En 2013, Zabou Breitman a mis en scène Le Système Ribadier de Feydeau avec les comédiens du Français au Vieux-Colombier. Au Théâtre de la Porte Saint-Martin, elle poursuit avec La dame de chez Maxim, pièce plus connue, à la mécanique implacable et portée par une distribution explosive.
Le théâtre de la porte Saint-Martin a achevé sa saison 18/19 avec Ça ira (1) fin de Louis, le chef d’œuvre de Joël Pommerat et débute sa saison 19/20 avec La dame de chez Maxim, best-seller de Feydeau. 120 ans séparent les deux pièces, deux écritures aux antipodes, deux formes de théâtre qui n’ont rien en commun, et pourtant une comédienne fait le pont entre les deux spectacles : Anne Rotger. Elle passe de la tête de « reine » chez Pommerat à celle de l’épouse incrédule chez Feydeau. Le grand écart. La même énergie. Le même talent. Membre de la Compagnie Louis Brouillard de Joël Pommerat depuis Pinocchio, Zabou Breitman a su déceler en elle la force comique pour icarner Mme Petypon. Quelle belle idée ! Cette comédienne de troupe n’a aucun mal à se fondre dans le collectif.
Zabou Breitman s’est entourée d’une équipe de choc. Il y a le Général André Marcon, baron du théâtre public, solide comme un roc, qui impose de la puissance sur le plateau. Micha Lescot, infatigable comédien, passe de Pinter à Feydeau avec la grâce qui le caractérise. Sa silhouette longiligne fait de lieu un Docteur Petypon qui possède encore la candeur de l’adolescence. Léa Drucker donne le tempo de la pièce dans ce rôle incroyable de la Môme Crevette. Elle a su trouver le ton juste, le bon dosage dans le phrasé populaire de cette danseuse du Moulin Rouge. Elle n’est pas dans la caricature, elle possède la gouaille classieuse. Elle est irrésistible dans la scène de l’apparition de l’archange. Ces mousquetaires tirent vers le haut le reste de la distribution.
La mécanique de Zabou Breitman est bien huilée. Les gags fusent, les quiproquos s’enchaînent à toute vitesse. Elle distille quelques petits clins d’œil à Hergé et à l’art de la machinerie du théâtre. On regrette cependant que dans la 2e partie, le mariage avorté, les comédiens jouent un peu trop en fond de scène. On perd un peu de la folie de certaines scènes. Tout se remet d’aplomb dans la dernière partie. Enfin presque, car la maison Petypon est définitivement déglinguée par ce vaudeville décapant .
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La dame de chez Maxim de Georges Feydeau
Avec Léa Drucker, Micha Lescot, André Marcon, Christophe Paou, Eric Prat, Anne Rotger, Valérian Béhar-Bonnet, Philippe Caulier, Ghislain Decléty, Solal Forte, Constance Guiouillier, Pierre-Antoine Lenfant, Damien Sobieraff, Pier-Niccolò Sassetti.
Musique de et avec Reinhardt Wagner
Son : Léonard Françon
Décors : Antoine Fontaine, assisté de Adrien Dauvillier
Costumes : Elsa Pavanel
Lumières : Stéphanie Daniel
Assistante Mise en scène : Pénélope Biessy
Chorégraphie : Madlyn FarjotEn coproduction avec le Théâtre Montansier de Versailles
Durée: 2h10Théâtre de la Porte Saint-Martin
Du mardi au vendredi 20h
Samedi 20h30
Dimanche 16h
Relâche le 24, 25, 26, 27, 28 septembre 2019
Représentation du 29 septembre à 17h
Nous sortons tout juste du théâtre saint-Martin et je voulais partager le plaisir qui fut le nôtre : Excellentissime ! Une distribution au poil, des comédiens endiablés et tous extraordinaires, une mise en scène pétillante qui ne trahit pas Feydeau, bien au contraire. On est happé par la pièce, pris par la dynamique et on y croit, on est dedans… On en ressort que deux heures plus tard après avoir rit et rit encore… Je ne dis pas que je je n’y retournerai pas. Nous avons vraiment passé un moment de plaisir… Merci