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David Bobée : « Le monde de la culture est raciste ! »

À la une, Les interviews, Théâtre

David Bobée

Des artistes et des professionnels des Arts et de la Culture mettent les pieds dans le plat et réclament plus de place pour tous les artistes sans distinction de couleur de peau. Une initiative que nous soutenons, combien de fois nous avons regretté ici que de formidables actrices et acteurs noirs ne soient pas suffisamment distribués.

« Décoloniser les arts » – c’est le nom de ce collectif –  vient d’envoyer un questionnaire (reproduit ci-dessous) à tous les directrices et directeurs des Théâtres nationaux, des Centres Dramatiques Nationaux et des Scènes Nationales. Ces artistes déclarent agir « contre les discriminations ethniques dans le spectacle vivant et les arts. » Ils ont également envoyé un lexique à employer dans toutes publications ou discussions qui pourraient faire avancer l’acceptation de la diversité dans la Culture française (à retrouver en bas de page). Vous pouvez adhérer au collectif.

Parmi les membres de ce collectif figure le metteur en scène David Bobée, directeur du CDN de Haute-Normandie, engagé depuis longtemps dans la diversité, il monte au créneau pour faire avancer les mentalités et pointe la frilosité du monde culturel. Interview.

Pourquoi cet engagement au sein de ce collectif ?

Il faut se rendre compte que le monde de la culture en France est raciste. Ce n’est pas un racisme de haine. C’est un racisme d’omission. Un racisme d’oubli. Une partie de la population est systématiquement ignorée. Il faut remédier à cela si l’on veut que la culture s’adresse à tous.

Il existe pourtant en France le Festival des francophonies à Limoges ou le Tarmac à Paris qui produisent et diffusent des spectacles avec des artistes noirs.

Heureusement que ces lieux existent, ce sont des lieux de résistance, mais la présence des cultures minorées doit être montrée dans TOUS les endroits. On parle de 30 % de la société qui n’est pas blanche. Et lorsqu’elle est représentée souvent ce sont dans des productions étrangères. Et les artistes français, afro descendants n’existent pas. On n’entend pas leur parole.

Qu’est ce que vous en attendez de ce questionnaire ?

Il faut que les directrices et directeurs se fixent des enjeux. En France on ne peut pas faire de référencement ethnique, on ne doit pas faire de quota. On fait appel à leur bonne intelligence et à leur bonne volonté. On sait très bien que cela a donné des résultats chiffrés sur la parité femmes-hommes lorsque l’on a nommé plus de femmes à la tête de structures culturelles. En deux saisons des talents sont apparus. C’est loin d’être réglé mais on avance. On peut faire la même chose avec la couleur de la peau. On ne peut pas continuer à proposer une culture blanche pour des blancs et ignorer une partie de la population, et en même temps s’étonner que cette minorité ne se reconnaissance pas dans la communauté nationale. On a une responsabilité. Ce serait une belle réponse de la culture face au fossé qui se creuse de plus en plus entre les blancs et les noirs.

Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr

  • Le questionnaire de « Décoloniser les arts »

– Connaissez-vous des non-blancs, non-blanches directeur ou directrice d’institution culturelle publique ?
– Si oui, dans des Scènes nationales ?
– Ou des CDN ?
– En France métropolitaine ou en outre-mer ?
– Dans des Théâtres nationaux ?
– Avez-vous des collaborateurs non-blancs dans votre équipe permanente ?
– Si oui, à quels postes ?
– Partagez-vous ce sentiment que la France est construite et nettoyée par une infra-société invisible et non-blanche ?
– Avez-vous des artistes associé.e.s dans votre théâtre ?
– Quelle est leur couleur de peau ?
– Pourquoi n’y a-t-il que des blanc.he.s dans la plupart des spectacles français ?
– Quel est le sens dramaturgique recherché ?
– Pourquoi les metteur.e.s en scène français ne distribuent-ils pas davantage d’acteurs issus des diversités ?
– Avez-vous déjà invité un artiste que vous produisez à être attentif à la diversité dans sa distribution ?
– Si des « non-blancs » existent sur vos plateaux, c’est dans quelles proportions par rapport aux blancs ?
– S’il y a des Noirs, des Arabes, des Latins, des Asiatiques dans les spectacles que vous programmez, quels rôles ont-ils ?
– Combat de nègres et de chiens de Koltès, Les nègres de Genet, Chocolat clown nègre, sont-ce à votre avis les seules pièces qui permettent en France d’offrir un rôle à un Noir ?
– Dans ce monde là, Othello joué par un blanc parmi les blancs, on valide ?
– Dans votre établissement, les « non-blancs » sont-ils principalement programmés en danse et en musique (domaines de compétences généralement concédés aux noirs dans un imaginaire colonial) ?
– Avez-vous remarqué que le théâtre en France, reste une discipline associée à la parole, à la pensée, à l’intelligence et que dans un imaginaire colonial, sa pratique professionnelle reste réservée aux blancs ?
– S’il y a des non-blancs sur vos plateaux, sont-ils français ou étrangers ?
– Avez-vous remarqué que la plupart des interprètes noirs qui jouent en France, le font dans des productions internationales (américaines, anglaises, sud américaines ou africaines) ?
– Avez vous remarqué que les Afrodescendants français sont, eux, toujours ignorés ?
– Si votre théâtre est implanté en milieu rural, pensez-vous qu’il y a une certaine logique à ne pas beaucoup programmer d’artistes noirs puisque la population issue des immigrations vit essentiellement dans les zones urbaines et péri-urbaines ?
– À quelques exceptions près, dans quelles zones de France vote–t-on massivement pour le Front National ?
– Si des interprètes « non-blancs » ont accès à vos plateaux, accompagnez-vous également les productions de créateurs « non-blancs » : metteurs en scène ou chorégraphes (c’est à dire en position de direction) ?
– Pourquoi si peu ?
– Dans les histoires qui sont convoquées sur vos plateaux, les récits des immigrations, de la traite des Noirs, des colonialismes, des guerres de France, de la politique étrangère française, des minorités, des banlieues, des vies contemporaines et sensibles des personnes issues de ces histoires… sont ils racontés ?
– Par qui ces récits sont-ils racontés ? Des blancs ou des non-blancs ?
– De quelles couleurs de peau, de quelle(s) origine(s) culturelle(s) sont les auteur-e-s de votre saison ?
– Une Culture qui exclut une partie de la population est-elle un peu responsable de son sentiment de non-appartenance à la communauté nationale ?
– La culture peut-elle, encore véritablement, nous rassembler et nous permettre de nous reconnaître malgré nos différences ?
– Ce questionnaire est-il perçu par vous comme un reproche qui vous est adressé ou comme la demande émue d’une partie de la population de n’être plus oubliée ? D’être considérée.

  • Décoloniser les arts: le lexique

– Racisé : assigné et réduit à une origine, réelle ou fantasmée, du fait de sa couleur de sa peau, son faciès, ou son patronyme. Plus clairement dit : victime de racisme (qu’il soit de haine, de préjugé ou d’omission). Nous avons employé jusqu’à présent le terme « non-blanc » pour ne pas vous heurter trop vite. Nous lui préférons celui de racisé. En effet on ne saurait définir une population ou des individus pas une négation, « non-blanc ». Certes ce mot, racisé, peut sembler violent. Violence, justement, dont sont victimes les populations racisées.
– Racisation : ensemble de discriminations et de persécutions reposant sur des critères raciaux. Les mots sont durs mais ce n’est pas parce que les races n’existent pas que le racisme ne sévit pas. Il s’agit de savoir le nommer pour pouvoir le combattre.
– Discrimination positive : cela n’existe pas. C’est une mauvaise traduction plus ou moins volontaire de « positive action ». Nous lui préférons donc la traduction d’ « action positive contre les discriminations ». Et d’un seul coup il devient plus facile et plus positif d’être volontaire quand on empêche les détenteurs du privilège blanc de définir notre langage !
– Racisme anti-blanc : arme de défense des groupuscules identitaires pour empêcher la reconnaissance de la diversité du peuple de France.
– Statistiques ethniques : outil indispensable pour comprendre notre société, son évolution et pour adapter la politique à ses besoins. Interdites en France, les pouvoirs publics lui préfèrent des critères sociaux, géographiques ou de nationalité. Or en France, être immigré ne nous situe pas toujours en banlieue, être arabe ne rime pas toujours avec pauvreté et être noir ne veut pas toujours dire qu’on vienne d’ailleurs.
– Racisme par omission : il diffère du racisme de haine (plus identifiable et plus combattable). Le racisme par omission est par définition difficilement visible tant notre regard s’est habitué à la neutralité du blanc. Il nous appartient de modifier notre regard formaté par des siècles de pensée coloniale. Nous sommes nombreux dans la société française à y participer sans en avoir conscience : ne pas faire attention à ceux et celles qui manquent participe, malgré nous, et par effet de retranchement à ce type de racisme.
– Black : il serait préférable de ne pas. À part notre premier ministre, personne ne parle de « white » pour définir les blancs.
– Personnes de couleur : soyons sérieux, nous parlons d’hommes, de femmes et d’enfants, pas de M&M’s.
– Noir : n’est pas un gros mot, aucune gêne à avoir. Un Noir, une Noire.

4 mars 2016/par Stéphane Capron
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