Guillaume Vincent a créé « Songes et Métamorphoses » à la Comédie de Reims en début de saison. Comme le nom le laisse supposer, deux textes s’enchaînent. La première partie est une réécriture de quelques « Métamorphoses » d’Ovide, la seconde est le « Songe d’une Nuit d’été » de Shakespeare. Ce spectacle au long cours est une réflexion théâtrale sur le comédien et toutes ses formes.
Des Métamorphoses, Guillaume Vincent a gardé Myrrha, Hermaphrodite, Narcisse, Iphis et Ianté ou encore Procné. Leur traitement en fait autant de réflexions distanciées sur le théâtre (à la manière de Pyrame et Thisbé du « Songe d’une nuit d’été »). Narcisse est joué par une troupe d’enfants comme pour une fête de fin d’année, Procté est une rémoise de caractère dont la sœur a disparu, Iphis et Ianté sont des élèves d’une classe théâtre dans un lycée… La modernité insufflée ne dénature en rien la portée symbolique du texte d’Ovide. Les acteurs eux-mêmes incarnent la distance nécessaire à leur intérêt initiatique. On rit beaucoup, la mise en scène est très vivante et la production rassemble certains jeunes comédiens parmi les plus intéressants de leur génération – Estelle Meyer, Elsa Agnès ou encore Makita Samba, pour ne citer qu’eux.
Le Songe, lui, est plus classique dans son traitement. L’onirisme qui conclut les MétamorphoseS – le traitement de Procté nous rappelle « La Nuit tombe », une précédente création de Vincent – disparaît de la pièce de Shakespeare. Les acteurs sont toujours aussi bien et portent les rôles avec vivacité, mais la jeunesse et les surprises de la première partie s’estompent. La traduction choisie, celle de Jean-Michel Déprats, n’a pas la théâtralité contenue dans celle de Françoise Morvan et André Marcowicz. Le Songe mis en scène par Guy-Pierre Couleau cette saison, est du point de vue moderne bien plus réussi que celui de Guillaume Vincent.
Alors pourquoi avoir mis la barre si haut en première partie pour retomber dans une certaine forme de normalité dans la deuxième ? La pertinence de faire se succéder ces deux textes est bien là. Le monde du théâtre, reflet de notre existence, est presque amoureusement salué dans « Songes et Métamorphoses ». Mais la distance et la hauteur de vue ne sont pas les mêmes entre les deux, et ce qui pourrait s’emboiter comme deux éléments d’un même mécanisme est fracturé par un léger manque de cohésion, que l’on pardonnera sans douleur à la sortie du spectacle.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
Songes et Métamorphoses de Guillaume Vincent
HÔTEL MÉTAMORPHOSES DE GUILLAUME VINCENT LIBREMENT INSPIRÉ D’OVIDE / LE SONGE D’UNE NUIT D’ÉTÉ DE WILLIAM SHAKESPEARE,
TRADUCTION JEAN-MICHEL DÉPRATS
AVEC : ELSA AGNES, CANDICE BOUCHET, ÉMILIE INCERTI FORMENTINI, ELSA GUEDJ, FLORENCE JANAS, HECTOR MANUEL, ESTELLE MEYER, ALEXANDRE MICHEL, PHILIPPE ORIVEL, MAKITA SAMBA, KYOKO TAKENAKA, CHARLES VAN DE VYVER, GERARD WATKINS, CHARLES-HENRI WOLFF ET LA PARTICIPATION DE LUCIE BEN BATA, CHRISTELLE NADDÉO, JANE PIOT ET MURIEL VALAT ET DE QUATRE ENFANTS
DRAMATURGIE : MARION STOUFFLET
SCÉNOGRAPHIE : FRANÇOIS GAUTHIER-LAFAYE EN COLLABORATION AVEC JAMES BRANDILY
LUMIÈRES : NIKO JOUBERT EN COLLABORATION AVEC CÉSAR GODEFROY
COMPOSITION MUSICALE : OLIVIER PASQUET ET PHILIPPE ORIVEL
SON : GÉRALDINE FOUCAULT EN COLLABORATION AVEC FLORENT DALMAS
COSTUMES : LUCIE DURAND EN COLLABORATION AVEC ELISABETH CERQUEIRA ET GWENN TILLENON
VIDÉO : ÉDOUARD TRICHET LESPAGNOL
Production Cie MidiMinuit
Coproduction la Comédie de Reims–CDN, Odéon-théâtre de l’Europe, l’Ircam-Centre Pompidou, CDN Besançon Franche-Comté, Le Lieu unique–Scène nationale de Nantes, le Printemps des Comédiens, le Centre Dramatique National Orléans/Loiret/Centre, La Scène nationale d’Albi, Théâtre de Caen, Comédie de Caen-CDN, Le TANDEM–Scène nationale, Le Cratère–Scène nationale d’Alès, Théâtre Ouvert-centre national des dramaturgies contemporaines
Avec le soutien de La Colline-théâtre national, l’Arcadi Île-de-France, la Ménagerie de verre, la Maison d’arrêt de Fresnes, la Chartreuse de Villeneuve lez Avignon
Le décor est réalisé par les ateliers du Théâtre du Nord-CDN Lille Tourcoing, les ateliers de L’Odéon et les ateliers du CDN de Caen. Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National, avec le soutien de La Maison Louis Jouvet / ENSAD LR et la participation du TNB
La Cie MidiMinuit est soutenue par la DRAC île-de-France-Ministère de la Culture et de la Communication Commande musicale Ircam-Centre Pompidou. Parties électroniques de l’oeuvre réalisées dans les studios de l’Ircam-Centre Pompidou
Le texte Hôtel Métamorphoses a reçu le soutien du fond SACD théâtre.Durée : 4h (avec entracte)
Comédie de Reims
07 > 16 octobre 2016
Du 30 novembre au 4 décembre au Théâtre du Nord de Lille
Théâtre de l’Odéon (Ateliers Berthier)
Du 21 avril au 20 mai 2017
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