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Didier Ruiz en quête de spiritualité

A voir, Bobigny, Les critiques, Paris, Théâtre

photo Emilia Stefani-Law

Fidèle à son procédé de la « parole accompagnée », Didier Ruiz met en scène dans Que faut-il dire aux Hommes des femmes et des hommes aux spiritualités diverses. Leurs témoignages variés forment une riche mosaïque au sujet unique : l’amour. 

À l’occasion du dernier Festival d’Avignon, en juillet 2019, Didier Ruiz créait TRANS (més enllà), où il mettait en scène des personnes transgenres. C’est là, raconte-t-il dans le dossier de Que faut-il dire aux Hommes, que s’impose l’idée de travailler avec des femmes et des hommes de foi. Tout part d’une rencontre avec deux frères dominicains familiers du festival, Thierry et Charles : leur échange sur les notions de genre, d’engagement et de liberté le marque. Le dialogue se poursuit au-delà du festival avec Thierry, qui vient alors d’être nommé producteur de l’émission Le Jour du Seigneur sur France Télévision. Une aubaine pour le metteur en scène, qui peut ainsi avoir facilement accès à des représentants de toutes les religions. Cette genèse explique la grande parenté entre Que faut-il dire aux Hommes et TRANS (més enllà), ainsi qu’avec Une longue peine (2016) – des documentaires de Stéphane Mercurio sur ces créations seront diffusées en ligne par la MC93 à partir de 21h – où Didier Ruiz mettait en scène des ex-détenus condamnés à de longues peines. Ces trois pièces forment en effet un triptyque consacré aux invisibles, aux marginalisés.

Le dernier volet de cet ensemble aurait dû rencontrer se jouer en public en ce mois de janvier à la MC93. Comme il est devenu habituel depuis quelques temps, c’est devant une salle clairsemée de professionnels que nous avons pu découvrir une répétition de cette pièce qui repose d’une manière particulièrement aiguë sur la rencontre.  Porté par des femmes et des hommes dont le théâtre n’est pas le métier, Que faut-il dire aux Hommes souligne l’étrange et la tristesse de la période que traverse le spectacle vivant. Selon son procédé de la « parole accompagnée » qu’il pratique avec sa Compagnie des Hommes depuis une vingtaine d’années, Didier Ruiz laisse à ses interprètes une marge d’improvisation, une liberté qui permet à leur parole de garder le naturel de la confession, du verbe spontané. Il pose ainsi la question du rapport entre le théâtre et le monde, entre la vie et sa représentation. Tout en creusant à chaque fois un sujet précis : ici, le rapport à l’au-delà, à l’invisible, et la manière dont il s’exprime dans un quotidien contemporain.

Les sept interprètes de la pièce se livrent par bribes, en un ballet très précis d’allers et venues sur le plateau nu, percé seulement de tiges qui ne cessent de monter, de grimper vers on ne sait quoi. Les mots d’une pasteur protestante originaire du Kenya croisent ainsi ceux d’un frère et père dominicain qui vit dans un couvent parisien, d’un jeune français bouddhiste, d’un avocat juif pratiquant à la retraite, d’un chamane clown, d’une religieuse devenue coach en entreprise et d’un plasticien musulman.

Pas question toutefois de dialogue interreligieux dans Que faut-il dire aux Hommes. Si le dispositif mis en place par Didier Ruiz traduit bien sûr un désir de cohabitation pacifique entre les religions, là n’est pas le sujet de la pièce. Et c’est heureux. Comme avec les anciens détenus d’Une longue peine ou les personnes transsexuelles de TRANS (més enllà), l’artiste évite tous les écueils possibles dans une pareille démarche de mise en scène d’un réel sujet à débats. Aucun moralisme chez Didier Ruiz, pas le moindre bon sentiment. Si l’on devine le travail d’écriture et de montage nécessaire à la création de sa pièce, il n’est mis au service d’aucun message : la scène est lieu de cohabitation et de neutralité. Ce qui chez Didier Ruiz rime avec écoute, avec curiosité. Qu’ils parlent de Dieu ou de sexualité, les femmes et les hommes sont dans ses créations des êtres dont la complexité, les doutes et les libertés éclairent un mystère commun. En creusant sur la durée un même geste, le metteur en scène questionne avec profondeur une époque tournée vers l’éternelle nouveauté.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Que faut-il dire aux Hommes

Mise en scène : Didier Ruiz

Collaboration artistique : Tomeo Vergés

Dramaturgie : Olivia Burton

Assistanat à la mise en scène : Céline Hilbich

Scénographie : Emmanuelle Debeusscher assistée de Floriane Benetti

Costumes : Solène Fourt

Lumière : Maurice Fouilhé

Musique : Adrien Cordier

Avec : Adel Bentounsi : Marie-Christine Bernard, Olivier Blond, Eric Foucart, Grace Gatibaru Jean-Pierre Nakache, Brice Olivier

Théâtre de la Bastille (75)

Du 19 au 22 mai à 19h 2021

19 mai 2021/par Anaïs Heluin
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