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« Épique ! (pour Yikakou) », Nadia Beugré sur les traces de sa famille

A voir, Danse, Lausanne, Les critiques, Paris
Épique ! (pour Yikakou) de Nadia Beugré
Épique ! (pour Yikakou) de Nadia Beugré

Photo Werner Strouven

Créé au Kunstenfestivaldesarts, à Bruxelles, en mai dernier, Épique ! (pour Yikakou) de Nadia Beugré travaille la mémoire d’un lieu et d’êtres disparus.

Lors de sa dernière venue au festival Montpellier Danse, en 2023, Nadia Beugré mettait en scène, avec Prophétique (on est déjà né.es), un collectif de personnes trans et non-binaires. Des protagonistes aux vies invisibilisées, marginalisées et précarisées qui affirmaient avec vitalité leurs identités. Pour sa nouvelle création, la danseuse et chorégraphe part sur les traces de son histoire familiale. Ces traces disparues, effacées – Yikakou, village de ses origines, ayant été abandonné et la nature ayant repris ses droits –, l’artiste qui a grandi à Abidjan se met en quête de les célébrer. Qualifié de solo – en ce qu’elle porte une voix très intime – quoique partagé au plateau avec les deux artistes performeuses Salimata Diabate et Charlotte Dali, Épique ! (pour Yikakou) se donne comme une création aux allures de rituel aussi sincère que ténue dans sa proposition et sa dramaturgie. À ce titre, on émettra l’hypothèse que cette forme, en dépit de sa fragilité, de son caractère elliptique ou évanescent, laissera néanmoins quelques images – des traces – qui marqueront dans la durée. Car il y a bien une certaine force à la modestie de l’ensemble, à cette façon de déployer, sans jamais illustrer, un espace de célébration pour un territoire et des êtres disparus.

Avant même que le spectacle ne débute, deux éléments se dessinent dans la quasi-obscurité du plateau : des feuillages situés en hauteur à cour et du sable éclairé d’un faible rai de lumière nocturne sis à jardin. Bientôt, des chants et de la musique résonnent et les deux artistes accompagnant Nadia Beugré font leur entrée : Salimata Diabate, balaphoniste et percussionniste burkinabé, et Charlotte Dali, chanteuse, danseuse, musicienne et percussionniste ivoirienne. Sur la scène où la lumière s’est faite, elles sont bientôt rejointes par la chorégraphe. Celle-ci porte un fagot de branches de petit bois taillées et un large foulard blanc écru sur les épaules. Toutes les trois simplement vêtues – rien ne renvoyant à une idée de costumes signifiant une position –, elles vont se livrer, ensemble ou de façon individuelle, à des actions.

Alternant gestes, chants psalmodiés ou non, déplacements erratiques au plateau et séquences plus précises, l’ensemble dessine un espace symbolique fluctuant. Pour l’expliciter, Nadia Beugré livre dans l’une des premières scènes le contexte : revenue dans le village de ses aïeux et aïeules – l’une d’entre elles étant son arrière-arrière-grand-mère qui lui a donné l’un de ses prénoms –, l’artiste y cherche la tombe de son père. Une fois celle-ci enfin retrouvée, elle n’aura rien pour la nettoyer. Ce récit bref où se dit une douleur profonde permet de saisir certaines scènes spécifiques comme la démarche globale. La distribution de mouchoirs en papier au public, ainsi que la fabrication au sol d’un vaste rectangle composé de mouchoirs, renvoient possiblement autant à l’inconsolable de ces situations de perte (de mémoire, de lieu, du père) qu’au désir de rendre hommage au mort. Épique ! (pour Yikakou) tient du rituel en sourdine, du tressage d’une démarche mémorielle aux gestes du quotidien, du travail de deuil et de ce que ce dernier porte en lui de réactivation d’histoires et de vies déplacées, oubliées.

Est-ce le fait qu’une telle démarche de convocation des êtres et des lieux disparus demeurera toujours lacunaire qui suscite un sentiment d’inachevé face au spectacle ? Pas totalement et, en l’état de sa création, Épique ! (pour Yikakou) souffre encore de faiblesses. Certaines séquences – telle celle où Nadia Beugré, puis ses deux acolytes s’oignent de beurre de karité – s’éternisent, d’autres manquent d’une précision qui permettrait de densifier le propos, d’autres encore se révèlent trop en surface. Quant au caractère épique et à la cohésion collective espérée au vu de la démarche, ces deux éléments demeurent pour l’instant peu présents. Souhaitons qu’au fil des représentations, la puissance de certaines séquences – telle la scène finale – gagne l’ensemble et permette au spectacle de déployer son émouvant rituel de réparation.

caroline châtelet – www.sceneweb.fr

Épique ! (pour Yikakou)
Direction artistique et interprétation Nadia Beugré
Interprétation et musique live Charlotte Dali, Salimata Diabate
Scénographie Jean-Christophe Lanquetin
Création lumière Paulin Ouedraogo
Dramaturgie Kader Lassina Touré

Production Libr’Arts
Coproduction Festival Montpellier Danse 2025 ; Kunstenfestivaldesarts, Bruxelles ; Charleroi danse – Centre chorégraphique national de la fédération Wallonie Bruxelles ; Festival d’Automne à Paris ; CCN de Caen en Normandie dans le cadre de l’accueil studio ; Theater Freiburg ; ICI CCN de Montpellier Occitanie dans le cadre du dispositif artiste associé
Avec le soutien de la DRAC Occitanie, d’Ivoire Marionnettes et de l’Institut français de Côte d’Ivoire

Durée : 1h

Vu en juin 2025 au Studio Bagouet, dans le cadre de Montpellier Danse

Odeon Theater, Vienne (Autriche), dans le cadre de ImPulsTanz
du 8 au 10 août

Short Theatre, Rome (Italie)
les 5 et 6 septembre

Théâtre Silvia Monfort, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
les 7 et 8 novembre

Théâtre Vidy-Lausanne (Suisse)
du 19 au 22 novembre

Théâtre 13 Bibliothèque, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
du 2 au 5 décembre

26 juin 2025/par Caroline Chatelet
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