Après le succès du « Porteur d’histoires » puis du « Cercle des Illusionnistes », Alexis Michalik s’installe au Théâtre du Palais-Royal avec une belle troupe nombreuse – d’une douzaine de comédiens – pour créer « Edmond ». Un nouveau triomphe à ajouter au palmarès du jeune auteur et metteur en scène.
Disons le tout net : parmi les spectacles d’Alexis Michalik, l’histoire d’ « Edmond » est peut-être celle qui semble la moins intéressante sur le papier, et pourtant, l’auteur-metteur en scène de 33 ans réalise ici son plus beau spectacle. Bien peu axé sur la vérité historique, Michalik se concentre autour d’une figure centrale à l’aura immense : Edmond Rostand.
L’incarnation de Guillaume Sentou mélange touchante naïveté et répartie cinglante. Montré comme un poète désargenté, il est sauvé grâce à l’amitié que lui porte Sarah Bernhardt. Celle-ci le met en relation avec Constant Coquelin qui veut jouer sa prochaine pièce. Edmond Rostand est alors pris par une course contre la montre : l’inspiration l’a quitté depuis plusieurs années et pourtant, il doit imaginer une comédie en quelques semaines pour avoir une chance d’être joué de nouveau.
Sa vie lui sert de principale source d’inspiration. Il trouve sa muse en Jeanne, à qui – comme Cyrano le fait pour Christian – il écrit des lettres en se faisant passer pour Léo, son ami et acteur. Pour la tirade du nez, il s’inspire d’une scène de discrimination dont est victime Honoré, son cafetier préféré. Celle du balcon, il la vivra presque par hasard en passant avec Léo sous le Palais-Royal. L’imbrication entre scènes originales et celles de Rostand est impeccable.
En mettant un soin particulier aux décor, aux détails d’ambiance, Alexis Michalik nous fait renouer une fois de plus avec notre âme d’enfant. Les marchands des Grands Boulevards, les clients des cafés, l’épouse, l’amante et le réceptionniste de l’hôtel : l’ensemble est orchestré avec le même soin. Chez Michalik, tout devient possible : il rencontre Méliès à la première démonstration de cinéma et la voiture va plus vite que le train. La mise en scène fait virevolter personnages et objets, les tableaux se succèdent sans coupure.
Par cet hommage haletant au XIXe siècle, Michalik touche l’âme du spectateur en déclarant son amour au théâtre. L’humain est singé, parodié avec tendresse et on est tenu jusqu’au bout. Les langues de Rostand et Michalik se sont rencontrées pour la plus grande joie du spectateur. « Edmond » est à l’image de tout l’œuvre de Michalik : résolument neuve et envoûtante.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
« Edmond ou la revanche du théâtre » d’Alexis Michalik
Avec Pierre Bénézit, Stéphanie Caillol, Pierre Forest, Kevin Garnichat, Nicolas Lumbreras, Jean-Michel Martial, Ana Mihalcea, Christian Mulot, Marie-Ève Perron, Guillaume Sentou, Régis Vallée, Valérie Vogt
Durée : 1h50Théâtre du Palais-Royal
A partir du 15 septembre 2016
Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 16h30
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