Cette nouvelle production de la co[opéra]tive, dont la première devait avoir lieu à Compiègne le 6 novembre, a été annulée du fait de la crise sanitaire. Le spectacle devait être donné pour 15 représentations dans les 6 théâtres membres de la co[opéra]tive ainsi qu’à Amiens. Cette tournée est reportée d’un an. Mais une diffusion est prévue le vendredi 11 décembre à 19h30 sur le facebook live de France 3 Bretagne, TVR, TÉBÉO, TÉBÉSUD et les pages des théâtres de la compagnies.
Nous sommes quelque part en Écosse, en 1759. Un château, abandonné, domine la campagne : des années auparavant, les seigneurs du lieu, la famille d’Avenel, a été contrainte à la fuite. Une mystérieuse présence plane : celle de la Dame Blanche, ancestrale et fantastique protectrice du domaine, dont l’apparition est redoutée autant qu’elle est souhaitée. Qui parviendra à s’approprier la demeure ? Qui deviendra le nouveau seigneur du lieu ? Gaveston, le cupide intendant de la famille ? Les paysans, qui par fidélité à leurs anciens maîtres, souhaitent
préserver cet héritage ? Il faut aussi compter sur George, un soldat de passage, qui parcourt les campagnes à la recherche d’un amour perdu. Son arrivée inopinée et son passé intriguant réservent des surprises…
À la fois opéra-comique fondateur du genre et grand spectacle romantique, La Dame Blanche est un ouvrage singulier, entre la grande fresque populaire et le roman d’initiation. En 1825, en pleine Restauration, ce conte fantasmé d’un village écossais attendant le retour de son monarque perdu résonne fortement avec le contexte pro-monarchique. En outre, il rassemble tous les clichés de l’époque, des châteaux gothiques écossais à cette vaporeuse dame blanche tout droit sortie des fantasmes romantiques.
Deux cents ans plus tard, La Dame Blanche est cependant, par endroit, un opéra daté. Si la partition recèle toujours de trésors musicaux, l’histoire racontée, celle d’un seigneur perdu dont on attend le retour, témoigne d’une vision du monde dont il est nécessaire de s’affranchir. Le message politique qu’elle véhicule n’est plus soutenable aujourd’hui : « l’homme providentiel », plus encore désigné comme tel par son sang bleu, n’est pas une fable que nous avons envie de défendre. En outre, la langue de Scribe, novatrice à l’époque en ce qu’elle cherchait à restituer un langage oral, immédiatement saisi de son public, a mal vieilli : les longues scènes dialoguées
apparaissent aujourd’hui comme des lourdeurs dans le mouvement global de l’œuvre, et la desservent. Enfin, l’imaginaire gothique dans lequel s’inscrit l’œuvre et cette « dame blanche » archétypique de la vision romantique des femmes ont tellement imprégné les imaginaires depuis le début du XIXème siècle, que ces images paraissent désormais usées, voire dépassées, et ne permettent plus de rendre justice à ce qui était, à l’époque, une œuvre novatrice.
Il s’agit donc, pour la mise en scène, de se libérer de ces nombreux carcans et de proposer un nouveau regard sur cette histoire, autant pour rendre à la musique son éclat que pour être en mesure de dialoguer avec le public actuel. Notre parti pris est de transposer la fable dans un monde animalier, un monde imaginaire aux proportions étranges où le merveilleux prend le pas sur le réalisme. Par ce pas de côté, nous pourrons proposer un regard critique sur les personnages. Il ne s’agit pas de les caricaturer, mais bien plutôt de révéler leurs failles. Le jeune premier, vaillant petit soldat, est un oiseau sans nid qui perd ses plumes ; le méchant Gaveston, un scarabée plus élégant qu’il n’y paraît ; la jeune Anna, un insecte capable de se métamorphoser. La transposition nous permet de mettre en valeur la violence des rapports sociaux et des situations, et de réinterroger le rôle que chacun y joue. Quant à l’espace, d’une prairie à la nature luxuriante, nous passons peu à peu dans un univers fait de métal et construit par l’homme, d’un espace fait de liberté à une cage dorée. Enfin, pour plus de cohérence, les scènes dialoguées sont retravaillées et réécrites en partie, afin de rendre au récit son dynamisme et son piquant.
Notre Dame Blanche, nous la voyons comme un conte âpre, beau et inquiétant. Ce n’est pas le bonheur d’un monarque retrouvé dont il est question, mais de la prison dans laquelle les peuples s’enferment eux-mêmes en ayant peur de l’inconnu. Et il n’est pas plus brûlant comme sujet à se confronter.
Louise Vignaud, mise en scène
Mars 2020
François-Adrien Boieldieu (1775 – 1834)
LA DAME BLANCHE
Opéra-comique en trois actes créé le 10 décembre 1825 à l’Opéra-Comique à Paris.
Livret d’Eugène Scribe d’après deux romans de Walter Scott
Nouvelle production – version pour 14 chanteurs, 19 instrumentistes et un chef
dont la première sera donnée le 6 novembre 2020 au Théâtre Impérial de Compiègne.
Mise en scène Louise Vignaud
Dramaturgie Pauline Noblecourt
Scénographie Irène Vignaud
Costumes Cindy Lombardi
Lumières Luc Michel
Maquillage, coiffure Nathy Polak
Direction musicale Nicolas Simon
Chef de chant Nicolas Chesneau
Transcription Robin Melchior
Orchestre Les Siècles
Georges Brown, jeune officier anglais (ténor) Sahy Ratia Dikson,
fermier (ténor comique) Fabien Hyon
Jenny, sa femme (soprano) Sandrine Buendia
Gaveston, ancien intendant (basse) Yannis François
Anna, sa pupille (soprano) Caroline Jestaedt
Marguerite, domestique (mezzo-soprano) Majdouline Zerari
Mac-Irton, juge de paix (basse) Ronan Airault
Le Cortège d’Orphée direction Anthony Lo Papa
Clara Bellon, Mylène Bourbeau, Caroline Michel ou Camille Royer
Léo Muscat, Olivier Merlin, Henri de Vasselot
Roland Ten Weges, Ronan Airault.TOURNÉE 2020.2021
ven 6 et sam 7/11/20 – Compiègne – Le Théâtre Impérial – 20h30
ven 20/11/20 – Tourcoing – Théâtre Raymond Devos – 20h
dim 22/11/20 – Tourcoing – Théâtre Raymond Devos – 15h30
mar 24/11/20 – Dunkerque – Le Bateau-Feu – scène nationale – 20h
mer 25/11/20 – Dunkerque – Le Bateau-Feu – scène nationale – 19h
mar 1 et mer 2/12/20 – Quimper – Le théâtre de Cornouaille – scène nationale – 20h
jeu 10 et ven 11/12/20 – Rennes – Opéra de Rennes – 20h
dim 13/12/20 – Rennes – Opéra de Rennes – 16h
lun 14/12/20– Rennes – Opéra de Rennes – 14h30 (scolaire)
mar 19/01/21 – Besançon – Les 2 Scènes – Théâtre Ledoux – 20h
mer 20/01/21 – Besançon – Les 2 Scènes – Théâtre Ledoux – 19h
ven 5/02/21 – Amiens – Scène nationale – 20h
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