• Facebook
  • Twitter
  • Accueil
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Contact
Sceneweb
  • À la une
  • Les critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • les interviews
  • En bref
  • Thèmes
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Théâtre musical
    • Cirque
    • Marionnettes
    • Jeune public
  • Génération Sceneweb
  • Festivals
  • Rechercher
  • Menu Menu
Vous êtes ici : Accueil1 / Actu2 / Olivier Balazuc : « Prenons garde que nos masques ne se transforment pas ...

Olivier Balazuc : « Prenons garde que nos masques ne se transforment pas en muselières »

Actu, Les interviews, Théâtre

photo Patricia Dietzi

Dans le silence laissé par la fermeture des théâtres et autres lieux d’art et de culture, le comédien et metteur en scène Olivier Balazuc fait entendre sa colère et son incompréhension. Il appelle au dissensus.

Dès le premier jour du premier confinement, vous lanciez un blog intitulé Le jour où (presque tout s’arrêta), où à travers une écriture de l’intime vous disiez notamment les dysfonctionnements révélés par la situation actuelle (nous en parlions ici et là). Vous ne poursuivrez pas ce blog pendant ce second confinement. Pourquoi ?

Quand nous sommes rentrés dans le premier confinement, nous ne savions rien. La circulation du virus, sa durée de vie, les moyens de nous en protéger… Tout cela nous échappait complètement. C’est d’ailleurs pourquoi la population a entièrement joué le jeu. De nombreux artistes dont je fais partie ont tenté de faire œuvre du moment, d’exprimer que l’immobilité ne nous condamnait pas à l’immobilisme, que notre créativité, notre capacité à penser l’époque demeuraient plus vivaces que jamais. La virtualité était un moyen de conserver le lien avec le public dans un contexte où l’ensemble de la société se retrouvait à l’arrêt. C’était un don spontané. Cette fois, la situation est différente. Déjà parce que l’annulation et le report de nombreuses dates de représentations et de résidences nous a placés dans une grande fragilité économique. Et ce second confinement n’est pas de même nature que le premier : une décision gouvernementale définit notre travail comme « non essentiel » et nous empêche en partie de l’exercer. C’est autoritaire, et profondément injuste, comme pour les librairies par exemple. Il n’y a aucune raison que je reste chez moi, je veux consacrer mon temps au spectacle que je suis en train de monter.

C’est là l’objet principal de l’appel que vous nous avez lancé au lendemain de l’annonce de ce second confinement. Dire que le théâtre, que l’art sont des biens de première nécessité.

Il est important de se rappeler que dans son Petit Manifeste de Suresnes qu’il écrit en 1951, alors qu’il mettait en place des représentations décentralisées pour les ouvriers des usines Renault, Jean Vilar revendiquait son action comme un bien de « première nécessité », au même titre que « le gaz, l’eau et l’électricité ». Le théâtre public tel qu’il existe aujourd’hui, ou tel qu’il tente encore d’exister, s’est construit sur cette vision. Les théâtres sont parmi les derniers lieux de parole où l’on peut expérimenter une distance critique, une insolence qui offrent une alternative au flux d’information en continu et à la gouvernance par la peur. N’est-ce pas de « première nécessité » ?

Dans les articles de votre blog, une question revenait régulièrement : « De quoi la Covid est-elle le nom ? ». Qu’en diriez-vous aujourd’hui ?

Mon point de vue n’a pas changé, l’épidémie de Covid n’est pas la cause première de notre catastrophe systémique, elle est un effet révélateur de défaillances structurelles et de politiques économiques dévastatrices pour l’environnement et la société. Or, toute réflexion de fonds a été balayée par un état d’urgence qui menace de devenir permanent. Alors, comment comprendre des décrets qui sanctionnent des secteurs essentiels où les risques ne sont pas avérés ? Le spectacle vivant, qui, il faut le rappeler constitue la première ressource économique française, s’est très vite adapté aux mesures sanitaires. Avec l’espacement des spectateurs, la distribution de gel hydroalcoolique ou encore la fermeture de leurs bars, les lieux de spectacle vivant ont été exemplaires. On ne peut pas nous faire croire qu’il est plus dangereux d’aller au théâtre que de prendre le métro. J’ai toujours pensé que le sort réservé au théâtre était le baromètre de la démocratie. Force est de constater qu’elle va mal. Avec toutes ces mesures prises de manière autoritaire, sans consultation des instances démocratiques, c’est l’ensemble du service public qui paye, très cher. Regardons l’hôpital public, tenu pour héroïque par le gouvernement pendant le premier confinement. Que reste-t-il de ces paroles ? Aucune leçon n’a été tirée de la crise, et le système hospitalier se retrouve en pleine hémorragie. Avec ces décisions au coup par coup, je crains que l’on nous installe dans une précarité systémique. Au nom du principe de précaution, l’espace public nous est confisqué, nous ne sommes pas libres de nos corps dans la rue. Il est impossible de manifester, de faire valoir une parole critique sans être taxé de complotisme. J’ai la sensation de vivre en plein Metropolis. Prenons garde que nos masques ne se transforment pas en muselières. Ce qui fait la bonne santé de la démocratie, il est bon de le rappeler, ce n’est pas le consensus, mais bien le dissensus.

