Pierre-Louis Calixte est engagé comme pensionnaire de la Comédie-Française en septembre 2006, il y fait ses débuts dans le rôle de Cléante dans Tartuffe de Molière mis en scène par Marcel Bozonnet. Il est nommé 524e sociétaire en janvier 2013. Dans le cadre de l’année spéciale consacrée à Molière à l’occasion des 400 ans de sa naissance, il a conçu Molière-Matériau(x).
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Ça dépend beaucoup de la manière dont se sont déroulées les répétitions. Mais c’est plutôt la joie qui l’emporte, une joie enfantine, comme lorsqu’on fait un cadeau. Cette joie de raconter l’histoire aux gens et de la redécouvrir grâce à eux.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Tout dépend là encore, du spectacle, du rôle et de l’aventure humaine qui a nourri les répétitions, mais quoi que je fasse, ce jour-là, c’est la pensée de la première qui habite ma journée.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Pas de superstitions, peu d’habitudes, à part le maquillage qui est un moment précieux pour moi, seul avec mon reflet, et puis le petit trait de crayon noir sous mes yeux. J’essaie d’être au présent, ouvert à ce qui pourrait advenir que je ne connais pas, que j’attends sans le savoir.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier » ?
En voyant Jacques Weber dans Cyrano de Bergerac. J’avais 15 ans, et ils m’ont donné, tous les deux, Cyrano et lui, comme jamais auparavant, le goût des mots. De les lire, de les dire, de les entendre et de les faire entendre.
Premier bide ?
J’ai oublié mais ma mère m’a dit que c’était vers midi, un jour de novembre 67.
Première ovation ?
Lors de la création de Juste La fin du monde de Jean-Luc Lagarce dans la mise en scène de Michel Raskine à la Salle Richelieu, en 2007. Au-delà d’une ovation, c’était plutôt d’une reconnaissance mutuelle dont il s’agissait.
Premier fou rire ?
Lors d’une représentation d’Ubu Roi, dans la mise en scène de Jean-Pierre Vincent, avec Nicolas Lormeau, Salle Richelieu, face au public, en chantant « C’est nous les Palotins… ». Un chant à deux voix. On est mal partis, faux dès le départ. On s’est arrêté. On a recommencé, essayé plutôt, mais le rire nous a pris. Irrésistiblement.
Premières larmes en tant que spectateur ?
Un soir d’avril 1996, au Théâtre Paris-Villette, en regardant Ce fou de Platonov dans la mise en scène de Claire Lasne. J’ai eu l’impression pour la première fois de comprendre de quoi parlait Tchekhov. Ça m’a saisi d’un coup. Je ne pouvais plus m’arrêter de pleurer. J’ai dû quitter la salle.
Première mise à nue ?
J’étais élève à l’école de la belle de mai que dirigeait Jean-Christian Grinevald. C’était lors d’une improvisation où il s’agissait de dire mon amour à ma partenaire. Mais aucun mot ne me venait. Je me suis senti à la fois si démuni. Oui, on est tout nu quand on aime.
Première fois sur scène avec une idole ?
Jamais encore. Je n’ai rencontré jusqu’à maintenant que des hommes et des femmes.
Première interview ?
L’été 1998 avec Pierre Notte. Il travaillait alors pour L’Évènement du jeudi. Je jouais en Avignon, Papa Mama de Lothar Trolle, avec la compagnie Carcara Producteurs. Je m’en souviens comme d’un échange et d’une rencontre.
Premier coup de cœur ?
En 5ème, en disant, en cours de Français le monologue d’Harpagon : « Au voleur, Au voleur… ». J’ai découvert, ce fut un choc, l’alternative puissante à la réalité que m’offrait la fiction, pour être dans le même mouvement, d’autant plus soi-même qu’on est un autre. Je n’en suis toujours pas revenu.
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