Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Cliquez pour ouvrir le champ de recherche Cliquez pour ouvrir le champ de recherche Rechercher
  • Menu Menu

Sur le coeur, avec humour et en musique pour dépasser MeToo

A voir, Asnières, Les critiques, Nice, Nîmes, Paris, Théâtre

Nathalie Fillion manie avec brio musicalité et poésie dans une fantasmagorie post-MeToo en milieu hospitalier. Une plongée dans un futur aussi inquiétant que désopilant. 

Ce sont les lits éclairés par des néons blafards de la Pitié Salpetrière qui nous accueillent. Nous sommes en 2027, dans la nouvelle unité de soin et de recherche post-MeToo dirigé par la professeure Rose Spillerman, une docteure ambitieuse et poétesse, flanquée de son éternel assistant. Depuis que les femmes parlent et qu’on les écoute, de nouvelles pathologies apparaissent, touchant les femmes comme les hommes : peurs, anxiétés, nouveaux TOC. Prendre conscience de l’absence abyssale des femmes dans l’histoire du monde, ça ne se fait pas sans douleur.

Marguerite s’y présente avec sa soeur Iris : celle-ci ne parle plus. Plus du tout. Elle ne semble pas particulièrement souffrir, mais ne communique qu’à travers des gestes brusques et dessine d’étranges mains, primitives et énigmatiques. Son cas va interroger la communauté scientifique qui va se pencher sur ce nouveau syndrome.

Sont accueillies dans ce service toutes celles pour qui l’écoute nouvelle apportée à leur parole, après des décennies de silence, provoque chocs émotionnels comme existentiels. À l’étage d’au-dessus, les hommes ne sont pas en reste : “je ne t’ai pas touché, je ne t’ai pas touché !” répètent en boucle certains, quand d’autres peuvent rester pendant des heures bloqués devant une porte, ne sachant plus s’il faut la tenir à une inconnue qui se présente ou non. 
Comment représenter dans les chairs les conséquences inconscientes de siècles d’oppressions ? Ici, bien tangibles et jargon scientifique fantasque à l’appui, ce sera sous forme de symptômes pathologiques.

Le langage est, bien sûr, au centre de la création, car c’est bien la parole qui a bousculé ici l’ordre du monde, une parole à la fois individuelle et collective, singulière et multiple. Ici, la parole n’a rien d’apaisant, puisqu’elle révèle en creux tous les silences qui l’ont précédé. Une parole puissante puisqu’elle ébranle les fondations des psychés comme des rapports sociaux. Iris peut prononcer des sons, mais s’arrête lorsque ceux-ci forment du sens. Dans son silence, chacun et chacune y projette ses fantasmes et ses inquiétudes. Le chant intervient alors pour évoquer l’indicible, la danse pour absoudre le sens, entre Passacaglia della vita a capella ou chorégraphies chantées façon comédie musicale : le chant ici provoque le sourire, complète la parole, opère un délicat décalage entre l’univers aseptisé de l’hôpital et la quête, viscérale, d’une joie collective. Il semble présenté comme une alternative pour tenter de dépasser la guerre des mots ou bien de construire sur ses ruines un rapport nouveau aux autres.

La question de la mémoire aussi, est centrale. “Je me souviens de tout, même de ce que je n’ai pas vécu” répète comme un mantra Marguerite qui, littéralement, porte sans relâche un étendard guerrier qui l’accompagne, hantée par la figure d’une certaine Jeanne et endosse a elle seule la douleur universelle de la cheffe de bataille.

Au rythme des expérimentations scientifiques, les cloisons vont peu à peu s’éroder : les paravents de plexiglas de l’hôpital vont se mouvoir et permettre la rencontre entre patients et soignants, les fortifications de Marguerite vont se fissurer et laisser place à la poursuite d’une nouvelle vulnérabilité. Quant à Iris, la quête dans les replis de sa mémoire à la recherche d’une l’âme créative enfouie va mener l’équipe médicale au tréfonds de l’histoire humaine. Le quatrième mur lui-même sera aboli, dans un savoureux face-à-face entre Damien Sobieraff, en charge d’endosser l’ensemble des masculinités au plateau et son autrice, cachée dans un coin de la salle.

Dans ce huis clos hospitalier, la parabole sera délicate et sensible. Loin d’être clinique, sans être grinçante, grâce à une musicalité travaillée par touches discrètes et ciselées, une écriture puissante emplie d’humour, ainsi qu’un rythme chorégraphique appuyé, Nathalie Fillion, en collaboration étroite avec Jean-Marc Hoolbecq, parvient à nous faire rire du désastre et invite à la joie, malgré tout.

Fanny Imbert – www.sceneweb.fr

Sur le coeur 

Mise en scène Nathalie Fillion
Avec Marieva Jaime-Cortez, Rafaela Jirkovsky, Manon Kneusé et Damien Sobieraff
Guitare Hervé Legeay
Harpe Laurence Bancaud
Assistante à la mise en scène Mélissa Irma
Chorégraphie Jean-Marc Hoolbecq
Scénographie et costumes Charlotte Villermet
Création sonore, régie son et vidéo Estelle Lembert
Création lumière Denis Desanglois
Création vidéo Dimitri Klockenbring
Remerciements à Romain Tiriakian

Durée : 1h25

Vu au Studio ESCA, Asnières-sur-Seine en 2024

Le Carré Scène Nationale de Château Gontier
10 octobre 2025

Théâtre Odéon de Nîmes
12 octobre 2025

L’Atrium de Dax
14 octobre 2025

ATP de l’Aude – Théâtre Na Loba de Carcassonne
16 octobre 2025

Théâtre National de Nice
du 5 au 7 novembre 2025

Théâtre Paris-Villette – Au Théâtre du grand Parquet
24 et 25 novembre 2025

L’Institut Mutualiste Montsouris à Paris
19 décembre 2025

Scène Nationale de Toulon / Châteauvallon
du 18 au 20 mars 2026

26 mars 2024/par Fanny Imbert
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Surprise Parti de Faustine Noguès
Une Trilogie new-yorkaise d'après Paul Auster mise en scène d'Igor Mendjisky « Une Trilogie new-yorkaise » : Auster, big pomme et les pépins
Nomination au CDN de Montpellier : ça coince pour la succession de Rodrigo Garcia
Aksel Carrez met en scène Les Enfants du Soleil de Maxime Gorki
À la Mousson d’été 2023, le cœur du théâtre bat à la marge
Qui pour succéder à Rodrigo Garcia à la tête du CDN de Montpellier ?
Tragédie enlevée pour troupe admirable
Paul Balagué et la Compagnie En Eaux Troubles créent Le Seigneur des porcheries d'après Tristan Egolf Au cœur des ordures du « Seigneur des porcheries »
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

Search Search
© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut Faire défiler vers le haut Faire défiler vers le haut