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Seule en scène, Pauline Ribat livre un récit intime poignant

À la une, Avignon, Coup de coeur, Les critiques, Oullins, Paris, Théâtre, Vire

photo Christophe Raynaud de Lage

Ce spectacle est aussi court que son titre est long (Tout commence toujours par une histoire d’amour) mais pas besoin d’en étaler des tartines pour faire du plateau un exutoire percutant, le ring d’un règlement de compte avec la vie, avec un homme surtout, un père évaporé trop vite et trop mal. De son histoire, Pauline Ribat tire un soliloque diffracté qui diffère son sujet avant de l’empoigner à bras le corps dans un monologue frontal bouleversant.

Il y a des histoires qu’on raconte par nécessité. Parce qu’on ne peut pas faire autrement, pour vivre avec il faut qu’elles sortent, s’exposent au grand jour, se partagent avec d’autres. De ces récits intimes, ces récits de l’ombre qui mangent nos vies par la racine, empiètent sur le présent, s’entassent dans nos corps et nos âmes jusqu’à peser trop lourd, qui n’en fait pas les frais ? On ne s’en débarrasse jamais mais les apprivoiser reste le meilleur moyen de s’alléger. L’enfance n’est jamais vraiment digérée. La relation à nos parents également. Mais comment vivre avec l’absence ? Comment vivre sans ? Sans un père en l’occurrence.

Après nous avoir éblouis il y a quelques années au Festival d’Avignon avec un spectacle musical croustillant, drôle et grave à la fois, Depuis l’aube (Ode au clitoris), cabaret décomplexé abordant sous toutes ses coutures le sexe féminin, zone de plaisir consenti ou de violence subie, Pauline Ribat récidive avec une forme resserrée qu’elle met en scène, interprète en solo et dont elle signe le texte. Ce soliloque autour d’une disparition se présente d’abord sous un air assez léger et jovial, s’affirme comme théâtre dans un dédoublement entre la voix off et l’actrice au plateau, comme pour bien faire la distinction entre les deux, entre la fiction et la vie. La voix off pose le cadre à coup de didascalies, parle de l’actrice à la troisième personne, elle crée le lien entre cette femme qui se tient devant nous, assise sur son coffre, les jambes ballantes, et nous, public au rendez-vous.

Pauline Ribat aime interagir avec les spectateurs, les prendre en compte, en considération, les intégrer à la représentation. Déjà, dans son dernier spectacle, chaleureux et vibrant, elle nous invitait à pratiquer une séance de respiration collective pour mieux nous mettre en condition, dans de bonnes dispositions, prêts à accueillir la suite qui n’y allait pas de main morte. Déjà, la musique était en première ligne dans ce spectacle music hall cousu de chansons. Dans Tout commence toujours par une histoire d’amour, on retrouve les mêmes ingrédients, la même patte mais dans un dispositif intimiste où la parole prend le pas sur la partition musicale. Pauline Ribat plonge dans les souvenirs de Mademoiselle R., nous présente les membres de sa famille, tente de recomposer le récit d’une vie trouée par le manque. “Orpheline d’un père vivant”, elle revient en arrière, rejoue la rencontre de ses parents, une histoire d’amour qui ressemble à tant d’autres.

L’approche de Pauline Ribat n’est jamais psychologique, elle n’essaie pas de comprendre, justifier ou pardonner, simplement elle redonne une voix à l’enfant qu’on n’écoutait pas, elle lui offre un terrain pour exprimer sa colère, son désarroi, elle énumère les dégâts collatéraux à la disparition brutale d’un être cher, un père. Son théâtre n’est pas un tribunal, la violence paternelle n’est pas stigmatisée, Pauline Ribat ne traque pas le détail puisque ce père, quoi qu’elle fasse, s’efface, elle revient en revanche sur des scènes de l’enfance, de celles qui, sans qu’on comprenne vraiment pourquoi celles-là plutôt que d’autres, impriment la mémoire et la représentation avance au rythme de ces “épisodes”, fragmentée comme les souvenirs qui se débattent avec leurs trous. Comme ces tables de multiplication qu’on peine à retenir, à se réciter d’une traite sans trébucher. Et si Pauline Ribat diffère le moment de nous livrer, dans un monologue frontal bouleversant, les conséquences de cette disparition, c’est pour mieux tendre vers l’œil du cyclone, préparer le terrain avant de toucher la moelle de ce qui doit être expulsé. Et raccorder au bout du compte l’autrice, l’actrice et sa personne. Dans cette réconciliation, elle offre à ceux qui l’écoutent les moyens d’en faire autant. Apprivoiser nos récits intimes pour mieux les supporter. Recoudre les liens intérieurs avec nos absents.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

Tout commence toujours par une histoire d’amour
Mise en scène, écriture & jeu Pauline Ribat
Dramaturgie Lise Werckmeister
Collaboration à la mise en scène Lise Werckmeister et Baptiste Girard
Scénographie Anne Lezervant
Création lumière François Menou
Création musicale Guillaume Léglise
Création vidéo Vladimir Vatsev
Création costume Aude Desigaux
Régie lumière et générale Florian Delattre
Régie son et vidéo Antoine Meissonnier
Administration, production Corinne Duguest
Presse Murielle Richard
Diffusion Histoire de… – Alice Pourcher et Clémence Martens

Durée : 1h15
À partir de 13 ans

Du 8 au 10 mars 2022
création à Château-Rouge, scène conventionnée d’Annemasse

Du 16 au 19 mars 2022
Espace Malraux – scène nationale Chambéry Savoie

Théâtre de Belleville
Du mercredi 6 avril au jeudi 30 juin 2022
Mercredi, jeudi, vendredi, samedi à 19h
Dimanche à 15h
Relâches les 11 et 12 mai

11 et 12 mai 2022
Le Préau, CDN de Vire-Normandie

Off 2022
au 11 • Avignon, Festival OFF d’Avignon

Du 11 au 15 octobre 2022
Théâtre de la Renaissance à Oullins

9 avril 2022/par Marie Plantin
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