François Chaignaud, l’autre Orlando

© Christophe Raynaud de Lage Hans Lucas

Romances Inciertos, un autre Orlando est d’ores et déjà un des plus beaux spectacles du Festival d’Avignon. Et une consécration pour François Chaignaud danseur en état de grâce.

Il fend l’air du soir, dans une cuirasse de pacotille, bondissant entre les platanes : c’est François Chaignaud, entouré de musiciens, et une heure durant il va habiter des personnages d’un autre temps, femme-enfant dans un corps de soldat ou gitane éplorée. Sans jamais grossir le trait ou sombrer dans la caricature.

© Christophe Raynaud de Lage Hans Lucas

Romances Inciertos, un autre Orlando imaginé par la paire François Chaignaud et le musicologue Nino Laisné est un délicat ouvrage entre livre d’images et concert précieux. Par les mélodies, cet opus a des allures de voyage dans le temps quelque part à mi-chemin du moyen-âge espagnol et de l’au-delà. Chaignaud incarne sous nos yeux des figures troublantes comme cette Doncella Guerrera ou cet archange monté sur échasses. D’une posture acrobatique –le danseur porte également des pointes ! -, Chaignaud se sort avec virtuosité évacuant la seule prouesse pour mettre en avant ce basculement de la fiction au réel. Transe qui soulève les jupes, regard qui transperce le cloître la palette d’expressions de l’interprète est large. Il y ajoute la voix, chantant sur différents registres du grave à l’aigu. François Chaignaud n’a jamais peut-être aussi bien chanté.

Romances Inciertos, un autre Orlando est l’écrin d’une performance douce et cruelle à la fois. Non dénuée d’humour non plus tel ce passage où le soliste ose regarder ce qu’il y a dans son pantalon. Des fleurs peut-être…. Le final, en Tarara cette gitane quasi mystique, amoureuse bafouée est un sommet d’émotions. François Chaignaud boucle brune sur le front et talons hauts descend alors les rangs. Et ose un dernier adieu en chanson. A ses côtés il faut saluer Jean-Baptiste Henry, Pere Olivé, Daniel Zapico et la doublette François Joubert-Caillet et Robin Pharo (ces derniers en alternance) instrumentistes comme possédés par la beauté de ces Romances. Français Chaignaud, Orlando de ce songe d’une nuit d’été, a vaincu les éléments. En beauté.

Philippe Noisette – www.sceneweb.fr

Romances inciertos
Conception, mise en scène et direction musicale : Nino Laisné
Conception et chorégraphie : François Chaignaud
Interprétation
Chant et danse : François Chaignaud
Théorbe et guitare baroque : Daniel Zapico / Pablo Zapico
Bandonéon : Jean-Baptiste Henry
Violes de gambe : François Joubert-Caillet / Thomas Baeté
Percussions historiques et traditionnelles : Pere Olivé
Création lumière et régie générale : Anthony Merlaud
Régisseur son : Charles-Alexandre Englebert
Création costumes : Kevin Auger, Séverine Besson, María Ángel Buesa Pueyo, Caroline Dumoutier, Carmen Granell, Manuel Guzmán, Tania Morillo Fernández, Helena Petit
Administration — Production : Barbara Coffy, Jeanne Lefèvre, Céline Peychet
Diffusion : Sarah De Ganck – Art Happens

Production déléguée : Vlovajob Pru & Chambre 415
Vlovajob Pru est subventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Auvergne-Rhône-Alpes) et le Conseil Régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Vlovajob Pru reçoit l’aide de l’Institut français pour ses projets à l’étranger.
François Chaignaud est artiste associé à Bonlieu Scène nationale Annecy.
Nino Laisné est membre de l’Académie de France à Madrid – Casa de Velázquez.

Coproduction
Bonlieu Scène nationale Annecy et La Bâtie-Festival de Genève dans le cadre du programme INTERREG France-Suisse 2014-2020, Théâtre National de Chaillot – Paris, deSingel – Anvers, la Maison de la musique de Nanterre, L’Arsenal – Metz

Soutiens
Ce projet a reçu le soutien de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, la Spedidam, PACT Zollverein Essen, Tandem Scène nationale Arras-Douai, Ayuntamiento de Anguiano – La Rioja, les Pépinières Européennes pour Jeunes Artistes et l’Ayuntamiento de Huesca dans le cadre de la résidence Park in Progress 12, et a bénéficié d’un accueil studio aux Teatros del canal – Madrid, au Centre National de la Danse – Pantin, la Ménagerie de verre – Paris (Studiolab) et El Garaje – Cadíz.
Durée : 1h10

Festival d’Avignon 2018
Cloître des Célestins
Du 7 au 14 juillet sauf le 10 à 22h)
Puis en tournée : Vienne, Bâle, Charleroi, Porto, Montpellier
Et en décembre 1 Quartz Brest, 6 et 7 Bonlieu Annecy, 12 au 15 Vidy Lausanne, 18 au 21 Chaillot Paris