« In absentia », procession mystique
François Chaignaud et Geoffroy Jourdain poursuivent le travail entamé dans t u m u l u s pour créer leur nouvelle pièce, où une communauté de chanteurs-danseurs figurent l’invisible à coup de décalages et d’harmonies émouvantes.
Au réfectoire des moines de l’Abbaye de Royaumont, les carrelages aux motifs de lions médiévaux et les vitraux constituent un écrin idéal pour accueillir la joyeuse troupe de François Chaignaud. Chorégraphe, danseur, mais aussi historien et chanteur, il s’est dévoilé au fil des ans, féru de la période médiévale et de la Renaissance. En témoignent Soufflette (2018), qui invoquait les chants du Moyen-Âge, ou Symphonia Harmoniæ Cælestium Revelationum (2019), qui parlait de l’intellectuelle et musicienne abbesse Hildegarde de Bingen. En 2021, il crée main dans la main avec Geoffroy Jourdain, directeur des Cris de Paris, t u m u l u s, où une communauté de chanteurs-danseurs évoluent sur une énorme structure évoquant les tombes-collines du Néolithique. Rebelote dans In absentia, le tumulus en moins.
On prend les mêmes et on recommence ? Si In absentia réunit les treize mêmes interprètes, les mêmes costumes – au début tout du moins –, sortes de sacs de couchage devenus robes ou collerettes, et des chants polyphoniques agrémentés de frottements et de tapotements, la place du public, elle, métamorphose la pièce. La troupe est répartie autour des spectatrices et des spectateurs assis en cercle, comme dans une petite arène. Elle inspire bruyamment, chuchote, puis entonne des harmonies, tourne sur elle-même, puis marche autour d’eux, rappelant une procession.
Serait-ce une constellation de planètes ? Au centre de cette galaxie, il y a le public, ému, parfois jusqu’aux larmes, par les harmonies vocales. Pas distants pour un sou, les performeurs et performeuses passent aussi dans les rangées, nous frôlent. Ils tapotent leurs corps en rythme, ils se collent les uns aux autres. La danse, touchante tant elle est proche, réside dans cet ensemble corps-voix, qui esquisse des courbes, des impulsions, des chocs, tant sonores que physiques, car les frottements de pieds et les bruits de bouche participent autant à l’ambiance sonore que le chant.
Alors qu’ils avancent autour de nous, ils dessinent des formes géométriques dans l’espace, à l’aide d’un index collé au pouce, avec élégance. Une manière de spatialiser leur musique ? Ou de figurer l’invisible ? Devenus fées malicieuses, les interprètes défilent, ornés de chapeaux extravagants aux airs bricolés. Farceuses, ces créatures se jouent des décalages entre facétie des danses et costumes et gravité de leur chant pour les absents, évoquant les danses macabres médiévales. Cette communauté à laquelle on a appartenu un bref instant disparaît, en trajectoires désordonnées, laissant planer derrière elle une trace mystique.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
In absentia
Imaginée à partir de t u m u l u s, créé le 2 mai 2022 à Bonlieu Scène nationale Annecy
Conception François Chaignaud, Geoffroy Jourdain
Chorégraphie François Chaignaud
Direction musicale Geoffroy Jourdain
Avec Simon Bailly, Mario Barrantes-Espinoza, Florence Gengoul, Myriam Jarmache, Evann Loget-Raymond, Marie Picaut, Alan Picol, Antoine Roux-Briffaud, Vivien Simon, Maryfé Singy, Ryan Veillet, Aure Wachter, Daniel Wendler
Costumes Romain Brau
Lumières Anthony Merlaud
Régie générale et lumière Anthony Merlaud ou Marinette Buchy
Régie son Aude Besnard, Camille Frachet, Alban Moraud, Jean-Louis Waflart
Régie costumes Alejandra Garcia ou Cara Ben AssayagProduction et coproduction de t u m u l u s
Production déléguée Mandorle productions en association avec Les Cris de Paris
Coproduction et soutiens Bonlieu Scène nationale Annecy ; La Villette « Initiatives d’artistes » ; Wiener Festwochen – Freie Republik Wien ; Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) ; Théâtre Vidy-Lausanne ; Chaillot – Théâtre national de la Danse ; Points communs, Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise ; Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Scène nationale ; Tandem Scène nationale ; Berliner Festspiele ; Théâtre Auditorium de Poitiers, Scène nationale ; Malrau scène nationale Chambéry Savoie ; Opéra de Dijon ; Maison de la danse de Lyon – Pôle Européen de Création ; Théâtre d’Orléans / Scène nationale ; Maison de la Culture de Bourges ; Le Manège, scène nationale-Reims ; Cité musicale – Metz ; Ménagerie de verre ; Théâtre Molière Sète, Scène nationale archipel de Thau ; Théâtre de Cornouaille ; CCN Ballet national de Marseille ; Scène nationale du Sud-Aquitain ; Festival d’Avignon ; Festival d’Automne à Parist u m u l u s a bénéficié d’une aide exceptionnelle à la production de la DGCA. Ce spectacle est soutenu par PEPS Plateforme Européenne de production scénique Annecy-Chambéry-Genève-Lausanne dans le cadre du programme Européen de coopération transfrontalière Interreg France-Suisse 2014-2020
Soutiens Jeune Théâtre National ; MC93 – Maison de la culture de Seine-Saint-Denis ; L’échangeur – CDCN Hauts-de-France ; Royaumont, abbaye et fondation, Asnières-sur-Oise ; CND Centre national de la danse – accueil en résidence ; Le Regard du Cygne ; Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris ; soutien en résidence de création de La vie brève – Théâtre de l’Aquarium
Construction du décor Ateliers de la Maison de la Culture de Bourges
Fusalp accompagne la réalisation des costumesMandorle productions est subventionnée par la Drac Auvergne-Rhône-Alpes – ministère de la Culture et la Région Auvergne-Rhône-Alpes.
François Chaignaud est artiste associé à Chaillot – Théâtre national de la Danse ainsi qu’à la Maison de la danse de Lyon – Pôle Européen de Création et à la Biennale de la danse de Lyon.
Les Cris de Paris sont subventionnés par la Drac Île-de-France – ministère de la Culture, la région Île-de-France et la ville de Paris. Ils sont artistes associés au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, et en résidence à Points communs, Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise.Durée : 40 minutes
Royaumont, abbaye et fondation, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris
le 8 septembre 2024Chaillot – Théâtre national de la danse, Paris
du 21 au 23 novembre
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