Le 75e Festival d’Avignon se déroulera du 5 au 25 juillet 2021. Olivier Py en a présenté les grandes lignes et se prépare à tous les scénarios. Le Festival s’adaptera en fonction de la progression de la pandémie de la Covid-19.
Vous avez annoncé cet après-midi la programmation de la 75e édition du Festival d’Avignon, qui se déroulera du 5 au 25 juillet. Êtes-vous optimiste quand à la tenue de cette édition, dans le contexte sanitaire actuel ?
Je suis raisonnablement optimiste, d’autant que le dernier message de Roselyne Bachelot ne semblait pas douter de l’ouverture des festivals au mois de juillet.
Quels sont les scénarios que vous avez imaginés si la pandémie devait continuer à se propager ?
C’est juste de parler de scénarios. On y travaille avec la Préfecture du Vaucluse, avec la ville d’Avignon, en lien avec les services du Ministère de la Culture. Le pire n’est jamais sûr, alors pourquoi pas un festival normal, puis on imagine des jauges réduites de 70 à 50%, et aussi des réductions modulées en fonction des lieux qu’ils soient en plein air ou pas. Les scénarios sont sur la table, mais j’ai bon espoir qu’il y aura un festival.
Vous avez déjà pu expérimenter cet automne avec La Semaine d’art des réductions de jauges. Vos équipes sont-elles prêtes à s’adapter ?
Oui, d’autant que je le redis, il n’y a pas de risque sanitaire majeur dans une salle de spectacle. Les risques sont mineurs. Donc je pense que l’on pourra ouvrir en juillet et c’est vrai que les équipes ont appris ce nouveau mode d’accueil du public et nous poursuivrons la mise en place des consignes sanitaires.
2021 est l’année du remplacement du gradin de la Cour d’honneur. Quels seront ses avantages ?
On en est très fier, c’est un travail au long cours de créer une nouvelle Cour d’honneur. Elle sera plus facile sur le plan de l’accueil notamment pour les personnes à mobilité réduite. Elle sera plus belle et plus démocratique.
Quelle est la tonalité de la programmation ?
On a choisi cette phrase : « Se souvenir de l’avenir ». C’est aussi le nom choisi pour la rencontre avec Edgar Morin le 13 juillet dans la Cour. L’année a été difficile avec ses contraintes, ses interdictions, alors les artistes imaginent l’après-pandémie. Ils ont eu envie de rêver de nouvelles utopies ou de craindre de nouvelles dystopies, et de penser pratiquement sous l’angle de la science-fiction ce que pourrait être demain.
C’est un mix de la programmation de l’édition 2020 et de celle de 2021 ?
Oui, c’est pourquoi le festival est exceptionnel. Il y a 20 000 places en plus à la vente, une journée de programmation supplémentaire, 30 levers de rideau en plus. Nous avons reporté 14 spectacles programmés l’année dernière et qui n’ont pas été créés.
Il y a aussi plus de femmes dans la programmation. Est-ce une volonté de votre part, de mettre plus en avant les metteuses en scène ?
Il y a 46% de femmes portant des créations, on approche de la parité. Et beaucoup de spectacles parlent de la condition féminine. Je pense notamment à Cząstki Kobiety – Une femme en pièces de Kaja Weber dans la mise en scène de Kornél Mundruczó ou Archée de Mylène Benoit ou encore Penthésilé⸱e⸱s – Amazonomachie de Marie Dilasser dans la mise en scène de Laëtitia Guédon qui aborde frontalement le féminisme.
Mais après Ariane Mnouchkine, toujours pas de metteuse en scène dans la Cour ?
Je le regrette. J’essaye chaque année. Je ne désespère pas d’y arriver pour ma dernière édition en 2022.
Le feuilleton de la bibliothèque Ceccano, c’est Hamlet, et c’est vous qui vous en chargez. Pourquoi Hamlet à l’impératif ?
J’adore ce rendez-vous parce qu’il est gratuit. On a l’impression de se retrouver aux débuts du Festival d’Avignon quand on est dans ce jardin. J’y travaille depuis cinq ans. Hamlet a passionné tous les philosophes du XXe siècle. Je vais donc proposer un portrait des penseurs du XXe siècle à travers le personnage d’Hamlet.
Avez-vous des inquiétudes sur la venue des équipes internationales ?
Oui j’en ai. Quand des équipes doivent venir d’Afrique du Sud, ça peut être compliqué. Mais cela peut l’être aussi quand on vient de Belgique. Il y a effectivement un point d’interrogation et un risque.
Propos recueillis par Stéphane Capron – www.sceneweb.fr
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