L’opéra a déjà happé Thomas Jolly. Il ouvre la saison à Garnier avec Eliogabalo de Cavalli. Une œuvre baroque un peu lisse au regard de la vue tumultueuse de l’Empereur romain. Le public de l’Opéra découvre l’univers du metteur en scène. Il lui a réservé un triomphe lors la première.
Eliogabalo est une œuvre quasiment inconnue. Elle n’a jamais été montée du temps de Cavalli et très peu jouée sur les scènes internationales. « Je pars d’un page vide » explique le metteur en scène qui n’a pas la pression d’une œuvre monumentale du répertoire sur ses épaules. Dès la première scène des canons envoient sur le plateau une pluie de confettis ! Une arche de projecteurs en fond de scène éclaire les chanteurs dans le dos. La marque Thomas Jolly est là. Rien de nouveau pour nous, mais le public de Garnier découvre un metteur en scène de plateau qui met son talent au service des chanteurs. Ici il n’y a rien de clinquant dans le décor. Juste un praticable avec un escalier qui descend dans la fosse.
Le livret de Cavalli (1602 – 1676) est plus sage que la vie mouvementée d’Heliogabale, ce jeune empereur homosexuel qui aimait les orgies. Thomas Jolly n’a pas cherché le spectaculaire. Il est resté sage, un peu trop à notre goût. La force de sa mise en scène repose sur l’utilisation très moderne de la lumière qui sculpte l’espace. C’est l’une de ses marques de fabrique. Il travaille ici comme sur ses autres spectacles avec Antoine Travert « un plasticien de la lumière ». Sa lumière sculpte l’espace. Thomas Jolly s’est autorisé quelques effets appréciés par le public de l’opéra. Il ouvre une trappe dans le sol pour plonger Eliogabalo dans un bain d’or. Le buste de l’empereur apparait dans le dernier acte (reproduction du Musée du Capitole). Une très belle scène chorégraphiée par Maud Le Pladec fait danser des hiboux – seule concession un peu farfelue d’un livret tristounet.
Car cet Opéra est soporifique. Le dernier acte parait interminable. Le spectacle est sauvé par une distribution éclatante. La soprano Nadine Sierra est bouleversante dans le rôle de Gemmira. Le contre-ténor Valer Sabadus donne la chair de poule dans celui de Guiliano. L’orchestre Cappela Mediterranea sous la houlette de Loanardo Garcià Alarcon maitrise la partition. On est beaucoup plus réservé sur les costumes de l’anglais Gareth Pugh, star de la mode qui a conçu des robes pour Beyoncé ou Lady Gaga. Ils renforcent le côté austère de cet opéra.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
ELIOGABALO
Francesco Cavalli
OPÉRA
OPÉRA EN TROIS ACTES
1999 (création posthume)
MUSIQUE
Francesco Cavalli (1602-1676)
LIVRET
Anonyme
En langue italienne
Surtitrage en français et en anglais
COPRODUCTION AVEC DE NATIONALE OPERA, AMSTERDAM
DIRECTION MUSICALE Leonardo García Alarcón
MISE EN SCÈNE Thomas Jolly
COLLABORATION ARTISTIQUE Alexandre Dain
DÉCORS Thibaut Fack
COSTUMES Gareth Pugh
LUMIÈRES Antoine Travert
DRAMATURGIE Corinne Meyniel
CHORÉGRAPHIE Maud Le Pladec
CHEF DES CHOEURS Thibault Lenaerts
CONSEILLER MUSICAL Fabian Schofrin
COIFFURES Malcolm Edwards
MAQUILLAGES Val Garland
Orchestre Cappella Mediterranea
Choeur de Chambre de Namur
ELIOGABALO Franco Fagioli
ALESSANDRO Paul Groves
GEMMIRA Nadine Sierra
GIULIANO Valer Sabadus
ERITEA Elin Rombo
ATILIA MACRINA Mariana Flores
ZOTICO Matthew Newlin
LENIA Emiliano Gonzalez Toro
NERBULONE, TIFERNE Scott Conner
Durée: 4 heures avec 2 entractesPALAIS GARNIER
12 représentations du 16 septembre au 15 octobre 2016
Avant-première le 14 septembre 2016, réservée aux – de 28 ans
J’aimerais voir tous les spectacles de Thomas Jolly …. Ayant vu son Romeo et Juliette a la TV un très très grand metteur en scène et hier Magnifique et original !!!:Des surprises et de la Beauté tous les arts et l’Histoire réunis ♥️