« Quand je n’écris pas mes manuscrits, je pense à mes plans, et quand je ne pense pas à mes plans et ne fais pas de manuscrits, j’ai des épreuves à corriger. Voici ma vie. » Balzac, Lettre à Mme Hanska, 14 novembre 1842.
Après avoir écrit plusieurs romans qu’il songe à rassembler sous le titre « Etudes de mœurs », l’activité créatrice de Balzac devient frénétique et lui fait concevoir les plans d’une œuvre colossale, totale, tentaculaire. Il se propose alors, en toute simplicité, selon ses propres termes, de « concurrencer l’état-civil » en établissant à travers son œuvre une « histoire naturelle de la société », « sans que ni une situation de la vie, ni une physionomie, ni un caractère d’homme ou de femme, ni une manière de vivre, ni une profession, ni une zone sociale, ni un pays français, ni quoi que ce soit de l’enfance, de la vieillesse, de l’âge mûr, de la politique, de la justice, de la guerre, ait été oublié. » Bref, il veut tout raconter.
En janvier 1840, pour désigner cette énorme somme littéraire, qu’il compare à l’occasion à une encyclopédie ou à une cathédrale, Balzac emploie pour la première fois le titre La Comédie humaine – référence explicite à un autre « poète total », Dante Alighieri. Au plus fort de son travail acharné, Balzac prévoit que La Comédie Humaine une fois achevée comportera 145 romans, nouvelles et essais. Bien sûr, il n’achèvera pas. À sa mort en 1850, Balzac épuisé laisse 93 romans, qui inspireront plus tard Baudelaire, Zola, Proust et Dostoïevski. La Comédie humaine est aujourd’hui reconnue comme une révolution littéraire, l’avènement du roman moderne, et l’un des sommets de la littérature mondiale.
Pendant vingt-cinq ans, Balzac passe donc d’innombrables nuits enfermé dans son cabinet de travail, noircissant des milliers de pages, buvant des millions de tasses de café, donnant vie à plus de deux mille personnages (2472 exactement !), se fiant à un don d’observation unique pour faire revivre la nuit les situations traversées dans la journée, et pour faire de son grand livre le reflet de la société toute entière.
L’époque qu’il décrit, c’est celle d’après les temps héroïques de la Révolution et de l’Empire, c’est celle de la chute et de la déréliction du corps social et de tous les idéaux, c’est celle qui voit naître le règne de l’argent et la financiarisation de l’économie, celle de l’individualisme galopant et de la lutte de tous contre tous, celle de l’opulence et de la misère, celle du cynisme politique, celle de la médiocrité et du désordre, mais celle aussi où subsistent des exemples sublimes d’amitié, de passion, d’énergie, de persévérance et de désintéressement. Tous ces thèmes, qui annoncent avec une précision visionnaire la société atomisée et inégalitaire dans laquelle nous vivons aujourd’hui, sont incarnés par des personnages qui sont devenus des archétypes. Tous les personnages que Balzac a côtoyés, rencontrés, observés se retrouvent couchés par lui sur le papier, tous s’affrontent au milieu des ruines de l’ancienne société qui s’est effondrée, tous se débattent dans un monde qui nous apparaît comme la préfiguration du nôtre.
Les deux romans que Balzac lui-même désignait comme la « colonne vertébrale » de La Comédie humaine seront la trame de notre nouvelle trilogie : Illusions Perdues et Splendeurs et misères des courtisanes. Ces deux romans, quoique différents par leur style et leur structure, racontent une seule et même histoire. Ils font le récit du parcours initiatique d’un des personnages les plus célèbres de Balzac, qui est aussi un de ses alter ego littéraires : Lucien de Rubempré.
Lucien est un jeune homme d’Angoulême sans fortune, fils d’un pharmacien et d’une femme de petite noblesse, qui rêve de monter à Paris pour y réaliser son rêve : la gloire littéraire. De compromissions en renoncements, de succès éphémères en disgrâces irrémédiables, il fait l’expérience douloureuse des caprices de la fortune, des hypocrisies mondaines, du vice et de la déchéance.
Le premier spectacle de la trilogie correspond à la première partie d’Illusions Perdues : Les deux poètes. Le deuxième spectacle fait le récit des aventures de Lucien à la conquête de la capitale : Un grand homme de province à Paris. Le troisième est une adaptation de Splendeurs et misères des courtisanes, qui raconte la deuxième vie de Lucien à Paris, et sa chute définitive. Enfin, comme nous avons, à l’instar de Balzac, le rêve d’un art total, nous pensons la représentation de cette trilogie comme une fête de théâtre ininterrompue : avant chaque représentation et pendant les entractes, des intermèdes que nous concevons comme un spectacle à part entière et qui constitueront le cadre de notre trilogie se joueront au contact direct des spectateurs.
