Parallèlement à des études de psychologie à l’université de Poitiers, Nan Yadji Ka-Gara a suivi une formation théâtrale au conservatoire, avant d’intégrer le cursus de l’École supérieure de théâtre de Bordeaux en Aquitaine (ESTBA). Elle travaille à la fois dans des productions théâtrales et chorégraphiques engageant le corps vocal. En cette rentrée, Penda Diouf la dirige dans Pistes… au Théâtre du Nord, la première mise en scène de l’autrice.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Les soirs de première, je suis généralement animée par une danse intérieure qui oscille entre boule au ventre et excitation de vivre ce grand soir que nous avons pris soin de préparer avec l’équipe. Au final, une énergie pousse à se dépasser et à ouvrir son cœur à la joie du partage avec les spectateurices dans cet espace lumineux de réflexion et d’échange précieux qu’est la scène.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Avant d’aller au théâtre, c’est une journée durant laquelle j’aime prendre le temps de me préparer mentalement, physiquement, vocalement et spirituellement en étant au calme. J’essaie de savourer cette journée comme toutes les autres, avec des pratiques qui vont me permettre de m’ancrer et de créer de bonnes conditions pour vivre au présent ce beau jour de naissance d’un spectacle.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
J’aime les rituels. Alors, généralement, je ressens le besoin de reprendre contact avec la scène avant l’entrée des spectateurices, de m’y imprégner des énergies du jour, d’y faire un court rituel collectif et/ou individuel. Cela peut être une méditation, une marche de pleine conscience, un chant intuitif, une danse, une prière, une pensée pour mes ancêtres…
Première fois où vous vous êtes dit « Je veux faire ce métier » ?
J’avais à peu près sept ans, et j’étais une enfant fascinée par le jeu des acteurices dans les films et des danseureuses dans les clips. Je trouvais cela inspirant de voir des êtres habités, métamorphosés par leur personnages et leurs danses et vivre pleinement les émotions humaines. Un véritable appel au jeu d’acteurices et au mouvement.
Premier bide ?
Lors de mes formations de théâtre. Tout était permis, c’était un beau terrain d’exploration du bide, face à ces camarades. Je me revois préparer des choses qui ne fonctionnaient que dans ma tête. Je repense aussi à des moments d’improvisations chaotiques.
Première ovation ?
Le premier spectacle de fin d’année avec le club théâtre du collège. Premiers applaudissements vécus comme une ovation.
Premier fou rire ?
Je me rappelle d’un fou rire en pleine représentation avec les spectateurices. C’était lors d’une représentation du spectacle Un monde idéal mis en scène par Thierry Bedard. Il s’agissait d’une fausse conférence sur les inégalités dans le monde qui se jouait généralement dans des établissements scolaires. J’incarnais une anthropologue très sensible et maladroite qui agissait parfois bizarrement et, lors de l’une de ses bizarreries, j’ai eu du mal à ne pas rire avec les élèves. C’était un bon souvenir de fou rire général.
Premières larmes en tant que spectatrice ?
J’étais au lycée et, avec ma classe théâtre, nous avions assisté à une représentation d’Incendies de Wajdi Mouawad. Les récits, les silences, la densité du jeu des interprètes m’avaient profondément touchée. Ces récits de vies joués avec authenticité étaient pour moi une forte réflexion sur l’humain dans toute sa beauté et sa complexité. Un dialogue entre politique et intime qui m’avait saisie.
Première mise à nu ?
La présentation d’un travail personnel durant ma formation de comédienne à l’école du TNBA. J’avais mis en scène et joué Le viol de Franca Rame.
Première fois sur scène avec une idole ?
Je n’emploierai pas le mot idole, mais des êtres qui me font vibrer, rêver. J’ai récemment eu l’occasion de donner la réplique à l’acteur Grégory Fitoussi pour une série, c’est un acteur qui me faisait fondre lorsque j’étais adolescente. Concernant la scène, je suis heureuse de la partager avec la magnifique équipe d’acteurices de Reconstitution : le procès de Bobigny d’Émilie Rousset et de Maya Boquet, et, actuellement, je ressens de la gratitude de faire partie de la merveilleuse équipe d’artistes de Pistes… : Penda Diouf, David Bobée, Robyn Orlin, Léa Jézéquel, Wojtek Doroszuk, Claire Gondrexon, Lundja Medjoub, Heidi Folliet, Iris Laurent et Adama Diop. Sans oublier les membres de la technique, Alison Broucq, la régisseuse générale du spectacle, et tous les membres de l’équipe d’accueil du Théâtre du Nord.
Première interview ?
La première interview qui m’a marquée était en 2016, au Tchad, lors de la préparation d’une exposition que j’avais créée : Découvrir son identité et faire découvrir à l’autre. Un projet photographique et sonore sur les richesses humaines et culturelles du Tchad.
Premier coup de cœur ?
Le premier fut lors de mes études théâtrales au lycée. J’avais assisté à une représentation du spectacle La chambre d’Isabella de Jan Lauwers. J’étais transportée par l’intensité des interprètes, l’histoire, la poésie, la mise en scène, la scénographie, les danses, les chants. Une vie qui se vivait sous mes yeux de jeune spectatrice ébahie par la découverte de la pluralité des arts. Les corps des interprètes traversés par le jeu, le chant, la danse m’ont marquée et m’ont donné le goût de l’exploration plurielle des arts.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !