La comédienne Agnès Berthon, figure de la compagnie de Joël Pommerat, est morte ce dimanche 17 août à l’âge de 66 ans, fait savoir sa famille. Ses obsèques se dérouleront le 21 août à Narbonne.
Agnès Berthon a grandi à Nice, avant de faire ses études à Montpellier. Elle ne termine pas vraiment son cursus et file en Angleterre où elle devient pigiste pour le magazine Rock & Stock, puis elle tente d’entrer au Conservatoire, à Paris, avant d’être recalée par son directeur de l’époque, Robert Manuel.
Les années 1980 à Paris sont intenses, avec des premiers spectacles et des rencontres fortes (Gilles Dao, Éric Doye, le réalisateur Michel Cauléa…), où s’alternent des expériences théâtrales audacieuses et des courts métrages, entre Paris et Bruxelles. En 1988, elle croise la route de Christian Benedetti, jouant dans Liliom au Théâtre de la Tempête (l’un des succès de la saison 1990/1991), puis devenant son assistante pour sa mise en scène d’Ivan le terrible la saison suivante.
Le début des années 1990 la ramène à la musique. Sa rencontre avec Christophe Miossec – dont elle partage la vie un temps – la conduit à Brest, puis à Rennes, avec cette fois l’envie de composer et de chanter. L’album Boire de Miossec est une dédicace à Agnès et à leur rupture. Agnès Berthon reste à Rennes et rencontre Dominique Sonic, avec qui elle développe un projet d’album.
Dans un portrait que lui avait consacré Hervé Pons dans Les Inrocks en 2018, elle racontait sa rencontre avec Joël Pommerat : « Je n’avais pas joué au théâtre depuis trois ans. Nous nous sommes rencontrés dans un café de la place d’Italie, à Paris, en novembre 1997, où nous avons parlé pendant trois heures. Il m’a rappelée un mois plus tard, le 31 janvier, pour me dire que même si nous n’avions pas pu faire d’essai, il prenait le risque de me donner le rôle. Je lui ai répondu que j’étais enchantée de prendre le risque ! »
Agnès Berthon a ainsi participé à toutes les créations du metteur en scène depuis Au monde en 2004, jusqu’à Ça ira (1) Fin de Louis. « Elle a parcouru l’œuvre de Joël Pommerat avec des présences participant souvent du réalisme magique du metteur en scène, semblant venir d’ailleurs, androgyne, indéfinissable, apportant une ampleur quasi hallucinogène à la situation (on se souvient du discours entarté dans Ça ira (1) Fin de Louis), aussi puissante dans le silence que dans la parole, ayant trouvé en elle la possibilité improbable d’être à la fois incarnée et désincarnée, accueillant les éléments extérieurs en se laissant déplacer sans pourtant rien chercher : un art de l’acteur assumé sans volonté directe, explique la compagnie de Joël Pommerat dans un communiqué. Camarade de troupe parfaite également, avec l’esprit de collectivité, alors même qu’elle avait un besoin – pourtant grand – de solitude, elle était précieuse, toujours constructive et fédératrice dans le groupe. Une vraie artiste-artisane compagnonne, humble et exigeante dans son travail et ses choix. »
Parallèlement, depuis une dizaine d’années, Agnès Berthon apparaît au cinéma, souvent dans des registres poétiques et des productions indépendantes. On peut la voir notamment dans Notre-Dame des hormones de Bertrand Mandico, ou dans Captives d’Arnaud des Pallières. Son dernier film tourné fin 2024, Les Immortelles de Caroline Deruas, sera présenté en ouverture de la Semaine de la Critique de la Mostra de Venise 2025.
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