Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Ce qu’il faut dire, les mots rythmés et bien pensés de Léonora Miano

Coup de coeur, Les critiques, Strasbourg, Théâtre
Jean-Louis Fernandez

photo Jean-Louis Fernandez

Créé à Strasbourg, Ce qu’il faut dire monté par Stanislas Nordey porte à la scène une parole et une pensée à la fois poétiques et politiques qui font assurément s’accorder le théâtre et la société trop souvent déconnectés.

Si, trop souvent, le théâtre fait douter de sa capacité à être connecté avec le monde, la pièce Ce qu’il faut dire que met en scène Stanislas Nordey à partir de trois textes de l’écrivaine franco-camerounaise Léonora Miano pose clairement et intelligiblement les questions qui secouent notre époque sans pour autant se réduire à un simple commentaire de l’actualité. Elle questionne le monde d’hier, d’aujourd’hui, de demain, avec une verve poétique et revendicatrice qui n’est pas sans humour ni sans vitalité. Elle interroge aussi bien les mots que les faits. Que signifie être désigné noir ou blanc ? Que signifie la race ? Que signifie l’Afrique ? Que signifie être soi, être à soi ? Qu’est-ce qui a autrefois rendu et rend encore possible l’appropriation des espaces et la brutalisation des individus ? Au nom de quel mépris, de quel rapport de force, des êtres et des existences ont été et sont bafoués ? C’est tout cela qui se laisse disserter moins d’une manière cérébrale que pleinement vivante, sur un ton ni poli ni policé, mais avec la puissance d’une langue, d’une culture et d’une pensée qui forcent le respect.

Stanislas Nordey qui porte dans l’ADN de son geste théâtral une réelle capacité à projeter, propulser les mots, de manière incisive et percutante, pioche dans un vaste ensemble de textes écrits par Léonora Miano pour en extraire trois fragments intitulés La question blanche, Le fond des choses et La fin des fins. Dans sa mise en scène où règnent l’épure et la couleur, les mots occupent la toute première place et frappent fort. Sous l’influence du Black Arts Movment, ces mots ont été écrits pour la parole et donnés sur scène par leur autrice elle-même sous la forme de récitals. L’oralité et l’énergie verbale s’imposent alors dans sa langue très littéraire et musicale.

Cette fois, ce sont trois comédiennes Afropéennes, Océane Caïraty, Ysanis Padonou et Mélody Pini, qui les portent à la scène. Récemment formées à l’école du TNS et réunies sur scène, elles incarnent magnifiquement la jeunesse d’aujourd’hui, sa diversité, sa radicalité. Engagées aussi bien intellectuellement qu’émotionnellement, elles font se libérer et respirer la parole en interprétant tour à tour trois chants rythmés de manière vivifiante par la percussionniste Lucie Delmas qui les accompagne.

La première prise de parole se fait entendre sans heurt ni tapage mais sur un ton d’une confondante suavité. Une jeune femme noire s’adresse à un destinataire blanc. Le dialogue est en fait un soliloque qui souligne l’impossibilité de l’échange et s’opère de manière indirecte par le truchement d’une caméra sur pied et d’un écran. En faisant rimer « noire » avec « mémoire », « couleur » avec « valeur », la comédienne défend l’idée selon laquelle on ne peut réduire, assujettir, ce qu’est une personne à ce qu’elle représente.

La partie centrale se veut la plus frontale et pêchue. Une deuxième actrice, toute vêtue d’une tenue rouge incendiaire, malaxe des pans de l’histoire et remet les choses en place avec malice et détermination. Au cœur du propos, la vieille Europe envahisseuse et conquérante en prend pour son grade une fois mise face à ses prétentions et ses responsabilités. L’autrice pointe avec justesse la méconnaissance et l’incompréhension qui enveloppent des sujets aussi controversés que la racialisation, la colonisation et l’immigration.

Le troisième et dernier round se présente comme la réponse d’une sœur cadette à son grand frère, Maka, joué par Gaël Baron. Elle propose une tentative d’accalmie pour apaiser les tensions et se défaire de toute forme de domination, d’assignation, dans un discours qui illustre bien la grandeur des individus offensés.

Le temps de la vengeance est terminé. Il se profile à l’horizon une nouvelle ère. C’est ce que dit Ce qu’il faut dire en chantant non pas le repli sur soi mais la quête de soi qui passe par l’ouverture à l’autre. Le désir de fraternité répond sans naïveté à un besoin de repenser l’altérité. La nécessité de faire entendre cela s’est évidemment confirmée le soir de la première du spectacle qui a été ovationné.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Ce qu’il faut dire
Texte Léonora Miano
Mise en scène Stanislas Nordey
Avec Gaël Baron, Océane Caïraty, Ysanis Padonou, Mélody Pini
Collaboratrice artistique Claire ingrid Cottanceau
Scénographie Emmanuel Clolus
Costumes Raoul Fernandez
Musique Olivier Mellano
Lumière Stéphanie Daniel

Vidéo Jérémie Bernaert
Percussionniste Lucie Delmas

Le décor est réalisé par les ateliers du Grand T, théâtre de Loire-Atlantique et par les ateliers du TNS
Les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS
Ce qu’il faut dire de Léonora Miano est publié et représenté par L’Arche – Éditeur & agence théâtrale. www.arche-editeur.com

Production Théâtre National de Strasbourg

Remerciements aux Percussions de Strasbourg

Durée : 1h30

Théâtre National de Strasbourg
6 nov au 20 nov 2021

10 novembre 2021/par Christophe Candoni
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Qui pour diriger La Criée de Marseille en 2022 ?
Pascal Rambert au Festival d’Avignon en 2019
Tailleur pour dames de Georges Feydeau par Cédric Gourmelon
Ecole du TNS L’Ecole du TNS au temps du Covid-19
Stanislas Nordey : « Le Théâtre National de Strasbourg est sur le terrain du contemporain »
La saison 2017/2018 du Théâtre National de Strasbourg
Architecture sera le nom de la création de Pascal Rambert en 2019 au Festival d’Avignon
Stéphane PittiLa réouverture du Théâtre 14 : la jeunesse à l’oeuvre !
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut