Après des études de Lettres modernes à l’ENS de Lyon, Olivier Normand se forme à la danse contemporaine, au jeu théâtral et au chant baroque. Il débute en 2007 une carrière de danseur avec Mathilde Monnier, puis intervient sa rencontre décisive avec Alain Buffard. Depuis 2018, il officie chez Madame Arthur sous les traits de Vaslav de Folleterre, son alter ego cabarettique, qu’il emmène en tournée cette saison, et qui débute au Théâtre du Rond-Point, à Paris.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
J’ai beaucoup moins le trac depuis que je l’appréhende comme un phénomène érotique : le souffle s’accélère, le coeur bat plus vite, les pupilles se dilatent, tous les sens sont en alerte. J’ai peur, mais j’avance, comme dit Barbara dans Lily Passion, et cette peur est aussi excitante, délicieuse.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Un jour de première, ne rien vivre de nouveau. Pas de restaurant inconnu, pas de dérive dans la ville, pas de rencontre, pas de surprise. Je laisse la routine me prendre en charge et me mener jusqu’à l’heure du plateau.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Je vais toujours jeter un oeil à la scène depuis le dernier rang, depuis l’endroit où le public est le moins bien placé, pour me rappeler à ma responsabilité d’envoyer mes intentions jusque là. J’aime manger deux heures avant et me mettre en costume au tout dernier moment pour ne pas trop me dilapider avant d’entrer en scène. Quand on est prêt, faut y aller !
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
J’étais un enfant assez timide, introverti, sujet aux moqueries. Je me souviens de la première fois où j’ai joué dans une pièce pour la kermesse de fin d’année, la sensation très claire que, dans l’espace magique de la scène, je pouvais exister. J’y étais vulnérable, mais paradoxalement protégé, plus à mon aise que dans la cour de récré.
Premier bide ?
Un spectacle avec mes cousines, au bénéfice de la famille entière. Elles m’avaient travesti, maquillé, bijouté. J’étais très content de moi, mais je me souviens encore du regard consterné de ma grand-mère.
Première ovation ?
Je suis exagérément sensible aux applaudissements. Ma première ovation a sans doute eu lieu dans ma tête.
Premier fou rire ?
Sur scène, jamais. Dans la salle, un Molière mis en scène par le collectif tg STAN.
Premières larmes en tant que spectateur ?
Sans doute au cinéma, où les larmes viennent plus facilement parce qu’on s’y sent plus seul.
Première mise à nu ?
Littéralement, dans une reprise de la pièce d’Alain Buffard, Mauvais Genre, au CND, en 2017. L’entrée en scène la plus vertigineuse de ma vie.
Première fois sur scène avec une idole ?
« Idole » est peut-être un grand mot, mais j’étais très ému, quand j’ai commencé à danser pour Mathilde Monnier, d’être sur scène avec les danseurs et danseuses qui avaient été mes professeurs. Notamment la merveilleuse I-Fang Lin.
Première interview ?
Pour le magazine lyonnais Hétéroclite. Le journaliste avait titré « Olivier Normand, toujours en tension ». Je l’avais d’ailleurs un peu mal pris.
Premier coup de cœur ?
La cérémonie d’ouverture des JO d’Albertville, mise en scène par Philippe Decouflé, vue à la télé. Les jours suivants, dans la cour de récré, j’essayais de retrouver la marche très particulière des danseurs. Ça ne ressemblait pas à grand-chose, mais j’étais complètement obsédé. En 2007, j’ai rencontré un des danseurs de Decouflé, Éric Martin, qui m’a appris ces pas merveilleusement élastiques que j’avais cherché à décoder quinze ans plus tôt.
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