 15h
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