Formé à l’École du Théâtre National de Chaillot, puis à l’École du Théâtre National de Strasbourg, Sharif Andoura rejoint la troupe de comédiens permanents du TNS, dirigé par Stéphane Braunschweig. Il est ensuite dirigé par Yann-Joël Collin, Gérard Watkins, Jacques Vincey, Sylvain Maurice…Cette semaine il sera sur la scène de la MC93 à Bobigny pour la création de Avant la terreur de Vincent Macaigne.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Je me demande en lisant la question si quelqu’un peut répondre non jamais à la question. Je me demande quelle serait la journée de première cette personne… J’ai plus le trac aujourd’hui qu’il y a dix ans paradoxalement. Même indépendamment des soirs de première; la conscience de l’enjeu peut-être. Mais j’ai un trac anticipé. Toujours vers 16h-17h, en arrivant au théâtre. Le contact des autres me permet de le transformer en excitation comme avant une fête qu’on a organisé une heure avant l’arrivée des invités.
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
La tradition des cadeaux de première et ma (mauvaise) habitude de m’y atteler à la dernière minute me permet de m’occuper et de me distraire tout au long de cette journée. Je me demande même s’ils n’ont pas été créés pour cela…
Les journées avant une représentation en général sont des journées qui tendent vers ce moment. Il m’est difficile de m’éloigner trop de la pièce… je peux aller marcher (ou courir …) mais j’ai une capacité de concentration limitée sur d’autres tâches ou d’autres fictions.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
C’est assez étonnant cela change selon les pièces. Pour certaines j’ai besoin d’être au théâtre en avance, de mettre mon costume longtemps avant le début pour infuser comme un sachet de thé et pour d’autres je préfère arriver le plus tard possible et de m’y lancer presque par surprise. Je pense que nous avons tous des rituels plutôt que des superstitions mais notre façon de ne jamais y déroger les transforment immanquablement en superstitions… par contre j’ai grandi dans une famille très (très) superstitieuse et certaines sont encore bien ancrées…
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
Paradoxalement face à une professeure de théâtre à quinze ans qui regardait à peine les scènes qu’on lui présentait en fumant des cigarettes et en feuilletant un magazine… je travaillais Néron dans Britannicus et je découvrais la puissance de Racine. Jusque là j’avais vu des pièces de boulevard montées par des amateurs dans un village près du mien en Belgique. Je trouvais le théâtre amusant mais avec Racine je découvrais un nouveau territoire.
Premier bide ?
J’ai un peu honte de raconter cette anecdote. Nous étions assez doué en imitation avec un ami au lycée et nous étions alors en première. On nous avait proposé de faire un intermède d’imitations de professeurs lors du concours de play-back du lycée. Mais nous n’avions rien écrit et rien préparé pensant que nous pourrions improviser ce moment.
La salle de 600 personnes était pleine et une heure avant nous avions un trac énorme
On se dit qu’on devrait boire un verre avant d’y aller, nous achetons une bouteille (de martini blanc) et après avoir ( trop ) bu nous nous sommes lancés sur scène dans l’improvisation la plus nulle de ma vie. Mon ami hurlait la même phrase dans son micro et j’avais un fou rire. Les autres élèves qui étaient au balcon riaient eux aussi de cette situation improbable mais tous les parents au rez-de-chaussée restaient dans un silence de marbre. Le professeur responsable a essayé de nous rappeler en coulisses. Sans succès.
Première ovation ?
La même anecdote que le premier bide. La moitié de la salle au balcon quand on nous a coupé les micros.
Premier fou rire ?
Cela fait trois minutes que je regarde la question. Sans succès. Je parviens souvent à les contenir. Sauf si je suis de dos dans le fond du plateau…
Premières larmes en tant que spectateur ?
1 place Garibaldi du théâtre du campagnol. Après ces cours avec cette professeure j’avais pris mon premier abonnement au Théâtre de Liège et j’ai pu voir cette pièce qui m’avait bouleversé. J’ai joué 18 ans plus tard dans Peer Gynt avec Arnault Lecarpentier mais je ne me suis rendu compte qu’au bout de trois mois que la personne avec qui je jouais était celle qui était sur l’affiche dans ma chambre quand j’avais 15 ans… Deuxième émotion…
Première mise à nue ?
Au sens propre ? Violences de Gabily avec Yann-Joël Collin en spectacle de sortie du TNS. J’avais accepté parce que cela me paraissait juste et cohérent par rapport à l’écriture et au projet.
Même si un soir à Gennevilliers un spectateur venu avec sa classe a crié « hé range ça cousin… »
Première fois sur scène avec une idole ?
Pierre Richard dans La Maison d’os mis en scène par Anne Laure Liégeois en 2013. Pierre a toujours la même voix. C’est vraiment incroyable. Je me souviendrai toute ma vie de la première répétition où je fermais de temps en temps les yeux et j’entendais exactement la voix qui avait accompagné toute mon enfance. On a regardé tous ses films avec ma grand-mère. Elle riait aux éclats. C’est vraiment un grand acteur et une très belle personne.
Première interview ?
À la RTBF, la Radio publique belge lors d’une pièce que nous montions à 20 ans avec une amie quand nous étions tous les deux à la faculté de droit de Liège. Nous fréquentions peu les cours, on répétait beaucoup pendant l’année pour monter une pièce. On pouvait jouer dans une petite salle qu’on louait une centaine d’euros par soir. Nous avions eu la possibilité d’être interviewé à la radio avant la première de cette pièce, c’était incroyable pour nous.
Nous étions extrêmement concentré et très sérieux, trop probablement…!
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