Actrice, metteuse en scène, formée à l’École de la Comédie de Saint-Étienne, Angélique Clairand fonde avec Éric Massé la Compagnie des Lumas, et dirigent depuis janvier 2019 le Théâtre du Point du Jour à Lyon. Elle porte cette semaine en nomade, Fugueuses, histoires de femmes qui voulaient partir le texte de Judith Bordas et Annabelle Brouard.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Oui, toujours ! Et pas que les soirs de première. Mais j’essaye de le contenir, de ne pas le laisser déborder. C’est une manière de le déjouer, ça me donne la sensation qu’il est moins présent.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Je vis la journée au ralenti. J’essaye de faire le vide avec mon travail de co-directrice du Théâtre du Point du Jour et d’évacuer tout ce qui peut être susceptible de me détourner l’esprit du rendez-vous avec cette soirée singulière.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Je prends une douche, histoire de me laver de mon quotidien. Je m’allonge au sol, histoire de retrouver un état le plus neutre possible. Je ris et je fais des blagues avec mon équipe, histoire de déjouer le trac 😉 !
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
En septembre 1996 : une fois admise à l’Ecole de la Comédie de Saint Etienne, ça m’a permis de légitimer ce désir.
Premier bide ?
La bête à deux dos de Yannick Jaulin. C’était un spectacle solo participatif. La représentation était en plein air, sur un terrain en pente, sous un soleil de plomb. Abandon du public installé à l’ombre à 10m de l’espace de jeu. Abandon du décor que j’ai cassé en jeu. Abandon de moi-même avant tout qui, dans un volontarisme effréné, n’avais pas pris la mesure de ce projet-là, à ce moment-là, dans cet espace-là.
Première ovation ?
Le même spectacle, quelques représentations plus tard… comme quoi !
Premier fou rire ?
Le premier a été mémorable, indomptable à tel point que je me suis fait virer de scène pendant un stage sur travail à domicile de Franz Xaver Kroetz par Lucien Marchal, directeur de l’école. Même de l’autre côté de la porte, je ne pouvais pas m’arrêter. Le fou rire n’est jamais bien loin chez moi. Mais aujourd’hui, je le laisse surgir.
Premières larmes en tant que spectatrice ?
Ook de Sidi Larbi Cherkaoui en 2002. Un spectacle avec 10 comédiens porteurs de handicap du Théâtre STAP en Belgique que le chorégraphe avait créé à partir de leurs rêves qu’ils soient réalisables ou pas. Certaines des femmes souhaitaient raconter, à leur manière, leur désir de maternité. J’ai encore le souvenir bouleversant de cette séquence où assises en tailleur et en silence, elles ont bercé en chœur leur enfant imaginaire. C’est sûrement ce spectacle qui a déterminé notre envie avec Eric Massé, de développer un parcours de spectacles inclusifs au Théâtre du Point du Jour.
Première mise à nue ?
Je n’ai pas souvenir de la première mise à nue car chaque spectacle dans lequel je choisis d’être est une mise à nue… sinon quel intérêt ?
Fugueuses, histoires des femmes qui voulaient partir de Judith Bordas et Annabelle Brouard est une mise à nue particulière, elle résonne profondément avec ma vie personnelle et celle des spectatrices qui, un jour, ont osé tailler la route ou en ont eu un désir puissant.
Première fois sur scène avec une idole ?
Tartuffe, nouvel ère d’après Molière mis en scène par Eric Massé avec Marieff Guittier. Marieff, mon égérie ! Comédienne dans les spectacles de Michel Raskine, ex-directeur du Théâtre du Point du Jour, j’ai vu tous ses spectacles. Avoir la chance de partager la scène avec elle, c’est sans relâche explorer, risquer, tomber et se relever.
Première interview ?
Pour ARTE lors des représentations de Don Juan revient de guerre d’Ödön Von Horvath mis en scène par Richard Brunel au Théâtre du Peuple de Bussang. Je sortais de l’école, là aussi, j’avais le trac !
Premier coup de cœur ?
La chambre d’Isabella de Jan Lauwers sur le thème de l’héritage familial. Il est des spectacles comme celui-ci qui nous transforment, nous élèvent. C’est pour retrouver ces sensations et les susciter au public que je suis contente de me lever chaque matin.
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