Jean-François Sivadier monte son premier Molière : un Misanthrope enjoué qui redonne à la pièce sa tonalité de comédie noire, tragi-comique, emmenée par une belle troupe de comédiens dont Nicolas Bouchaud dans le rôle titre.
Un terrain de jeu nu, noir, du gravier (ce sont des bouts de plastique), des résidus de papiers dorés : c’est le chaos sur scène. C’est dans ce no man’s land qu’Alceste (Nicolas Bouchad) et Philinte (Vincent Guédon) se rencontrent au début de la pièce dans ce dialogue fondateur du Misanthrope, ce combat philosophique entre ces deux hommes, entre Alceste le radical et Philinte le modéré. Ici il est revu à la sauce Sivadier. Alceste est en kilt, il accueille son hôte sur la musique de « Should I stay ou should I go » des Clash en balançant des chaises. Alceste, homme brouillé avec le genre humain est rock n’roll. Les deux hommes jouent un peu avec le public en lui faisant deviner les vers, seule petite liberté que s’accorde Jean-François Sivadier, contraint par l’exigence de la langue de Molière, lui qui aime prendre des libertés avec les textes qu’il monte.
C’est la première pièce de Molière que Jean-François Sivadier met seul en scène (en 1996 il avait terminé une mise en scène de Don Juan à la mort de Didier-Georges Gabilly). Et c’est aussi la première fois que son acteur fétiche, Nicolas Bouchaud se confronte aux alexandrins. Après les petits réglages nécessaires, la troupe prendra son envol, tant le spectacle regorge de petites trouvailles merveilleuses. Ainsi la scène du sonnet d’Oronte (Cyril Bothorel) ou l’entrée des marquis Acaste (Stephen Burel) et Clitandre (Christophe Ratandra) sur le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier sont des petits moments de bonheur qui redonnent à la pièce son aspect de comédie que beaucoup de metteurs en scène n’abordent pas. Le Misanthrope est souvent monté comme une farce sombre, ici elle est joyeuse et moqueuse. « C’est un rêve d’adolescent » pour Jean-François Sivadier. Et le personnage de Célimène campé par Norah Krief est dans cette veine. Elle se moque du monde. Cette femme libre manipule les hommes. C’est une sale gosse. Et lorsque les marquis dévoilent la réalité de ses sentiments, Alceste est malheureux. Alors il tourne en rond. C’est la dernière scène magnifique du spectacle…
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le Misanthrope de Molièreavec Cyril Bothorel, Nicolas Bouchaud, Vincent Guédon, Norah Krief
collaboration artistique Nicolas Bouchaud, Véronique Timsitdécor Daniel Jeanneteau, Christian Tirole, Jean-François Sivadier
lumières Philippe Berthomé assisté de Jean-Jacques Beaudouin
costumes Virginie Gervaiseassistante à la mise en scène Véronique Timsitrégie générale Dominique Brillaultproduction déléguée Théâtre National de Bretagne / Rennesproduction Italienne avec Orchestre ; Odéon / Théâtre de l’Europe ; La Comédie de Reims / CDN ; Maison de la Culture de BourgesDurée: 2h30
Rennes, Théâtre National de Bretagne du 8 au 19 janvier 2013
Théâtre National de Bordeaux Aquitaine du 23 janvier au 1er février 2013
Comédie de Reims du 6 au 9 février 2013
Maison de la Culture de Bourges du 13 au 16 févriers 2013
Maison de la Culture d’Amiens du 5 au 7 mars 2013
Comédie de Clermont-Ferrand du 13 au 16 mars 2013
Quimper, Théâtre de Cornouaille les 20 au 21 mars 2013
Théâtre de Caen du 26 au 29 mars 2013
Théâtre de Sartrouville du 10 au 12 avril 2013
Comédie de Valence du 17 au 19 avril 2013
Lille, Théâtre du Nord du 29 avril au 9 mai 2013
Brest, Le Quartz du 14 au 16 mai 2013
Paris, Théâtre de l’Odéon du 22 mai au 29 juin 2013
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