Pauline Sikirdji étudie le piano et le violon dès son plus jeune âge, elle se forme à l’Ecole du Théâtre National de Chaillot et au Conservatoire National Supérieur de Paris en chant. La mezzo-soprano se produit à l’Opéra de Lyon, au Festival d’Aix en Provence ou à l’Opéra de San Francisco. Parallèment à son métier de chanteuse lyrique, elle joue aussi au théâtre. À sa sortie du conservatoire, elle intègre la compagnie de Mathieu Bauer. Elle fait partie de la distribution de Héritage, la nouvelle pièce de Cédric Eeckhout, présentée au Festival Théâtre en Mai, créée au Théâtre de Liège.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Depuis des années je réfléchis à cette question : Comment et pourquoi la multiplication des oreilles écoutant ma voix a une telle capacité à me comprimer l’estomac ? 10 ans d’analyse et la lecture quotidienne d’Heidegger n’ont pas suffit à me donner la réponse.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
En bonne obsessionnelle, je note minute par minute le déroulement de ma journée. Mais tout l’enjeu réside dans le bon équilibrage entre l’absorption d’acide ( qui peut aller du gluten à la contrariété morale ) et les heures de sieste.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Je me masse la voûte plantaire à l’aide du sol. Mon prof de chant parlait d’ancrage, personnellement je frôle l’extase ( c’est un truc les pieds ).
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
J’ai l’impression d’avoir toujours voulu faire ce métier. Et c’est au-delà du choix à vrai dire. C’est comme ça.
Premier bide ?
Ma préférence à moi. Julien Clerc. Dans un karaoké grenoblois. À l’insistance générale de la famille, fière de sa descendance, chanteuse lyrique. Avec ma cousine franchement bourrée à la chartreuse. On était fausses et arythmiques. Je tente d’oublier. Grenoble se souvient.
Première ovation ?
Je ne sais plus. Mais la dernière, c’était pour Héritage de Cédric Eeckhout au Théâtre de Liège.
Premier fou rire ?
Je chantais Dorabella dans Cosi fan tutte. J’avais une scène d’amour avec le baryton qui m’offrait un médaillon en forme de cœur. La scène était kitschissime, le médaillon en plastique atroce, on ne pouvait pas se regarder sans rire. Dès qu’on voyait la lueur dans les yeux de l’autre c’était cuit. À ce moment précis, on tournait violemment la tête dans une autre direction. On se retrouvait à chanter l’amour le cou tordu, le regard à l’opposé de son partenaire. Au top.
Premières larmes en tant que spectatrice ?
À 14 ans, devant une élève de conservatoire, Alexia Cousin. Elle venait de gagner le concours des voix nouvelles à 19 ans. Sa voix, l’incarnation de dieu sur terre. Elle a arrêté de chanter depuis. Elle avait quelque chose de la diva à l’ancienne, d’ultime et tragique à la fois.
Première mise à nue ?
En répétition pour le spectacle Tristan et… de Mathieu Bauer. Sur une musique hard rock de leur composition, j’ai dit : « et si je dansais ? ». Mathieu : « Vas-y ». Là dans ma tête : « non mais dans quoi tu t’es embarquée ? », mon coeur battait à tout rompre. Je me suis lancée. J’ai fait n’importe quoi. Mathieu a dit : « on garde ».
Première fois sur scène avec une idole ?
Une idole carrément? Pas vraiment. Mes partenaires de scène forcent souvent mon admiration.
Première interview ?
Peu vous le diront mais comme beaucoup : Très tôt, vers 5 ans, par moi même, dans mon bain. J’alternais entre interview et discours de remerciements aux césars.
Premier coup de cœur ?
Pialat, un de ceux-ci : À nos amours / Lulu / Nous ne vieillirons pas ensemble / Le garçu / L’enfance nue / La gueule ouverte ( au début le long plan-séquence entre la mère Monique Mélinand et le fils Philippe Léotard avec le trio de Cosi dans le fond est extraordinaire )
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