Philippe Torreton, dans la peau de Galilée, interprète le rôle-titre de la pièce de Brecht dans une nouvelle mise en scène de Claudia Stavisky, directrice du Théâtre des Célestins de Lyon. La pièce est créée à La Scala de Paris avant une tournée en France. Un rôle à la mesure de son talent, pour une pièce à la portée politique.
De cette pièce, on peut en faire un biopic, une épopée, mais Claudia Stavisky est partie de l’essence même du texte de Brecht, qui n’a cessé de le retravailler en fonction des événements de son époque. Galilée, est un scientifique en résistance, un rôle sur mesure pour Philippe Torreton, qui a déjà abordé la pièce dans sa carrière, dans la mise en scène mythique d’Antoine Vitez avec Roland Bertin à la Comédie-Française, il incarnait le rôle du petit moine. Trente ans après, il endosse les habits de Galilée et retrouve Claudia Stavisky qui l’avait mis en scène dans Oncle Vania en 2009 pour un grand moment de théâtre.
Galilée est entouré de sa famille dans son atelier enterré sous terre, tapis dans un terrier à l’abri des regards pour mener à bien ses travaux scientifiques. La lumière du jour parvient à peine à éclairer la pièce. Les lumières rasantes indirectes de Franck Thevenon sont de toute beauté, tout comme l’espace lugubre imaginé par Lili Kendaka qui se transforme en un clin d’œil en salle de l’arsenal de Venise ou en palais du Vatican. Dans cet espace reclus et austère composé de fer et de brique, Galilée observe les étoiles, et son visage s’illumine.
Galilée se bat contre l’Eglise du 17e qui refuse de voir la vérité. C’est l’un des premiers scientifiques rebelles de l’histoire. Philippe Torreton passe de la facétie à la gravité. C’est un formidable chef de troupe, présent quasiment en permanence sur le plateau, traversant les différents âges du personnage, s’enfonçant petit à petit dans la vieillesse, tout en conservant son œil pétillant. Quel magnifique acteur. Autour de lui, on retrouve avec plaisir, Guy-Pierre Couleau, l’ancien directeur du CDN La Comédie de Colmar qui reprend le chemin des planches, Marie Torreton dans le rôle de Virgina, mais aussi Benjamin Jungers qui avec le travail de Claudia Stavisky prend de l’épaisseur et se débarrasse de l’étiquette de jeune premier, c’est flagrant dans le rôle d’Andrea Sarti lorsque l’ami de Galilée vient lui rendre une dernière visite à la fin de sa vie. Autour de Philippe Torretton, on sent cette troupe soudée.
Créé à La Scala, théâtre privé ouvert il y a un an, le Galilée de Claudia Stavisky n’a pas à rougir de l’autre production de l’année, celle d’Eric Ruf à la Comédie-Française. On entend le texte engagé de Brecht, les phrases chocs résonnent, les comédiens prennent le temps et le temps est aujourd’hui une denrée rare ! « Penser est un des plus grands divertissements de l’espère humaine » écrit Brecht. On ne voit pas passer les 2h45 du spectacle, totalement happé par la beauté de ce décor clair-obscur et par le jeu captivant de la troupe.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La vie de Galilée
texte Bertolt Brecht
mise en scène Claudia StaviskyAVEC
PHILIPPE TORRETON
– GALILÉE
ET GABIN BASTARD
– MEMBRE DU CONSEIL, COSME ENFANT, LE MOINE, ACCOMPAGNATEUR, LE SECRÉTAIRE, ENFANT DE CHOEUR
FRÉDÉRIC BORIE
– LUDOVICO, CLAVIUS, L’INDIVIDU, BARBERINI – LE PAPE
ALEXANDRE CARRIÈRE
– SAGREDO, LE GROS PRELAT, VANNI, INDIVIDU, LE MOINE DE LA FIN
MAXIME COGGIO
– LE PETIT MOINE, LE MATHÉMATICIEN, UN MEMBRE DU CONSEIL, COSME ADULTE
GUY-PIERRE COULEAU
– LE DOGE, FEDERZONI, LE VIEUX CARDINAL, GAFFONE
MATTHIAS DISTEFANO
– ANDRÉ JEUNE, LE MOINE TITUBANT, LE SECRÉTAIRE, ENFANT DE CHOEUR
NANOU GARCIA
– MADAME SARTI
MICHEL HERMON
– L’INQUISITEUR, LE CURATEUR, LE MARÉCHAL DE LA COUR
BENJAMIN JUNGERS
– ANDRÉ ADULTE, UN MEMBRE DU CONSEIL, LE PHILOSOPHE, LE SAVANT, BELLARMIN, LE FONCTIONNAIRE
MARIE TORRETON
– VIRGINIA, LA FILLE DE GALILÉETexte français
Eloi Recoing © L’Arche Éditeur
Scénographie et costumes
Lili Kendaka
Lumière
Franck Thévenon
Son
Jean-Louis Imbert
Création vidéo
Michaël Dusautoy assisté de Marion Comte
Maquillage / Coiffure
Catherine Bloquère
Assistant à la mise en scène
Alexandre Paradis
Création le 10 septembre 2019 à La Scala, ParisProduction
Les Célestins – Théâtre de LyonAvec le soutien de
Grandlyon, la métropoletexte traduit en français par Éloi Recoing et publié chez L’Arche Éditeur, création du spectacle en septembre 2019 à La Scala Paris
Durée: 2h45
• Célestins, Théâtre de Lyon
Du 7 au 18 octobre 2020
La pièce Galilée sera t elle jouée en Bretagne ou dans l ouest de la France
Merci de nous informer
Pour le moment le plus proche pour vous, c’est Le Quai, Centre dramatique national Angers-Pays de la Loire
23 > 24 janvier 2020