« J’aime l’intrusion de l’absurde dans les systèmes excessivement rationalisés, l’infiltration de l’art dans des processus consacrés à la productivité. C’est sans doute ce qui a engendré chez moi une passion pour l’histoire de Jón Gnarr, humoriste punk élu maire de Reykjavik en 2010 après avoir créé un parti satirique avec une bande d’artistes anarcho-surréalistes.
Cette candidature joue avec les limites de la fiction et du réel. Elle démarre alors que Jón Gnarr est invité dans une émission télévisée en tant qu’humoriste, pour faire une chronique hebdomadaire. Il y incarne le rôle d’un politicien corrompu, candidat aux élections municipales. Petit à petit, cette farce s’infiltre dans le réel jusqu’à le transformer.
Dans les années 1960, les membres de l’Internationale Situationniste jugent l’art totalement corrompu par le système marchant et lui opposent la création de situations qui bouleversent le quotidien. Le mandat de Jón Gnarr s’inscrit à mes yeux dans cette démarche.
Si son élection marque une insertion de la fiction dans le réel, il m’est apparu naturel, pour la transposer au théâtre, de renverser cette proposition. Dans Surprise parti l’élection de Jón Gnarr est une insertion du réel dans la fiction. J’ai donc construit un monde politique fictif, habité par des personnages dont la parole répond à des contraintes rhétoriques qui la rendent poétique. C’est à l’intérieur de ce cadre inventé que sont transposés les personnages réels et que, grâce à leur puissance créatrice, ils viennent bouleverser un dispositif minutieusement construit et codifié.
Sur le plateau, deux esthétiques coexistent. L’univers aseptisé et médiatisé de la politique électorale se déploie sous le jeu de Rafaela Jirkovsky, Ulysse Robin et Blanche Sottou, tandis que Léa Delmart, Nino Rocher et Damien Sobieraff incarnent trois artistes punks à la créativité infinie et à l’énergie débordante. Avec l’élection et le mandat de Jon Gnarr, on assiste à la (dé)contamination d’un monde de faux-semblants par le punk tout en questionnant sans cesse les enjeux individuels et collectifs du pouvoir. »
Faustine Noguès
Surprise Parti
Texte et mise en scène : Faustine Noguès
Scénographie : Alice Girardet
Création sonore : Colombine Jacquemont
Création lumière : Zoé Dada
Assistante à la mise en scène : Laurine Frédéric
Avec : Léa Delmart, Nino Rocher, Damien Sobieraff, Blanche Sottou, Rafaela Jir- kovsky en alternance avec Anna Fournier, Ulysse Robin en alternance avec Glenn Marausse
Et la participation de Louison Alix, Pierre Hancisse et Lia Khizioua
Production : Le Bureau des Filles, Véronique Felenbok et Marion Arteil
Diffusion : Marie LeroyCoproduction Compagnie Madie Bergson et Compagnie Toujours Après Minuit
Avec le soutien de la région Île-de-France – dispositif FORTE, d’ARTCENA – aide à la création catégorie Littérature dramatique, de Beaumarchais-SACD – aide à l’écriture et à la production, la Culture avec la Copie privée, de la Compagnie du Kaïros, du Festival Rumeurs Urbaines – Compagnie Le Temps de Vivre, du CENTQUATRE-Paris, de l’ENSATT, du Studio d’Asnières-ESCA, du Théâtre la Reine Blanche.
Le texte Surprise parti est édité aux Editions Théâtrales.
Il est lauréat du prix des Journées de Lyon des Auteurs de Théâtre 2019 et a été sélectionné par les comités de lecture du Théâtre du Rond-Point, de la Mousson d’été et de la Comédie Française.
Il a bénéficié d’un accompagnement par le Collectif A Mots Découverts.Durée 1h30
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