La fragilisation du service public que vous décrivez ne date pas d’hier. Depuis quand la ressentez-vous en tant qu’artiste ? Sous quelles formes ?

L’un des grands changements que j’ai eu à déplorer depuis que j’ai commencé, c’est l’expropriation de l’artiste de son lieu de travail. Alors qu’il a été, et devrait toujours en être le centre. On ne parle d’ailleurs plus d’art, mais de « culture ». Et le mot « théâtre » disparaît des frontons de ces maisons, comme si ce mot désignait une chose honteuse. Avec la multiplication des intermédiaires entre lui, les théâtres et les institutions, l’artiste est devenu un prestataire de services de l’industrie culturelle. À devoir remplir des cases préétablies – au premier rang desquelles, la diffusion –, avant même d’avoir éprouvé ses envies et ses idées sur un plateau, l’artiste de théâtre s’assèche, il se formate. On le contraint à devenir un produit, au nom d’une logique de compétitivité qui annule tout historique de création, toute démarche un peu singulière. Le champ se rétrécit à vue d’œil entre l’estampille « artiste émergent » et celle d’artiste reconnu, c’est-à-dire officiel. On est entré dans un principe de rentabilité à court-terme, cher à la logique du « zéro risque ». Un Jean-Luc Lagarce n’aurait jamais pu exister dans un tel contexte. Or, la « culture », c’est ce qui reste quand un artiste n’est plus. Elle ne saurait lui préexister. La preuve en est qu’au moment où un artiste commence, il se retrouve souvent en butte au goût ou la tendance de l’époque. Telle est et doit demeurer la mission du service public : donner le temps, les moyens et l’outil à l’artiste pour développer une œuvre. Au-delà de la case « émergence », ce qui compte, c’est que les artistes émergent ! C’est pourquoi on voit de plus en plus d’équipes, jeunes ou confirmées, tenter désormais l’aventure « en marge » de l’institution, créer des fabriques. Une manière de retrouver un souffle vital.

Que pensez-vous utile de faire en cette période, pour amorcer un changement ?

Il faut faire savoir que des artistes travaillent en ce moment dans les théâtres. Il faut que tous les théâtres accueillent des équipes, mettent leurs moyens financiers et techniques à leur service, même si nous ne pouvons pas faire de représentations. Les lieux doivent être habités, car c’est leur vocation, multiplier les captations, créer des solidarités nécessaires. Les spectacles joués dans des maisons vides pourraient être diffusés sur les chaînes de télévision locales, par exemple, moyennant bien sûr rétribution aux compagnies. Dans la mesure où les enfants vont à l’école, les représentations scolaires pourraient aussi être maintenues, avec l’accord des préfets. En cette période difficile, le lien avec la jeunesse doit absolument être conservé, et même renforcé.

Observez-vous les mêmes attentes dans l’ensemble du milieu théâtral ?

Je crois que beaucoup d’artistes sont encore dans la sidération d’être à ce point ignorés, invisibilisés. Comme si pour le gouvernement, le fait d’accorder l’année blanche aux intermittents avait réglé une fois pour toutes le problème. Je me réjouis de voir que de nombreux directeurs de lieux prennent la mesure du problème et œuvrent avec nous à trouver des solutions pour donner à voir notre travail. Les directeurs de L’Agora – pôle national cirque de Boulazac et du Moulin du Roc – scène nationale de Niort, coproducteurs de mon spectacle W, d’après W ou le Souvenir d’enfance de Georges Perec qui aurait dû voir le jour le 23 novembre, sont de ceux-là. L’art n’est ni un luxe ni un dérivatif, il permet aux spectateurs de forger des outils de compréhension du réel. En tant que citoyens, nous en avons besoin dans ce moment de grande tension que connaît la civilisation. Et c’est l’occasion pour la « culture » de réaffirmer la place primordiale des créateurs, qui sont la raison d’être de notre maillage théâtral unique au monde.

