J’observe: le réchauffement climatique et la crise, partout autour de nous. Et leurs effets sur la société contemporaine occidentale. Les services publics disparaissent, les budgets diminuent, le pouvoir d’achat et le moral sont en berne, la culpabilité pèse même sur les jours ensoleillés. Nous savons que nous sommes les musiciens du Titanic: nous avons les eaux glacées déjà jusqu’aux genoux et pourtant, nous continuons à jouer, parce que nous ne savons ni ne pouvons rien faire d’autre.
J’ai l’impression que les gens ne veulent plus voir des pièces qui les font réfléchir, qui leur font voir que le monde est complexe. Parce que c’est trop dur. Ce qui marche, ce sont les pièces spectaculaires, légères, virtuoses. Eblouissement. Absence de souffrance pendant la durée de la pièce. Moi, je ne veux plus voir des pièces qui font mal. J’ai envie de virtuosité, de beauté, de technique. Mes coups de coeur de spectacles vus récemment vont dans ce sens. Après le krach boursier de 1928, la comédie musicale anglo-saxonne a connu un énorme essor. Pour les mêmes raisons.
« Le kitsch, par essence, est la négation absolue de la merde », selon Milan Kundera. Et pourtant…
J’ai joué dans des revues, étant adolescent, j’ai aimé et j’aime encore les comédies musicales, tant sur scène que filmées. J’aime ce que ça produit: un enchantement douçâtre, un endormissement nauséeux. Et j’ai envie. Envie d’en produire une. Avec un double pari:
La merde n’existe pas. Une comédie musicale, spectaculaire, absolument éblouissante, technique, avec une histoire, une fin heureuse, des corps sublimes, de la technique virtuose, des lumières aveuglantes. Parce que c’est beau. Parce que ça fait du bien. Parce que c’est nécessaire de lâcher prise, momentanément, en tant que citoyen du monde. Mais simultanément, de dire que l’abrutissement est néfaste. Qu’il ne faut pas lâcher. Qu’il est nécessaire de réfléchir. De se positionner dans le monde. Que la culture qui éclaire n’est pas celle qui aveugle. Et donc d’éclairer l’aveuglement de la comédie du monde. Et travailler l’angoisse existentielle que la comédie musicale est censée apaiser. Cette angoisse devrait suinter de partout. La merde existe.
Un cauchemar absolu qui rend heureux. Yan Duyvendak
Le spectacle se construit avec trois artistes en lien étroit avec Yan Duyvendak. Il y a d’abord le poète-philosophe Christophe Fiat, qui écrit simple et pourtant ne simplifie jamais rien. Il a produit en français une série de textes et de chansons sur nos bateaux qui coulent : moeurs, politique, écologie, santé publique, économie, technologie. Ce corpus a été traduit en anglais dans une forme qui arrondit tout, qui swingue gentiment et endort. A la chorégraphie, il y a Olivier Dubois qui travaille notamment sur la répétition du mouvement comme forme hallucinatoire. Pour Sound of Music, il a produit un kit chorégraphique de base qu’utilise une volée de danseurs. A la composition enfin, il y a Andrea Cera, grand manipulateur des codes musicaux qui s’inspire de comédies musicales connues, puisant par exemple dans Hair, West Side Story, Gold Diggers of 1933. Sound of Music trouve toute sa force dans cet alliage inédit : des mélodies légères qui portent le poids du monde.
Yan Duyvendak
Sound of Music
et Andrea Cera, Olivier Dubois, Christophe Fiat, Michael Helland
Conception et direction artistique :
Yan Duyvendak
Assistant à la création :
Nicolas Cilins
Livret : Christophe Fiat
Traduction et adaptation anglaise :
Martin Striegel
Chorégraphies de All Right Good Night, Floating, Chinese, Rain Dance :
Olivier Dubois
Assistanat à la chorégraphie, répétition :
Cyril Journet
Autres chorégraphies :
Michael Helland
Musique :
Andrea Cera
Répétition chant :
Sylvie Zahnd
Scénographie :
Sylvie Kleiber
Lumières :
Vincent Millet
Costumes :
Nicolas Fleury
Programmation :
Thomas Köppel
Construction décors :
Atelier Théâtre de Vidy
Régie Générale :
Théâtre de Vidy
Avec :
Des danseurs/euses – chanteurs/euses
de comédie musicale anglo-saxonne
ainsi que des danseurs/euses invités
Production et diffusion :
Nataly Sugnaux Hernandez
Caroline Barneaud
Production :
Samuel Antoine
Sylvain Didry
Communication :
Ana-Belen Torreblanca
Administration :
Marine Magnin
Assistant de production :
Tristan Pannatier
Production déléguée et diffusion :
Théâtre de Vidy, Lausanne – Dreams Come True, Genève
Coproduction :
La Bâtie-Festival de Genève, Théâtre Forum Meyrin, Théâtre Nanterre-Amandiers, centre dramatique national, Festival actoral – Marseille, Pour-cent culturel Migros
Avec le soutien de :
Spectacle lauréat du concours Label + théâtre romand 2014 – Spectacle lauréat du Prix FEDORA Van Cleef & Arpels pour le Ballet 2014 – Fondation Meyrinoise du Casino –
Fondation Ernst Göhner – Stanley Thomas Johnson Foundation – Ville de Genève – République et Canton de Genève – Pro Helvetia – Fondation suisse pour la cultureCréation le 29 août 2015 au Théâtre Forum Meyrin en partenariat avec la Bâtie-Festival de Genève
24 & 25.9.15 : Festival Actoral, Marseille /
du 2 au 9.10.15 : Théâtre des Amandiers, Nanterre /
14 & 15.10.15 : Le Carré Les Colonnes, St-Médard-en-Jalles /
du 27 au 31.10.15 : Théâtre Vidy, Lausanne /
du 30.12.15 au 3.01.16 : Arena del Sole, Bologne /
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