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« Une Ombre vorace », une ascension en quête de vérité

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Mariano Pensotti crée Une Ombre vorace au Festival d'Avignon 2024
Mariano Pensotti crée Une Ombre vorace au Festival d'Avignon 2024

Photo Christophe Raynaud de Lage / Festival d’Avignon

Le metteur en scène et dramaturge argentin Mariano Pensotti revient à Avignon et signe la forme itinérante de cette 78e édition, toujours accompagné par son collectif Grupo Marea. Son sens de la scénographie et du récit semble ici amenuisé par la contrainte scénique, qui affaiblit sa portée métaphorique.

Deux tapis de course identiques font entendre leur chuintement mécanique de part et d’autre d’un panneau amovible. Semblables et pourtant différents, deux comédiens s’activent sur ces machines, comme deux versions d’un même personnage. Avec Une Ombre vorace, le metteur en scène de Buenos Aires Mariano Pensotti poursuit son travail autour du double et du miroir, poussé à son paroxysme dans Los Años, visible à Nanterre-Amandiers en 2022, où deux maisons faussement jumelles se faisaient face, mais aussi sur la porosité entre fiction et réalité, comme lorsqu’il se plaisait à enchevêtrer les récits à tiroirs dans La Obra, présenté au Festival d’Automne à Paris en 2023.

Ici, le récit de la vie du vrai-faux alpiniste Jean Vidal (Élios Noël) se confond avec celle de Michel Roux (Cédric Eeckhout), le comédien qui doit interpréter le rôle du grimpeur dans son biopic. Au cours d’un jeu de miroirs scénographique et narratif, la vie de l’un se découpe en négatif de celle de l’autre, avant que les deux, finalement, ne se rencontrent. À la veille de sa retraite, Jean Vidal entreprend le pari fou de se lancer dans l’ascension de l’Annapurna, l’un des sommets les plus hauts de l’Himalaya, au Népal. Une aventure en solitaire et sans oxygène particulièrement périlleuse dans laquelle, une trentaine d’années plus tôt, son père avait perdu la vie en tentant d’ouvrir une nouvelle voie. Survivant de son incroyable – littéralement – aventure, son récit fera l’objet d’un film, dont Michel Roux, comédien affligé et sur le déclin, doit endosser le premier rôle.

Les superpositions de vrais-faux récits ne vont cesser de s’enchevêtrer à l’image de L’ascension du Mont Ventoux rédigé par Pétrarque en 1336. Un récit que Jean Vidal vénère comme livre de chevet et guide d’alpinisme absolu, où le poète humaniste décrit son escalade du sommet du Vaucluse. Problème : Pétrarque n’a jamais gravi cette montagne et tout ce qu’il raconte n’est que pure fiction. L’ascension ne serait-elle pas davantage métaphorique et le voyage philosophique ? Dans un va-et-vient continu, on observe alors Jean se démener sur les traces du fantôme de son père, qu’il considère comme un héros absolu. De l’autre, on contemple Michel Roux s’emmêler les pinceaux entre incarnation et représentation, bien en peine de porter à l’écran les aventures de l’alpiniste, dans un cinéma du « vraisemblable », qui refuse le documentaire, mais qui réclame à l’acteur de jouer de façon « fidèle et réaliste ».

Certes, entre projections de soi et idéalisation des autres – notamment des pères –, Mariano Pensotti s’amuse de nos perceptions du réel et parvient à nous interroger sur nos propres définitions de la vérité, à commencer par les petits arrangements avec les récits que nous produisons de nous-mêmes. Mais, privées des habituelles machineries scénographiques du metteur en scène argentin – la double maison de Cineastas ou l’impressionnante structure montée sur roulettes de Los Años laissent place ici à un mât autour duquel s’articulent plusieurs pans de miroir, évoquant tantôt un sommet infranchissable, tantôt une caverne cristalline –, les trajectoires narratives tricotées par le collectif Grupo Marea, fortement inspirées par la tradition romanesque, apparaissent ici plus grossières qu’à l’accoutumée.

Dans un théâtre qui ne fait pas le pari du corps – malgré les tapis de course et la démonstration d’escalade furtive –, l’épaisseur des fils qui relient les trajectoires des deux personnages sont à vue : alors que Jean s’est bâti sur les attentes fantasmées de son père, Michel s’est construit en opposition au sien ; quand le premier verra son assurance ébranlée à la sortie de son biopic, le second prendra son envol lors du tournage ; quand l’un dit blanc, l’autre pense noir… Et cette alternance monocorde peine à faire émerger la théâtralité du texte, marqué par un style littéraire, tout en affaiblissant les tentatives d’adresses à propos de la représentation du réel qui manquent alors de subtilité. La contrainte de l’itinérance – avec un décor qui doit être facilement transportable et un récit qui doit pouvoir s’adresser à tous et toutes – semble avoir ici simplifié le travail du Grupo Marea, là où elle aurait pu l’épurer pour mieux le sublimer.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Une Ombre vorace
Texte et mise en scène Mariano Pensotti
Avec Cédric Eeckhout, Élios Noël
Dramaturgie Aljoscha Begrich
Scénographie et costumes Mariana Tirantte
Musique et son Diego Vainer
Lumière David Seldes
Conseil artistique Florencia Wasser (Grupo Marea)
Traduction Christilla Vasserot
Collaboration artistique Laurent Berger
Assistanat à la mise en scène Juan Francisco Reato, Edward Fortes
Régie générale de l’itinérance Emilie Larrue
Régie générale de la production déléguée Christophe Eustache
Régie son Sébastien Dorne

Production Festival d’Avignon
Coproduction Wiener Festwochen (Vienne), Théâtre du Bois de l’Aune/Biennale d’Aix-en-Provence, Éclat-Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public-Aurillac, CCAS les activités sociales de l’énergie, La Vignette Scène conventionnée Université Paul-Valéry (Montpellier), Théâtre de Grasse, Théâtre du Champ au Roy (Guingamp)
Avec le soutien de l’Onda – Office national de diffusion artistique
Résidence Centre social Espace Pluriel, salle de la Barbière (Avignon)
Remerciements Théâtre de la Cité Internationale (Paris), Odéon-Théâtre de l’Europe (Paris)

Durée : 1h30

Festival d’Avignon 2024
En itinérance
du 2 au 20 juillet

Festival d’Aurillac
du 14 au 17 août

Théâtre de l’Archevêché, coprogrammé par le Théâtre du Bois de l’Aune, Biennale d’Aix-en-Provence
les 11 et 12 octobre

Théâtre la Vignette Scène conventionnée, Université Paul Valéry 3, Montpellier
du 19 au 21 novembre

Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national
du 8 au 12 avril 2025

Théâtre Silvia Monfort, Paris
du 20 au 24 mai

Théâtre de Grasse, Scène conventionnée pour la danse et le cirque
en juin 2025

Théâtre du Champ au Roy, Guingamp
à l’automne 2025

3 juillet 2024/par Fanny Imbert
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