En juin 2015, Adel Hakim a créé Jérusalem-Est au Théâtre National Palestinien, Des Roses et du Jasmin, sa dernière pièce. L’auteur et metteur en scène décédé cet été nous laisse une tragédie dans la plus pure tradition du théâtre grec.
On se souviendra longtemps de cette première au Théâtre National Palestinien, théâtre niché dans une petite cour, lieu de résistance qui vit sans aucune subvention, ni d’Israël, ni de l’Etat Palestinien. Amer Khalil, le directeur, doit courir après les dons et les aides de structures étrangères pour faire fonctionner le lieu.
Faire du théâtre en Palestine est un sacerdoce pour tous les comédiens qui doivent se plier à de multiples contraintes comme Shadem Salim, époustouflante dans cette production. « Je pense que tout le monde se plaint sauf aux Etats- Unis ! Nous on rencontre énormément de difficultés que ce soit au niveau des conditions de travail ou des rémunérations. Ce n’est pas facile de faire ce métier ici. Parce qu’il y a des déplacements compliqués. Cela dépend où se trouve le comédien par rapport aux lieux de répétition parce qu’il y a les checkpoint au milieu même pour faire peu de kilomètres: c’est l’enfer. Cela met souvent de mauvaise humeur en arrivant au théâtre. Ce n’est pas évident. »
La pièce écrite par Adel Hakim raconte 40 ans de l’histoire d’Israël et de la Palestine à travers trois générations d’une même famille et le destin croisé de deux sœurs Rose, soldate israélienne et Yasmine, prisonnière palestinienne. C’était la première fois qu’une pièce mettait en confrontation les deux parties sur une scène en Palestine. Un véritable tour de force pour l’auteur français Adel Hakim qui a dû user de beaucoup de pédagogie et d’énergie auprès des acteurs palestiniens. La pièce débute en 1944. Elle évoque la Shoah et l’arrivée des juifs après la guerre, des faits historiques dont on ne parle pas dans les manuels d’école en Palestine. La pièce a fait débat au sein du conseil d’administration du théâtre et au sein de l’équipe de comédiens. Hussam Abu Eisheh est l’un des plus anciens de la troupe. Il incarne Aaron, un soldat israélien engagé dans la lutte pour la création d’Israël. « En général dans les pièces arabes lorsque l’on décrit des personnages israéliens, ce sont des archétypes, des caricatures….C’est un soldat, quelqu’un qui interroge dans une prison….Il n’y a pas forcément d’humanité. Il est très rare d’interpréter des personnages avec un parcours psychologique. Cela a été un grand défi pour moi car je dois justifier les actions de mon personnage « Aaron » à travers mon interprétation. C’est aussi un défi vis à vis du public palestinien qui souvent a aussi du mal à considérer que les juifs sont aussi des êtres humains. »
Le projet a été porté à bout de bras par Adel Hakim qui avait déjà mis en scène « Antigone » avec les mêmes comédiens. Cette pièce chorale, très féministe porte avant tout un message universel.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Des roses et du jasmin
texte et mise en scène
Adel Hakim
édition
L’Avant Scène Théâtre
scénographie et lumière
Yves Collet
dramaturge
Mohamed Kacimi
assistante à la mise en scène
Giorgina Asfour
collaboration artistique
Nabil Boutros
costumes
Dominique Rocher
vidéo
Matthieu Mullot
chorégraphie
Sahar Damouni
avec
Hussam Abu Eisheh
Alaa Abu Gharbieh
Kamel El Basha
Yasmin Hamaar
Faten Khoury
Sami Metwasi
Lama Namneh
Shaden Salim
Daoud Toutah
Coproduction Théâtre National Palestinien, Théâtre des Quartiers d’Ivry, Centre Dramatique National du Val-de-Marne.
Action financée par le Conseil Régional d’Ile-de-France et avec l’aide du Consulat Général de France à Jérusalem.
Durée estimée > 3h
entracte inclus
Spectacle en arabe surtitré en français avec les acteurs du Théâtre National Palestinien.Théâtre des Quartiers d’Ivry
Manufacture des Oeillets
05 > 16 MAR 2018
Spectacle à 19h sauf samedi à 18h et dimanche à 16h. relâche le mercredi20 mars > Les Treize Arches – scène conventionnée de Brives-la-gaillarde
23 mars > Théâtre du Passage Neuchâtel (Suisse)
27 mars > Théâtre du Vesinet
29 mars > Théâtre de Cachan
5 avril > Théâtre le Parvis – Tarbes
13 et 14 avril > Théâtre Liberté – Toulon
21 avril >Théâtre national de Nice
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