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L’avenir, oratorio d’un ange déchu

Coup de coeur, Les critiques, Paris, Théâtre, Toulouse

Crédit Matthieu Edet

Accompagné des musiciens Yann Sandeau et Jean-Baptiste Cognet, Clément Bondu crée autour de son poème dramatique L’Avenir une performance au charme crépusculaire. Un puissant chant romantique d’après la catastrophe. D’après l’Europe.

Tandis que Clément Bondu s’avance jusqu’à la terre répandue sur scène, qu’il s’arrête près de quelques écrans diffusant une lumière grise, brumeuse, une parole métallique s’élève. La terre est à bout de souffle, dit-elle en substance. Trop fatiguée pour supporter encore la course des hommes, leur éternel désir de pouvoir et de progrès. Derrière leurs synthétiseurs et autres machines cachées dans la pénombre, Yann Sandeau et Jean-Baptiste Cognet posent les bases de l’univers électro-rock à la « vitalité désespérée » de leur groupe Memorial* fondé avec Clément Bondu. L’Avenir peut commencer.

Pour qui ne connaît pas l’auteur et interprète de cette performance créée aux Plateaux Sauvages où il prépare sa prochaine pièce, Dévotion – avec les élèves de la promotion 2019 de l’ESAD, à découvrir au Théâtre de la Cité Internationale du 25 au 28 juin 2019 – , sa voix est une première surprise. Soulignés par la furieuse mélancolie de la musique et par les belles lumières à l’agressivité agonisante de Nicolas Galland, le corps frêle et le visage angélique de l’artiste, son air tombé du ciel, cachent en effet un timbre d’une étonnante profondeur. Un troublant détachement. Ses mots ne sont pas moins inattendus.

« … nous étions partis pour de bon / abandonnées les rues que nous connaissions / depuis toujours / les places à l’ombre des cafés / délabrées par la lumière d’août / et notre jeunesse en allée avec nos souvenirs / la ville que nous aimions », commence-t-il, toujours rivé à sa terre d’où émergent des éclats dorés. Comme dans la fresque musicale Nous qui avions perdu le monde, qu’il déploie depuis plusieurs années avec Memorial*[i] et la plupart des mises en scène, films et performances musicales qu’il crée depuis quatre ans au sein de sa compagnie Année Zéro, le jeune auteur puise pour dire L’Avenir dans des courants littéraires d’hier qu’il met au diapason d’aujourd’hui.

Son art de l’actualisation poétique, Clément Bondu le met au service d’une analyse politique sans concession. Sur la face d’un monde peuplé de « milliers de fantômes / partisans fugitifs / indigents & chômeurs / réfugiés / immigrés ou natifs des démocraties » d’une Europe qu’il qualifie par exemple de « déesse putréfiée / aux lèvres infestées de mouches purulentes », il verse une poésie lyrique aux accents rimbaldiens. Sa langue ciselée, ses images pleines de ruines et de paysages dévastés décrivent un voyage comme on en trouve dans bien des dystopies. Dans Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley par exemple, dont les Sauvages que rencontre le personnage principal au terme de sa fuite font penser aux « Nouveaux Tsiganes » de L’Avenir. Des « bohémiens d’un genre nouveau » qui, dit Clément Bondu, « nous voyant ainsi perdus & désarmés / nous emmenèrent avec eux ».

Bien que statique ou presque, c’est une épopée que scande Clément Bondu. De la gare d’Austerlitz à des contrées lointaines et anonymes – seule Lampedusa, cimetière « d’oiseaux difformes / aux plumes gorgées de pétrole / reliques imputrescibles de cartes mères / cadavres de poissons gonflés / de puces électroniques (…), est nommée – , son oratorio qu’il place dans le sillage de Howl d’Allen Ginsberg et de La Terre vaine de T.S. Eliot traverse les tragédies de notre époque sans verser dans l’apitoiement. Avec une élégance et une âpreté proche de celle de La Jetée de Chris Marker. Autre référence de Clément Bondu, d’autant plus pertinente que l’origine de L’Avenir vient d’une série de photographies prises par l’auteur. Projetées sur les écrans, ces images proches de l’univers post-apocalyptique de Tarkovski complètent subtilement le voyage qui se poursuivra en haut lieu.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

L’Avenir

Texte, conception et interprétation : Clément Bondu
Composition et interprétation musicales : Jean-Baptiste Cognet et Yann Sandeau
Régie son : Mathieu Plantevin
Création et régie lumières, régie générale : Nicolas Galland

Production : Compagnie Année zéro
Coproduction : L’Onde Théâtre Centre d’art Vélizy-Villacoublay
Avec le soutien de la Ville de Paris, de la Spedidam, de l’Adami, de Montévidéo-Marseille et du Théâtre Nouvelle Génération (Lyon)
L’auteur a bénéficié d’une résidence d’écriture de trois mois à Madrid en partenariat avec la Ville de Paris et l’Institut Français de Madrid (2017).
L’auteur est en résidence aux Plateaux Sauvages de 2017 à 2019.
Le texte a reçu l’aide à la création – ARTCENA, dramaturgies plurielles.
En coréalisation avec Les Plateaux Sauvages

Durée : 1 heure

Théâtre de la Cité Internationale, du 28 au 30 mars 2019
7, 8, 9, 11, 12, 18 & 19 novembre 2019
lundi, mardi, jeudi, vendredi, samedi – 20h30
Le spectacle aura lieu en Resserre

7 novembre 2019/par Anaïs Heluin
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