« Le plus grand chagrin de ma vie ? La mort de Lucien de Rubempré. » Oscar Wilde
Notre Comédie Humaine par le Nouveau Théâtre Populaire
Spectacle présenté en intégrale en 3 épisodes précédés d’un intermède-onirique, ou séparèment (selon les calendriers ci-dessous)• Les Belles illusions de la jeunesse d’après Honoré de Balzac [Opérette]
Adaptation et mise en scène Emilien Diard-Detœuf
Composition Gabriel Philippot
• Illusions perdues d’après Honoré de Balzac [Comédie]
Adaptation et mise en scène Léo Cohen-Paperman
• Splendeurs et misères d’après Honoré de Balzac [Tragédie]
Adaptation et mise en scène Lazare Herson-Macarel
• La Dernière nuit d’après la vie d’Honoré de Balzac [Intermède-onirique]
Conception Pauline Bolcatto et Sacha TodorovMise en scène Pauline Bolcatto
Scénographie : Jean-Baptiste Bellon / Lumière : Thomas Chrétien /
Costumes : Zoé Lenglare et Manon Naudet / Son : Camille Vitté /
Chorégraphie : Georgia Ives / Maquillage et coiffure : Pauline Bry / Régie
générale et plateau : Marco Benigno assisté de Thomas MousseauFernandez / Collaboration artistique : Julien Campani, Lola Lucas,
Sacha Todorov / Administration et production : Lola Lucas assistée de
Marie Mouillard / Actions sur le territoire : Mathilde Chêne
Avec : Valentin Boraud, Philippe Canales, Emilien Diard-Detœuf, Thomas Durand, Clovis Fouin, Joseph Fourez, Elsa Grzeszczak, Lazare Herson-Macarel, Frédéric Jessua, Kenza Laala, Morgane Nairaud, Antoine Philippot, Julien Romelard, Sacha Todorov, Charlotte Van BervesselèsProduction : Nouveau Théâtre Populaire. Coproduction : Le Quai – CDN
d’Angers, La Criée – CDN de Marseille, Théâtre de Caen, Le CENTQUATREParis, Association des Amis du Nouveau Théâtre Populaire. Résidence de création au Théâtre de l’Aquarium. En co-réalisation avec le Théâtre de la Tempête. Avec l’aide à la création de la DRAC Pays-de-la-Loire et du Département du Maine-et-Loire.Durée : 6h30
Programme de l’Intégrale
Accueil public avec La Dernière nuit (Paradis) : 30 min
Les belles illusions de la jeunesse (opérette) : 1h25
Entracte avec La Dernière nuit (Purgatoire) : 30 min
Illusions perdues (comédie): 1h50
Entracte avec La Dernière nuit (Enfer) : 1h
Splendeurs et misères (tragédie) : 1h50Création août 2024 au Festival du Nouveau Théâtre Populaire, Fontaine-Guérin (49)
du 13 au 29 août
Les Belles illusions de la jeunesse
13, 16, 20, 23, 27 août à 20H30Illusions perdues
14, 17, 21, 24, 28 août à 20H30Splendeurs et misères
15, 18, 22, 25, 29 août à 20H30La Criée – CDN de Marseille
du 2 au 6 octobre 2024
me 2 oct 19h Les Belles illusions de la jeunesse
je 3 oct 20h Illusions perdues
ve 4 oct 20h Splendeurs et misères
sa 5 oct 16h Notre Comédie humaine (intégrale)Théâtre de la Tempête – Paris
du 2 au 24 novembre
sa 2 nov 15h Notre Comédie humaine (intégrale)
di 3 nov 15h Notre Comédie humaine (intégrale)
me 6 nov 20h Les Belles illusions de la jeunesse
je 7 nov 20h Illusions perdues
ve 8 nov 20h Splendeurs et misères
sa 9 nov 15h Notre Comédie humaine (intégrale)
di 10 nov 15h Notre Comédie humaine (intégrale)
me 13 nov 20h Les Belles illusions de la jeunesse
je 14 nov 20h Illusions perdues
ve 15 nov 20h Splendeurs et misères
sa 16 nov 15h Notre Comédie humaine (intégrale)
di 17 nov 15h Notre Comédie humaine (intégrale)
me 20 nov 20h Les Belles illusions de la jeunesse
je 21 nov 20h Illusions perdues
ve 22 nov 20h Splendeurs et misères
sa 23 nov 15h Notre Comédie humaine (intégrale)
di 24 nov 15h Notre Comédie humaine (intégrale)Le Quai – CDN d’Angers
du 11 au 14 décembre
me 11 déc 20h Les Belles illusions de la jeunesse
je 12 déc 20h Illusions perdues
ve 13 déc 20h Splendeurs et misères
sa 14 déc 15h Notre Comédie humaine (intégrale)Théâtre de Caen
du 29 janvier au 1er février 2025
me 29 jan 20h Les Belles illusions de la jeunesse
je 30 jan 20h Illusions perdues
ve 31 jan 20h Splendeurs et misères
sa 1er fév 15h30 Notre Comédie humaine (intégrale)
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