Véronique Vella
Véronique Vella, 479e sociétaire de la Comédie-Française est cette semaine sur la scène du Vieux-Colombier pour la création de Sans Famille d’après Hector Malot dans une mise en scène Léna Bréban. Elle incarne Rémi, le héros de l’histoire, cet enfant abandonné, vendu par ses parents adoptifs à un saltimbanque. Voici son interview Soir de Première.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Moins qu’avant ! Enfin disons qu’il s’agit d’un trac plus positif, tourné vers un but commun et joyeux. Un trac moins brutalisant pour mes trapèzes et mon système cardio-vasculaire !
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Presque comme toutes les journées de ma vie depuis 14 ans que je suis parent car les priorités changent radicalement ! Mais dans ce « presque » il y a pas mal de choses ! Écrire des petits mots de première, choisir des petits cadeaux, nettoyer ma loge, préparer ma tanière !
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
J’en ai plus qu’avant, ce qui n’est pas très difficile vu que je partais de rien ! Mais avec le temps j’ai peu à peu éprouvé le besoin de ritualiser l’heure qui précède le lever de rideau : étirements, gym douce, méditation, respiration… J’essaie de me préparer à être le plus au présent possible du temps de la représentation.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
Le soir où j’ai eu le droit d’accompagner ma mère, Lucette Sagnières, à la Comédie des Alpes à Grenoble, où elle jouait. Je devais avoir 5 ans. Le temps du spectacle, un régisseur m’a emmenée voir la représentation depuis les cintres. De là-haut, je suivais la petite tête blonde de ma mère. Plus encore que l’envie de « faire ce métier », j’ai senti quelque chose s’aligner, se détendre profondément en moi. Une incroyable impression de sécurité. J’ai pensé que ce que je voulais, c’était retrouver le plus souvent possible cette sensation.
Premier bide ?
Sérieusement ? À part en amour, où je peux les compter à la pelle, je n’en vois vraiment pas ! ou alors je les ai refoulés !
Première ovation ?
En septembre 1988, Salle Richelieu, le soir où j’ai repris en 48h le rôle-titre d’Esther, de Racine, dans la mise en scène de Françoise Seigner, suite à l’hospitalisation de Martine Chevallier. J’ai vu, médusée, aux saluts, la salle se lever comme un seul homme. À l’orchestre, l’ami Thierry Hancisse, debout lui aussi, et me tendant une petite bouteille de champagne !
Premier fou rire ?
Dans Le Café de Goldoni. Mon partenaire se trompe de texte, et il sort un lapsus qui collait si parfaitement avec ce qu’on avait vécu sur la création de ce spectacle… J’étais assise sur ses genoux, je me suis cachée dans son épaule, et j’ai hoqueté de rire pendant une bonne minute, ce qui est énorme !
Premières larmes en tant que spectateur ?
Pendant Le Journal d’un fou, avec Jacques Zabor. C’était inouï ce qu’il faisait dans ce seul-en-scène.
Première mise à nue ?
Je suis comme l’oignon : j’enlève les couches petit à petit. Sur Les Amants puérils, Muriel Mayette avait réussi à enlever une sacrée couche ! Plus rien n’a été pareil ensuite. Je lui en suis très reconnaissante.
Première fois sur scène avec une idole ?
Première d’un Labiche avec… Françoise Seigner. J’allais presque tous les soirs voir Félicité quelques années avant, juste pour voir sortir du théâtre Gence, Seigner et Samie…
Première interview ?
À propos de musique et de chansons, début des années 1980, sur une radio libre… mais j’ai la mémoire qui flanche !
Premier coup de cœur ?
Jeanne Moreau disait : « C’est un laboratoire secret ». C’est tout moi ! Je suis un laboratoire secret à moi toute seule !
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