Propos recueillis par Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

10 novembre 2020/1 Commentaire/par Anaïs Heluin
Mots-clés : confinement, Olivier Balazuc, service public
Partager cet article
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur Twitter
  • Share on WhatsApp
  • Partager sur Pinterest
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
1 réponse

Laisser un commentaire

Participez-vous à la discussion?
N'hésitez pas à contribuer!

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Notre collection sur l’histoire du théâtre

Notre collection CàJ

Un minute de danse par jour avec Nadia Vadori-Gauthier

Dans le moteur de recherche, plus de 13000 spectacles référencés

On vous invite au spectacle, soyez les premiers informés !

Vérifiez votre boîte de réception ou vos indésirables afin de confirmer votre abonnement.

Dans le moteur de recherche de sceneweb, plus de 13000 spectacles référencés

  • À la une
  • Les critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • les interviews
  • En bref
  • Thèmes
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Théâtre musical
    • Cirque
    • Marionnettes
    • Jeune public
  • Génération Sceneweb
  • Festivals

Commentaires récents

  • BECQUET dans Organiser, ou non, une présentation professionnelle : le « choix douloureux » des artistes
  • CAROL STYL dans Culturebox sur la TNT jusqu’à la réouverture des lieux culturels
  • Émile Biayenda dans L’appel de LA FACTORY//Fabrique à Avignon pour ouvrir les théâtres samedi 30 janvier
  • L.B.E Ouvrage.NET dans L’appel de LA FACTORY//Fabrique à Avignon pour ouvrir les théâtres samedi 30 janvier
  • Janvier-Cultures | Revue de presse Emancipation dans Une Hamlet au royaume des fous

Étiquettes

amour Anne Teresa De Keersmaeker Avignon ballet bio biographie Boris Charmatz cirque Comédie Française Coronavirus Covid 19 critique Danse David Bobee David Lescot durée Fabrice Melquiot festival Festival d'Avignon Festival d'Avignon 2017 génération sceneweb histoire interview Ivo van Hove jeune public marionnettes molière nomination Off Olivier Py opéra Pascal Rambert politique portrait prix Robin Renucci Romeo Castellucci Shakespeare Stanislas Nordey Tchekhov Thomas Jolly théâtre Victor Hugo Wajdi Mouawad william shakespeare
© Sceneweb | Agence Digitale et Design : Limbus Studio - Maintenance Wordpress
  • Accueil
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Contact
Faire défiler vers le haut

Ce site utilise des cookies. En continuant à naviguer sur le site, vous acceptez notre utilisation des cookies.

OKSavoir plus

Paramètres de la barre titre



Comment on utilise les cookies

Nous pouvons demander que les cookies soient réglés sur votre appareil. Nous utilisons des cookies pour nous faire savoir quand vous visitez nos sites Web, comment vous interagissez avec nous, pour enrichir votre expérience utilisateur, et pour personnaliser votre relation avec notre site Web.

Cliquez sur les différentes rubriques de la catégorie pour en savoir plus. Vous pouvez également modifier certaines de vos préférences. Notez que le blocage de certains types de cookies peut avoir une incidence sur votre expérience sur nos sites Web et les services que nous sommes en mesure d'offrir.

Cookies Web Essentiels

These cookies are strictly necessary to provide you with services available through our website and to use some of its features.

Because these cookies are strictly necessary to deliver the website, refuseing them will have impact how our site functions. You always can block or delete cookies by changing your browser settings and force blocking all cookies on this website. But this will always prompt you to accept/refuse cookies when revisiting our site.

We fully respect if you want to refuse cookies but to avoid asking you again and again kindly allow us to store a cookie for that. You are free to opt out any time or opt in for other cookies to get a better experience. If you refuse cookies we will remove all set cookies in our domain.

We provide you with a list of stored cookies on your computer in our domain so you can check what we stored. Due to security reasons we are not able to show or modify cookies from other domains. You can check these in your browser security settings.

Code de Suivi Google Analytics

These cookies collect information that is used either in aggregate form to help us understand how our website is being used or how effective our marketing campaigns are, or to help us customize our website and application for you in order to enhance your experience.

If you do not want that we track your visit to our site you can disable tracking in your browser here:

Autres services externes

We also use different external services like Google Webfonts, Google Maps, and external Video providers. Since these providers may collect personal data like your IP address we allow you to block them here. Please be aware that this might heavily reduce the functionality and appearance of our site. Changes will take effect once you reload the page.

Google Webfont Settings:

Google Map Settings:

Google reCaptcha Settings:

Vimeo and Youtube video embeds:

Other cookies

The following cookies are also needed - You can choose if you want to allow them:

Politique de Confidentialité

Vous pouvez lire plus sur nos cookies et les paramètres de confidentialité en détail sur notre Page de Politique de Confidentialité.

Politique de confidentialité
Accept settingsHide notification only