Avec La Vie que je t’ai donnée (1923), Pirandello livre un récit bouleversant.
Le fils d’Anna est de retour mais, à peine rentré, il meurt subitement. Anna ne verse pourtant aucune larme, elle dit qu’il vit, qu’il reviendra, on la croit délirante. Et s’il suffisait « que la mémoire soit vivante pour que le rêve devienne vie » ?
Anna va jouer un rôle, faire jouer des rôles, créer une scénographie pour faire croire que son fils est toujours vivant… Le théâtre est ici une nécessité. Comme dans la vie. Même momentanément. Que Pirandello parvienne à parler de cela et à le lier à la vie sans le côté formel de la mise en abyme, justifie le fait de passer beaucoup de temps sur cette création. Pour faire sentir la force et la précision des mots, le travail de Ginette Herry, qui a proposé une nouvelle traduction, est extraordinaire.
C’est très clairement une pièce lumineuse sur la vie, sur la façon dont nous appréhendons notre condition humaine. À un moment donné, Pirandello nous dit : « Qui sait ce qui se passe dans un lieu dont on est sorti ? »… Un tiroir s’ouvre, une chaise bouge, autant d’indicateurs de la présence du fils qui semble aussi vivant à sa façon. La pièce n’est pas mortifère, mais tournée vers la vie. Elle éveille en nous, l’importance de l’intensité avec laquelle nous pouvons vivre nos vies, dans le temps qui nous est imparti, plus ou moins grand, mais cela, nous ne le savons pas. Je crois que j’ai dû ressentir cela quand j’avais douze ans, quand j’ai décidé de donner ma vie pour faire du théâtre. C’était la philosophie la plus juste pour accepter la fin. Car le théâtre est une succession de fins : fins de représentations, fins de spectacles. Nous vivons avec cela
C’est une façon d’appréhender autrement notre condition et de profiter autrement du temps qui nous est donné. Nous savons que cela s’arrête et c’est cela qui est formidable. La Vie que je t’ai donnée véhicule cette idée. Elle peut amener le spectateur à la percevoir et à en être touché. Cette pièce est une ouverture sur l’acceptation.
Jean Liermier, extrait d’un entretien réalisé par Brigitte Prost.
De Luigi Pirandello
Traduction Ginette Herry
Mise en scène Jean Liermier
Avec
Hélène Alexandridis
Viviana Aliberti
Michel Cassagne
Sara Louis
Clotilde Mollet
Elena Noverraz
Yann Pugin
Stéphanie Schneider
(distribution en cours)
Scénographie
Yves Bernard
Costumes
Coralie Sanvoisin
Lumières
Jean-Philippe Roy
Son
Jean Faravel
Accessoires
Georgie Gaudier
Couture
Véréna Gimmel
Coiffure et maquillage
Leticia Rochaix-Ortis
Production déléguée :
Théâtre de Carouge – Atelier de Genève
Coproduction :
Théâtre de Carouge – Atelier de Genève ; TKM Théâtre Kléber-Méleau
Ce spectacle est réalisé grâce au soutien de Notenstein La Roche Banque Privée et de la Fondation Leenaards.
Création le 26 janvier 2016 au Théâtre de Carouge – Atelier de GenèveThéâtre National de Toulouse
Du 14/11/17
au 18/11/17Théâtre des Célestins de Lyon
Du 21 au 25 novembre 2017
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